La chanson kabyle vit un v�ritable ph�nom�ne avec l�arriv�e triomphale d�une nouvelle g�n�ration de chanteurs qui bouscule tout sur son passage, freinant la progression du ra� qui s�est install� dans son espace musical. D�cri� et vou� aux g�monies par les anciens, leur style festif subjugue pourtant les jeunes qui s�arrachent ses produits, enregistrant des centaines de milliers de ventes en d�pit du piratage. Nous avons rencontr� A�t-Hamid, l�un des chefs de file de cette nouvelle vague musicale dont un des tubes a �t� repris par Cheb Boualem. Sa voix douce et m�lancolique lui vaut d�aller de succ�s en succ�s et d�avoir des fans � travers 48 wilayas. Dans cet entretien, il explique pour nos lecteurs la d�ferlante de ce style sur une jeunesse qui semble tourner le dos � la chanson � texte. Le Soir d�Alg�rie : O� r�side le secret de l�ascension fulgurante que conna�t la nouvelle g�n�ration de chanteurs kabyles que vous incarnez avec Mourad Guerbas, Sa�d Youcef, Oujrih ? A�t-Hamid : Nous avons une philosophie tr�s simple : tenir compte dans notre th�matique des pr�occupations socioculturelles et sentimentales de la jeunesse dont nous faisons partie et adapter notre style � ses go�ts musicaux. Notre d�marche artistique s�appuie aussi sur une politique de marketing qui permet � certains d�entre nous de vivre de la chanson. A cette jeunesse nous donnons du r�ve. On fait beaucoup de sc�ne et la sc�ne c�est une irrempla�able �cole. Vous voulez dire que votre mani�re de faire artistique et commerciale diff�re des autres ? Oui. Nos m�lodies ne sont pas pareilles. Nous avons modernis� notre musique. De plus on utilise un mat�riel plus sophistiqu� avec une meilleure qualit� de son et des arrangeurs de la trempe de Tewfik Ameur auquel je souhaite un prompt r�tablissement. En sus de la qualit� des supports, nos �diteurs assurent une meilleure distribution de nos produits � l�appui d�une bonne publicit�. Nous atteignons des records de vente qui tournent entre 150 000 et 200 000 exemplaires chaque ann�e par produit en d�pit du piratage. Un conflit g�n�rationnel enfle entre vous et vos pr�d�cesseurs qui vous accusent de �casser� la chanson kabyle � travers les �sp�cial f�tes�. C�est dr�le comme raisonnement car c�est bien nous qui avons frein� l�avanc�e du ra� en Kabylie et nos m�lodies sont appr�ci�es des jeunes dont beaucoup d�universitaires auxquels on permet de r�ver dans leur pays. Bien mieux, les chanteurs ra� s�inspirent m�me de ce que nous faisons. Un de mes tubes, Kfen Woussanim, a d�ailleurs �t� repris par Cheb Boualem. Me concernant, je suis un chanteur �clectique. J�ai des titres assez vari�s. Et puis �sp�cial f�tes� fait recette m�me en hiver� Revenons sur votre th�matique et les innovations apport�es, selon vous, � la chanson kabyle... Je ne chante que ce qui est vrai et ce qui me pla�t. Je m�inspire de ma soci�t�, de ce que vivent les jeunes et de ce que j�ai en commun avec eux. De plus, je participe � chaque fois � l��closion et au lancement de jeunes voix f�minines. Des duos qui r�v�lent des talents ind�niables. Ce qui booste ainsi les produits domin�s par une vari�t� de styles. Il y a aussi les textes qu�on fait les plus simples possibles avec des mots accessibles m�me aux enfants. Notre musique � base de folklore kabyle est faite aussi d�un m�lange d�occidental, de ra� et d�oriental. Un enfant de quatre ans a chant� sur sc�ne avec moi lors de la f�te organis�e � l�occasion de sa circoncision la chanson Zine yetsghourou. Ils d�crient votre recours � la voix robotique qu�ils mettent au compte d�insuffisances vocales et affirment que votre carri�re est �ph�m�re... Le recours � cette technique n�est pas forc�ment li� � cet aspect. Personnellement, j�ai un produit 100% voix naturelle. Mais ce que les gens doivent savoir, c�est que la voix synth�tique ne colle pas � qui le veut bien. Des chanteurs hupp�s l�ont appris � leurs d�pens. Elle ne convient qu�� certains timbres de voix. Pour le reste, on est bien l� depuis quelques ann�es d�j�. Notre ascension est en progression et nos produits marchent toute l�ann�e. Votre 5e album a cartonn� m�me en France selon les m�dias... En effet, mon dernier album a fait un tabac en France o� je suis programm� dans des spectacles. Je serai avec Sa�d Youcef � la Fontaine du Djurdjura � Paris le 23 octobre, le 24 au Palais des congr�s et j�aurais deux concerts � Montr�al apr�s le Ramadhan sur invitation de la communaut� alg�rienne. Quelles relations entretenez- vous avec vos fans et que faites-vous pour les fid�liser ? J�ai des fans � travers les 48 wilayas du pays, pas seulement des kabylophones. On m�appelle r�guli�rement et je r�ponds all�grement. La meilleure fa�on de g�rer le succ�s, c�est la simplicit� dans les rapports avec ceux qui nous aiment et aupr�s de qui on s�inspire car ce que je chante les concerne. En somme, il faut savoir rester sympa, cool, avoir du look� Des projets ? Un nouveau produit qui va sortir le 8 mars � l�occasion de la Journ�e mondiale de la femme � qui je tiens � rendre personnellement hommage, pour sa sensibilit� et � tout ce qu�elle apporte � la soci�t�, des clips attractifs illustrant mon r�cent album r�alis�s avec professionnalisme, un DVD diff�rent des autres et un tas d�autres projets que je r�v�lerai le moment venu. Pour finir... La chanson alg�rienne en g�n�ral et kabyle en particulier doit se mettre au diapason de ce qui se fait de mieux au monde pour progresser, loin de tout clivage. Rien ne sert de s�entred�chirer. Personnellement, je d�plore l�absence de solidarit� entre les chanteurs kabyles. M�me entre jeunes le courant ne passe pas. On s�entend bien mieux avec les chanteurs arabophones aupr�s de qui on trouve une oreille attentive et de l�aide. J�en connais un bout moi qui ait chant� avec Cheb Mimou, Aras, Chaba Yamina, Nadia Benyounes�