"Les salauds, ils m'ont eu" : l'ancien espion russe Alexandre Litvinenko est mort persuad� d'�tre victime du Kremlin, mais l'enqu�te promet d'�tre fastidieuse, les m�decins � Londres ignorant toujours hier de quoi il est mort. Apr�s six jours d'une saga nourrie par les sp�culations, les faits av�r�s restant maigres, l'ancien espion de 43 ans, opposant d�clar� du pr�sident russe Vladimir Poutine, est d�c�d� jeudi � 21h21 GMT, apr�s une aggravation brutale de son �tat de sant� dans les derni�res 24 heures. "Les salauds ils m'ont eu. Mais ils n'auront pas tout le monde", a-t-il d�clar� sur son lit de mort � un de ses amis, le r�alisateur Andrei Nekrasov qui a rapport� ces propos au quotidien The Times. Scotland Yard, dont la section antiterroriste est charg�e de l'enqu�te, a pr�cis� hier qu'elle traitait cela comme "une mort inexpliqu�e". Elle avait pr�c�demment parl� d'"empoisonnement apparemment d�lib�r�". Mais les amis de l'ex-espion, qui avait obtenu l'asile politique en Grande- Bretagne en 2001 et tr�s r�cemment la nationalit� britannique, ont r�it�r� leurs accusations envers Moscou, persuad�s qu'il avait �t� empoisonn�. Oleg Gordievski, ancien chef-espion du KGB � Londres qui a fait d�fection en Grande- Bretagne dans les ann�es 80,s'est ainsi dit "vraiment en col�re", d�non�ant sur la BBC des "services russes si rancuniers et mauvais qu'ils ont envoy� un homme avec une pilule de poison en Grande-Bretagne pour tuer" Litvinenko. "C'�tait une pilule tr�s sophistiqu�e", a-t-il ajout�, soulignant qu'en "trois semaines, les m�decins n'ont pas �t� capables de trouver de quelle sorte de poison il s'agit". Dans cette affaire embarrassante, trait�e avec la plus grande pr�caution � Londres, les m�decins avaient reconnu jeudi leur impuissance � identifier la cause de la d�gradation brutale de l'�tat de sant� de M. Litvinenko, qui avait perdu tous ses cheveux, et dont le foie et la moelle osseuse �taient atteints. Ils avaient �cart� l'hypothhse pr�c�demment avanc�e d'un empoisonnement au thallium, et �galement estim� "improbable" qu'il ait ing�r� des substances radio-actives. Annon�ant sa mort tard jeudi, un porte-parole de l'University College Hospital a rappel� qu'Alexandre Litvinenko �tait "tr�s malade quand il a �t� admis le 17 novembre et (que) l'�quipe m�dicale avait fait tout son possible pour le sauver". Dans un sc�nario digne de la guerre froide, Litvinenko avait selon ses proches �t� empoisonn� le 1er novembre. Ce jour-l�, il avait bu le th� avec deux Russes dans un h�tel du centre de Londres, dont un ancien agent du KGB, avant de rencontrer un contact italien, Mario Scaramella, dans un restaurant de sushis � Picadilly. M. Scaramella a affirm� avoir transmis � Litvinenko une liste de "cibles" sur laquelle ils figuraient tous les deux, ainsi qu'Anna Politkovska�a, journaliste russe d'opposition tu�e le 7 octobre � Moscou. La police a simplement dit que Litvinenko avait �t� transf�r� le 17 novembre de l'h�pital de Barnet (nord de Londres) vers l'University College Hospital. Elle �tudie "m�me la possibilit� qu'il se soit empoisonn� lui-m�me", affirmait hier le Guardian, selon lequel certains enqu�teurs douteraient de l'implication du Kremlin. Le journal �voquait aussi la possibilit� d'une mort naturelle, et citait �galement la possibilit� d'une tentative de pi�ger le Kremlin, soulignant la campagne de presse tr�s au point men�e par son entourage. Un expert des questions de s�curit�, Glenmore Trenear-Harvey, est all� dans le m�me sens sur la BBC, jugeant "beaucoup trop grande la menace sur les relations bilat�rales" russo-britanniques. Le Kremlin s'est lui content� d'une r�action laconique � l'annonce du d�c�s de l'ancien agent. "Une mort est toujours une trag�die. Maintenant c'est aux services britanniques comp�tents de mener l'enqu�te", a d�clar� un porte-parole.