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LE REGARD DE MOHAMED BENCHICOU
Marzouki et le bazar de Tartarin [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 11 - 2006

J'ai �cout� parler deux hommes, cette semaine, le d�sesp�rant Yazid Zerhouni et le courageux opposant tunisien Moncef Marzouki. Et ce que j'en d�duis n'est pas � l'honneur de nos �lites : il se produit quelque chose de tr�s s�rieux au Maghreb, une sorte de r�veil d�mocratique, dont l'Alg�rie semble non seulement �trang�re mais, plus grave, de plus en plus exclue, par la faute de l'apathie g�n�rale et de la r�pression d'un pouvoir autoritaire, corrompu, grabataire, sourd aux nouvelles id�es qui secouent la plan�te.
Au Maroc, sous l'impulsion ou le consentement du jeune roi Mohammed VI, une nouvelle soci�t� civile voit le jour, avec ces jeunes hommes et ces jeunes femmes qui brisent des tabous s�culaires, imposent des d�bats impensables, de la libert� de la femme � celle de la presse, lancent d'incroyables d�fis aux puissances de la r�gression sociale. C'est le pays tout entier qui para�t connect� � l'essor mondial. En Tunisie, o� les choses sont moins m�res, un important mouvement contestataire pointe le nez, une �r�sistance civile qui utilise tous les moyens pacifiques pour imposer ses droits et libert�s�, pour reprendre les termes de Moncef Marzouki. Le pouvoir de Ben Ali le sait depuis octobre 2005 et l'imposante gr�ve de la faim men�e, avec succ�s, par des opposants sous les cam�ras �trang�res : la Tunisie de la dictature n'en a plus pour longtemps. Chez nous, t�tanis�s par le terrorisme int�griste et le gourdin des gouvernants, nous en sommes encore � nous taire devant les �clats de voix du pouvoir, � lui laisser l'initiative de nous d�barrasser de l'islamisme en �change de notre silence, pour ne pas dire de notre obs�quiosit�, et � s'�mouvoir, ensuite, qu'il marchande avec l'int�grisme sur notre dos. Les uns lui pr�tent leur plume, les autres s'en font les bouffons. Nous avons le talent de brader un demi-si�cle de luttes pour un plat de lentilles, de tourner magnifiquement le dos � notre responsabilit� historique, nous avons le talent, plus path�tique, de nous acheter des r�putations surfaites au bazar de Tartarin. On se pla�t � pol�miquer avec Yasmina Khadra et � s'�mouvoir de d�bats enfantins � l'heure o� se joue le destin d'un pays partag� entre un pouvoir corrompu et la charogne int�griste. Nous sommes fiers d'abdiquer notre fiert� aux pieds de ces deux monstres hideux de la trag�die alg�rienne, de leur abandonner le soin de trouver un pacte entre eux, et de ne m�me pas nous en informer. Qui reprocherait au r�gime de Bouteflika, pendant ce temps, de profiter de l'aubaine ? C'est-�-dire de continuer de traiter une question de vie et de mort, la question du terrorisme et de l'int�grisme, par le mensonge de l'arracheur de dents et la fourberie du chevillard. Regardez-le qui s'amuse � agiter l'�pouvantail int�griste au nez de la soci�t� pour la dissuader de bouger, de manifester, de revendiquer. Ecoutez-le mentir pour se donner, aux d�pens de la R�publique, les airs du pouvoir intraitable et responsable. Car, pendant que Yazid Zerhouni, d'une voix d�sabus�e, nous donne de faux chiffres sur le nombre d'islamistes arm�s, les maquis se repeuplent, les attentats se multiplient et les n�gociateurs int�gristes, confort�s par le regain de violence, obtiennent de la R�publique qu'elle se d�culotte chaque jour un peu plus. Car enfin, M. le ministre, quand vous jurez, avec l'air docte du marabout devant sa boule de cristal, que 80% des hommes arm�s ont quitt� les maquis depuis le r�f�rendum sur la Charte, cela sous-entend que les innombrables tueries d'aujourd'hui sont l'�uvre des 20% qui restent sourds � vos avances. Si peu d'hommes pour autant de boucheries ? Voil� qui devient ennuyeux. Vous placez l'opinion devant un dilemme inconfortable : donner cr�dit � la th�se du qui-tuequi ou se gausser de vos professions de foi. Pour ma part, n'�tant pas encore gagn� par les suspicions � la mode, je pr�f�re encore rire de vos chiffres. Mais pour combien de temps encore ? Notre ministre devrait songer � contr�ler sa vieille tentation pour la b�tise laquelle, il devrait enfin le savoir, consiste � avoir une r�ponse � tout. Justifier l'�chec d'une entreprise politique par la menterie est un exercice fort p�rilleux. Il faut avoir de s�rieuses pr�dispositions pour le canular. En bon policier, M. Zerhouni devrait savoir que le commissaire San-Antonio a dit qu'un politicien ne peut faire carri�re sans m�moire, car il doit se souvenir de toutes les promesses qu'il lui faut oublier. Et il est d�j� l'heure d'oublier vos illusoires engagements � r�tablir la paix par la voie p�tainiste. A quoi bon s'obstiner devant l'�vidence ? Les maquis se sont reconstitu�s et les int�gristes ont �t� remis sur selle. Il faut devoir, � pr�sent, expliquer et s'expliquer plut�t que de s'adonner aux charmes des fables pour enfants. C'est votre devoir majeur devant les g�n�rations futures. Avant San-Antonio, Winston Churchill avait laiss� cette sage d�finition � l'intention des postulants � la post�rit� : �Un bon politicien c'est celui qui est capable de pr�dire l'avenir et qui, par la suite, est �galement capable d'expliquer pourquoi les choses ne se sont pas pass�es comme il l'avait pr�dit.� Au lieu de cela, nos dirigeants s'enfoncent dans le discours autosuffisant, heureux de ne rencontrer aucun contradicteur qui mettrait � nu leurs mensonges, ravis d'�voluer seuls sur une sc�ne d�sert�e par les �lites, les intellectuels et les partis d'opposition, s'adonnant � un vil n�goce : leur survie contre la r�habilitation politique des int�gristes. Allons-nous laisser plus longtemps un pouvoir corrompu n�gocier pour nous notre propre avenir ? Allons-nous laisser plus longtemps se d�rouler sous nos yeux cet inf�me assassinat du projet d�mocratique alg�rien ? Saurons-nous prot�ger nos enfants de l'inqui�tante avanc�e des id�es int�gristes ? Un silence l�che s'accompagne toujours d'une douce r�signation puis d'un coupable renoncement. On sait o� commence l'abdication : par une manchette sur l'�crivain Anouar Abdelmalek, un petit appel au meurtre vers� comme gage � de loyaux ralliements, ou une chaleureuse poign�e de mains � Rabah K�bir. On ne sait pas o� elle finit. Notre d�mission aurait de funestes cons�quences pour les prochaines ann�es. Qu'avonsnous � craindre de plus redoutable que le d�shonneur ? Le combat contre le terrorisme int�griste est l'affaire de la soci�t�, pas du r�gime corrompu. Nous ne pouvons plus laisser le pouvoir instrumenter la violence pour sa propre survie. Utiliser le terrorisme pour briser l'essor de la soci�t�. Or, c'est pr�cis�ment ce que dit Moncef Marzouki : �Les r�gimes arabes ne survivent que gr�ce � la violence, car sans le ph�nom�ne du terrorisme, ces r�gimes seront confront�s � leurs propres indigences.� (1) Et c'est l� qu'intervient le cas Marzouki. S'il nous fallait une le�on de courage, prenons celle qui nous vient de Tunisie, de cet homme de 61 ans, chef d'un parti d'opposition non reconnu, qui choisit de quitter son exil en France o� il est �tabli depuis cinq ans en tant que professeur de m�decine, pour rentrer dans son pays et affronter, sur son terrain, la dictature de Ben Ali. Moncef Marzouki n'ignore rien de ce qui l'attend : le jour m�me de son arriv�e � Tunis, il est convoqu� devant le juge d'instruction pour r�pondre de l'accusation d'�incitation de la population � la d�sob�issance civile�. Que lui reproche-t-on ? D'avoir d�clar� sur la cha�ne Al Jazeera que �la seule riposte d'une population lass�e de la r�pression et de la corruption est d'entrer dans une r�sistance civile en utilisant tous les moyens pacifiques pour imposer ses droits et libert�s�. Pas moins. Marzouki ne se contente pas de jeter un pav� dans la mare � partir de l'Europe. Apr�s cette tonitruante d�claration, il donne l'exemple et entre luim�me en r�sistance, dans son pays. �Ici en Tunisie, mon pays, je suis encercl�, isol�, mais � partir du moment o� j'ai lanc� un appel � la r�sistance civique et pacifique, je ne pouvais plus rester � Paris�, dit-il au journaliste d' El Watan qui l'a rencontr�. Le r�gime de Ben Ali est d�rout� par cet opposant qui le nargue sur son sol. Et qui, surtout, le pousse aux situations extr�mes. Marzouki s'engage � ne pas retourner en exil, affirmant son droit au sol et refuse de compara�tre devant, dit-il, �une justice de simulacre pour r�pondre de violations de pseudo-lois �dict�es par un pseudo-Parlement et dont la seule finalit� est d'habiller de l�galit� d�mocratique, la fourberie et la brutalit� de la dictature�. Le r�gime lui ayant envoy� des voyous pour le corriger, il d�cide de ne plus sortir de son domicile et se d�clare assign� de facto � r�sidence. �Je resterai donc dans ma maison encercl�e par la police politique, jusqu'� un changement radical de la situation politique me permettant ainsi qu'� tous les Tunisiens de marcher librement dans les rues et d'exercer tous nos droits et libert�s sans peur ni restrictions.� Cet homme a des v�rit�s en t�te et compte bien les dire. Il sait tout sur le r�gime de Ben Ali et sur la fa�on de conduire la Tunisie vers la d�mocratie. La Tunisie et le reste. �Le Maghreb ne peut se construire sans d�mocratie�, dit-il au journaliste d' El Watan. Il sait que cela lui co�tera cher, mais il sait que la libert� a un prix qu'il faut savoir payer. Race nouvelle ? M�ditons cet exemple si proche de nous.
M.B.
(1) Pour en savoir plus sur Marzouki, consulter son site Internet : www.moncefmarzouki. net, bloqu� en Tunisie
PS : Zoubir Souissi vient de publier un livre qu'il convient de ne pas rater. D'abord parce qu'il restitue la m�moire oubli�e d'une Alg�rie r�cente, ardente et que notre confr�re semble chanter avec des mots amers. Ensuite parce que l'ouvrage est l'�uvre d'un journaliste qui a autorit�, par son parcours et son talent, � farfouiller dans les pires recoins de notre pass� et qui ne se g�ne pas pour le faire. La t�te de l'orphelin m�rite une caresse.


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