Crise Alors que la scène politique française est secouée par un scandale, le président français Jacques Chirac craint d?être éclaboussé à son tour. Il a apporté, hier, lundi, un soutien sans faille à l'ancien Premier ministre, Alain Juppé, après sa condamnation pour financement illicite de parti politique qui a provoqué une tempête politicojudiciaire suivie d'une mise en cause des juges. Avant d'être condamné vendredi à 18 mois de prison avec sursis et 10 ans d'inéligibilité pour financement illicite du RPR, l'ancien parti de Jacques Chirac, Alain Juppé avait dit qu'il quitterait la politique en cas de condamnation «infamante». Le président Jacques Chirac, 71 ans, a mis tout son poids dans la balance pour retenir Alain Juppé, 58 ans, qui a fait appel, en l'assurant, hier matin, de son soutien et de son estime, dans une première réaction à cette affaire. «C'est un homme politique d'une qualité exceptionnelle, de compétence, d'humanisme, d'honnêteté et la France a besoin d'hommes de sa qualité», a déclaré M. Chirac, soulignant qu'il avait pour M. Juppé «amitié, estime et respect». «Il doit prendre une décision. Je la respecte, quelle que soit sa décision, je sais qu'il la prendra en conscience», a-t-il ajouté. M. Juppé n'est pas seulement le président de son nouveau parti l'UMP, il est aussi son héritier désigné, son possible successeur à la présidence de la République en 2007 et le seul pouvant faire barrage au très ambitieux ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, candidat déjà déclaré. «J?ai bien réfléchi. Je suis respectueux de la justice. Je dirai demain à toutes les Françaises et aux Français ce que j'ai décidé», a annoncé, de son côté, Alain Juppé à Bordeaux (Sud-Ouest), ville dont il est député-maire. Mais pour la presse d?hier lundi, «Chirac ne défend pas seulement un ami, mais un bouclier» face à la justice. Alain Juppé a été condamné pour des emplois fictifs de la mairie de Paris dont Jacques Chirac était alors maire et lui-même son adjoint aux finances (1988-1995). Avant le président, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui s'était promis de ne pas commenter le verdict, avait solennellement exprimé samedi sa «surprise» devant un jugement qu'il a qualifié de «provisoire» dans l'attente de l'instance d'appel d'ici à quelques mois. «Heureusement en appel d'autres juges porteront sur les faits un regard différent», a surenchéri Patrick Stefanini, un proche d'Alain Juppé, qui a, en outre, critiqué le caractère «scandaleux» des motivations du jugement, jetant le discrédit sur les juges. Le climat s'est encore alourdi après les révélations de Catherine Pierce, la présidente du tribunal ayant condamné l'homme politique, sur des pressions et menaces subies par elle-même et ses deux adjoints durant le procès.