Le président russe, Vladimir Poutine, a contre attaqué, vendredi sur l'affaire de l'ex-agent russe Alexandre Litvinenko mort empoisonné, lors d'un sommet UE-Russie où les Européens espéraient minimiser les points de friction. L'affaire Litvinenko a jeté une nouvelle ombre sur ce sommet, déjà terni par le refus de la Pologne de lancer les pourparlers avec Moscou sur un nouvel accord de partenariat UE-Russie, doté d'un volet énergétique jugé crucial par les Européens. Répondant pour la première fois aux accusations d'implication de Moscou dans la mort de cet ex-agent russe très critique envers le Kremlin, M. Poutine a dénoncé l'utilisation de cette “tragédie” à “des fins de provocation politique”. M. Poutine a aussi émis des doutes sur l'authenticité de la lettre posthume dans laquelle l'ancien agent accuse le président russe d'être responsable de sa mort. “Si cette lettre existe vraiment, je me demande pourquoi elle n'a pas été publiée lorsqu'il était vivant”, a indiqué M. Poutine. Le président russe s'exprimait avant que les autorités sanitaires britanniques n'annoncent que Litvinenko avait été probablement empoisonné par du polonium 210, une matière hautement radioactive. Il a aussi pris les devants sur toute critique concernant les droits de l'homme. Tout en regrettant l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, il a ajouté qu'“il ne fallait pas oublier qu'il y avait des centaines de crimes politiques dans d'autres pays”. “Que dire de la mafia, qui de façon régulière assassine des procureurs, des journalistes ? Dans certains pays, ils essaient depuis des décennies d'arrêter les mafiosi”, a-t-il indiqué. Les dirigeants européens ont laissé ces déclarations sans commentaire. Le Premier ministre finlandais Matti Vanhanen, dont le pays préside l'UE, a simplement indiqué qu'“il n'y avait pas assez d'informations” sur l'affaire Litvinenko. Avant cette offensive de M. Poutine, les Européens avaient tout fait pour minimiser leurs différends avec Moscou lors de ce sommet, et M. Poutine avait appelé à ne pas “politiser” les problèmes. Comme pour prouver leurs bonnes dispositions, Russes et Européens ont trouvé un accord pour mettre fin aux surtaxes imposées par la Russie aux compagnies aériennes européennes lorsqu'elles survolent la Sibérie, un problème qui empoisonne leurs relations commerciales depuis des années. Les responsables européens ont minimisé les conséquences du veto de la Pologne au lancement des négociations sur l'accord de coopération, soulignant qu'une solution pourrait être trouvée et les négociations démarrer encore avant la fin 2006.