Avec l'inauguration officielle de l'usine de Sovac Production pour le montage de véhicules des marques du groupe allemand Volkswagen et surtout l'engagement souligné du constructeur, le secteur de l'automobile en Algérie semble connaître une redynamisation après le lancement de Renault en 2014. Et si le ministre de l'Industrie, premier responsable du secteur, a brillé par son absence durant les festivités d'ouverture de l'usine de Sidi-Khettab près de Relizane, le gouvernement a néanmoins et clairement apporté sa caution à travers son représentant, le ministre du Commerce. Ce dernier avait, rappelons-le, exprimé la satisfaction de l'exécutif de «voir le groupe Volkswagen engagé dans cette unité», tout en souhaitant que le leader mondial puisse «accompagner l'Algérie dans sa stratégie de développement d'une filière mécanique nationale». Et pour réaffirmer cette volonté, le ministère de l'Industrie vient d'annoncer que le cahier des charges en cours de révision a été finalisé dans sa première phase. Signe des temps et avant même l'achèvement de la révision de ce document-cadre, le département de Mahdjoub Bedda a préféré rendre publics les résultats partiels des travaux du comité en charge de cette mission. Des véhicules non-compétitifs à l'export Il en ressort ainsi que «les principales conclusions portent sur l'exigence, à moyen terme, d'exporter une partie de la production et d'exiger une participation minimale du partenaire étranger dans le capital des sociétés algériennes créées». De même que ce texte prévoit d'exiger également des constructeurs de «mobiliser leurs sous-traitants et équipementiers afin d'aider les entreprises nationales à augmenter le taux d'intégration». On retient donc de ces premières modifications du cahier des charges, et qui semblent naturellement s'adresser aux unités déjà en activité, que le ministère de l'Industrie semble opter pour une solution pragmatique en lieu et place de la décision radicale, annoncée et réitérée à plusieurs reprises, de mettre fin aux «importations déguisées». En effet, «exiger à moyen terme» l'exportation d'une partie de la production signifie, en clair, que les unités existantes continueront à activer selon leurs procédés actuellement en vigueur, en l'occurrence l'assemblage en SKD, avec comme échéancier de se préparer à l'exportation dans quelque temps, voire quelques années. Ceci est d'autant rationnel que la production de véhicules, dans sa structuration actuelle, est loin d'être compétitive à l'export. Il faudra attendre effectivement plusieurs années pour atteindre un niveau d'intégration, de rentabilité et de performance pour pouvoir aspirer à positionner favorablement le produit Made in Bladi dans les marchés extérieurs. Un secteur en gestation En l'état actuel des choses, l'industrie automobile en Algérie est réellement en phase de développement et de consolidation. C'est même, pour paraphraser le DG-adjoint de Sovac Production, «un apprentissage à grande échelle». Les autres dispositions de cette première phase concernent la prise d'actions dans les sociétés algériennes par le partenaire étranger et qui était déjà prévue par l'ancien cahier des charges, ou du moins dans la version rendue publique ainsi que le développement d'une sous-traitance locale à travers un travail de mobilisation des constructeurs vis-à-vis de leurs équipementiers attitrés. Si pour le premier point, l'application ne poserait a priori aucune difficulté aux investisseurs, compte tenu de l'attrait et de l'importance du marché algérien, la seconde exigence nécessite, en revanche, une période de prospection, de maturation et de développement de quelques années, sachant que le secteur de la sous-traitance en Algérie reste entièrement à créer. A l'évidence, le secteur de l'automobile passera inévitablement par une période transitoire — de l'importation à outrance à une production locale naissante — qui va perdurer dans le temps. Elle aura des répercussions négatives sur les ressources en devises du pays en plus d'une multitude d'avantages parafiscaux dont bénéficient les investisseurs, mais aussi et surtout pour le citoyen qui aura à payer, d'une manière encore inexpliquée, des véhicules assemblés localement et exonérés de droits de douane et taxes, bien plus chers que ceux précédemment importés. A cela s'ajoute une raréfaction des voitures sur le marché officiel. En attendant, tout porte à croire que l'on s'achemine vers une reconduction de ces fameuses «importations déguisées» pour faire face à une demande de plus en plus importante et objet de convoitises de la part de la faune de revendeurs parallèles.