Un petit billet de quelque 900 signes a provoqu� l�afflux de dizaines de messages �lectroniques sur mon e-mail. Pourquoi, sp�cialement ce �pause-caf� et pas les autres ? Le tarif syndical �tant de six � sept messages par jour, ce nombre impressionnant de r�actions m�a fait r�fl�chir : et si, finalement, ce qui int�resse les lecteurs est � mille lieux des �chos du Palais ; une information branch�e sur le r�el, �manant d�une vraie presse populaire, exprimant, par l�image et le texte, leur quotidien mis�rable. Evidemment, dans le lot, j�ai compt� quelques r�actions provenant de gens qui ne veulent pas de ces futilit�s �terre-�-terre�, certains par �fiert� nationale�, de crainte que de tels �crits soient �repris par les racistes d�outre-mer� ; d�autres pour des raisons diff�rentes : nous aurions omis de situer clairement les responsabilit�s. Ne trouvant pas leur dose habituelle d�anti-Bouteflika, ils nous reprochent de critiquer l�Alg�rien moyen, sans d�signer les v�ritables coupables. Ainsi, le pouvoir doit rentrer dans nos maisons pour �duquer nos gosses ! Non, il y a ce que doit faire l�Etat et ce que nous ne faisons pas, en tant que copropri�taires d�un immeuble, en tant que parents, et j�en passe�Certains n�y vont pas par quatre chemins. Nous serions ces fameuses �mains de l��tranger� ! Ainsi, en �crivant que nos rues sont sales et dangereuses et que l�Alg�rien d�aujourd�hui n�est pas tr�s regardant sur les questions d�hygi�ne, nous serions manipul�s par je ne sais quelle officine �trang�re ! Ridicule. Mais, je dois avouer que de tels avis sont minoritaires. Inutile de leur accorder plus de place, ni de m��taler sur les niaiseries du style �nous sommes plus propres que les Europ�ens. Nous avons le hammam�, etc. Et puis, il y a tout le reste : le gros lot. Tous d�accord avec le contenu de ce minuscule texte. Siham ne fait pas de politique, ni d�ailleurs de �psychologie�. Elle pense que la presse doit refl�ter la r�alit�. Un point, c�est tout. Une presse au service du peuple, relatant ses petits et grands probl�mes, d�crivant ses conditions de vie, exprimant ses espoirs. Lectrice du Soir d�Alg�rie, elle �crit : �En lisant vos articles, je sens vraiment que je vis dans cette Alg�rie profonde sans maquillage, ni d�guisement.� Adda de Tiaret va dans le m�me sens et recommande la v�rit� pour �craser le mensonge : �Allah Ghaleb, �crit-il, vous avez parfaitement raison et comme le dit le vieux dicton "il n'y a que la v�rit� qui blesse" et ceux qui ne se reconnaissent pas dans votre description sont de fieff�s menteurs ; depuis notre jeune �ge, on nous traite diff�remment de nos s�urs, on nous apprend la �redjla�, � �tre machos ! �Nos villes qui sont devenues des d�potoirs � ciel ouvert et, � voir les villes marocaines et tunisiennes qui respirent la propret�, ce n'est pas une question de moyens ; c'est une question, � il faut le reconna�tre, de mentalit�. �Continuez � d�noncer, vous ne faites que votre travail de journaliste et vous n'avez comme juge que votre conscience.� M. Bahloul n�en pense pas moins : �J�ai lu votre article et je suis parfaitement d�accord, on vit dans un oc�an de mal-�tre, de manque de civisme et de trouble d�ordre public. C�est un pays o� l'�tre humain n'est pas respect� en tant qu��tre vivant, o� la r�alit� am�re et cruelle fait bondir des c�urs pleins de haine. Je n�ai pas les mots qu'il faut mais je suis s�r que c'est un drame qui va durer au moins 100 ans.� Sa�d est un intellectuel et, � ce titre, j�attendais de lui qu�il me sorte des explications et des interpr�tations qui m�auraient fait regretter d�avoir �t� si �terre-�-terre�. Non, Sa�d fait partie de ces gens honn�tes qui, bien que vivant � l��tranger et n�habitant pas ces �salet�s� de quartiers, n�en sont pas moins choqu�s � chaque fois qu�ils retournent � Alger : �De plus en plus, dit-il dans son message, je trouve que dans les journaux, il ne reste plus qu'un tiers de journalisme, le reste est de la mati�re mise en page, sans aucune coh�rence. La salet� ? Elle est visible partout dans les rues de la capitale. A Tipasa, m�me les ruines n��chappent pas aux d�tritus. Nous nous vantons de 1200 km de plage, les Tunisiens en ont 1210.... Mais je pense qu'aucune commune ne peut aligner 100 m de plage propre ! L'Alg�rie est devenue un pays qu'il faut filmer en plan large, jamais en gros plan !....� Un autre lecteur, qui signe d�un sobriquet son e-mail, ajoute : �Je crois que la v�rit�, il faut la dire et la redire et vous faites bien de le faire et vous avez raison. H�las, ce que vous dites est vrai, mille fois vrai. Il est choquant pour un Alg�rien vivant � l'�tranger et qui d�barque en Alg�rie de voir � quel point l'�tat de salet� des gens et des rues est omnipr�sent. Pas �tonnant que la peste, maladie d'un autre �ge, ait refait son apparition il y a trois ann�es � peine !!! Il est �tonnant que lorsqu�on tchatche avec des Alg�riennes sur le site �tchatche.com� de constater � quel point certaines sont vulgaires et mal �lev�es. Je ne parle pas des hommes, car l� c'est g�n�ral. Je crains, h�las, que ce pays a autre chose � faire de son argent (�) L��ducation est le fondement de l��tre humain. Les jeunes sont d�sesp�r�s au point de se jeter � la mer !� Un Kabyle vivant � l��tranger et qui m�envoie, de temps � autre, quelques messages pleins de bon sens et de chaleur fraternelle, n�est pas d�accord avec ceux qui veulent se voiler la face. Mokrane, de la lointaine Su�de, �crit : �Contrairement � ceux qui te reprochent la (ta) v�rit� sur le comportement de l'Alg�rien en g�n�ral et du m�le alg�rien en particulier, moi je t'encourage � le dire haut et fort. Ce n'est pas cette fiert� d�pourvue de raison et st�rile qui engendrera un changement, � combien n�cessaire dans nos comportements, mais la mise � nu de celle-ci (la v�rit�). �On nous a gonfl�s des d�cennies durant avec cette fiert� qui n'a aucune raison d'�tre. Je crois pour ma part que 99% des Alg�riens ne savent pas faire la diff�rence entre le patriotisme qui nous anime et ce nationalisme vain et surann� affich� par ceux qui ont usurp� tous les pouvoirs en Alg�rie.� Quant � M. Ch�rifi, un lecteur qui pourrait tr�s bien �tre notre confr�re, il fait un large tour d�horizon sur la question : �Qui ne conna�t pas nos tares ? s�interroge- t-il. Apparemment TOUT LE MONDE, sauf ces Messieurs. Il y a � douter de leur �alg�rianit�, sinon comment expliquer qu�ils persistent � ne pas voir la v�rit� ? Ne veulent-ils pas le bien pour leur pays ? La v�rit� est visible dans nos cit�s, des cages d�escalier sales et souvent d�truites jusqu�aux espaces �verts�. Nos rues, trop exigu�s dans un pays de 2,4 millions de km2, faute d�une politique d�urbanisme appropri�e, jalonn�es de bazars aux enseignes ill�gales, remplis de produits distribu�s par des commer�ants ne payant pas, souvent, droits de douanes et imp�ts (le nombre de simples douaniers et d�agents des imp�ts milliardaires se compte par centaines�). Nos administrations, qui se vident des derni�res comp�tences, sont devenues des centres d�affaires. Le choix des responsables se fait � la mesure de leur degr� de docilit� et all�geance et non � l�aune de leur comp�tence et ob�issance � la loi, comme cela se fait dans les pays soucieux de leur avenir. Nos routes, mal faites et non entretenues, sont le domaine r�serv� des �terroristes du bitume�, au vu et � la barbe des agents de l�ordre charg�s de sanctionner la conduite dangereuse. Nos champs laiss�s � l�abandon par des �agriculteurs� que la sp�culation a travestis (une simple promenade dans ce qui reste de la Mitidja peut �tre �difiant � cet �gard, malgr� les d�clarations sibyllines de nos responsables charg�s de l�agriculture). �La liste peut �tre longue et je me doute que vous en connaissiez un bon bout. Seulement � la veille du 1er Novembre, le bilan �tant ce qu�il est, il est vital pour l�avenir du pays d�adopter une d�marche simple en faisant le diagnostic de la soci�t� alg�rienne : qui est � l�origine du mal ? (comme en m�decine, trouver le microbe ou le virus � l�origine du mal) et prescrire le traitement ad�quat, comme le font tous les pays normaux, dot�s des institutions et instruments de bonne gouvernance�. Le mot de la fin, je le laisse � M. Hakim qui m��crit, philosophe : �Tu as oubli� de leur dire que l'Alg�rien n'aime pas la v�rit�.