Initi� par le Conseil national �conomique et social (Cnes) en partenariat avec le Programme des Nations-Unies pour le d�veloppement (Pnud), le rapport national sur le d�veloppement humain en Alg�rie/2006 a �t� pr�sent� jeudi dernier � la R�sidence El-Mithak � Alger. Ce sixi�me rapport du Cnes, le premier � �tre �labor� selon les standards internationaux, se voulait d�montrer que l�Alg�rie est en pole position en mati�re de d�veloppement humain m�me s�il ne fait qu�ent�riner les constats officiels en vogue. Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Le d�veloppement humain �tant d�fini comme l��largissement des possibilit�s de choix ouvertes aux individus, ce rapport a voulu d�montrer que l�Alg�rie, selon le pr�sident du Cnes, Mohamed Seghir Bab�s, a �la pr�tention d��tre un pays en �mergence�, se rapprochant des pays d�velopp�s !!!!!. Ainsi, il ressort, selon ce rapport, valid� au demeurant par le Pnud, des �volutions positives, des r�sultats consid�r�s comme tangibles dans la lutte contre la pauvret�, la r�duction des in�galit�s, la satisfaction des besoins humains et la cr�ation d�emplois d�cents. Pour le repr�sentant r�sident du Pnud � Alger, Marc Destanne de Bernis, l�Alg�rie est en bonne voie d�atteindre l�essentiel des huit objectifs du mill�naire du d�veloppement (OMD) avant l��ch�ance de 2015. Ainsi, l�indice de d�veloppement humain (IDH) permet d��valuer le degr� de succ�s des pays par rapport au niveau de satisfaction des besoins de leurs habitants. Au-del� de la simple mesure de richesses (le produit int�rieur brut, PIB, par t�te d�habitant et revenu par t�te d�habitant), l�IDH tient compte aussi bien de l�esp�rance de vie, du niveau d�alphab�tisation et d�instruction que du volume des ressources disponibles permettant de jouir de conditions de vie d�centes. En d�autres termes, le d�veloppement est mesurable, selon ce rapport, � l�aide de trois variables : la long�vit�, le savoir et le niveau de vie. (PIB par habitant en dollars parit� de pouvoir d�achat). A cet IDH, sont associ�s trois autres indicateurs, l�indice de pauvret� humaine (IPH) qui s�attache aux d�ficits rencontr�s dans l�acc�s au logement et � l�eau, l�alphab�tisation des adultes et la nutrition des enfants de moins de 5 ans, l�indice sexosp�cifique de d�veloppement humain (ISDH) qui refl�te les disparit�s sociologiques entre sexes, et l�indice de participation des femmes (IPF) � la vie politique, �conomique et professionnelle. L�Alg�rie se rapproche des standards mondiaux de d�veloppement Sur la base du calcul de ces indicateurs, et selon les statistiques nationales dont les enqu�tes de l�ONS et les informations r�colt�es aupr�s des d�partements sectoriels, des donn�es �tout � fait fiables et conformes aux normes internationales de calcul de ces indicateurs�, selon l�expert du Pnud, Jacques Charmes, il ressort entre autres constats que l�Alg�rie se rapproche des standards mondiaux de d�veloppement. Ainsi, l�IDH s�est am�lior�, � partir de 2002, sous l�effet de la hausse du PIB par habitant et de l�am�lioration de l�esp�rance de vie en Alg�rie, �gale � celle dans les pays d�velopp�s, que l��quit� entre les genres avance, que la participation de la femme s�am�liore durablement depuis 2003 et que le ch�mage a baiss� de 50% entre 2001 et 2005. Ainsi, de 1998 � 2005, la valeur de l�IDH s�est am�lior�e annuellement de 1,4 point. En 1999, il �tait de 0,695, en 2004, il a atteint 0,750 et en 2005 il a �volu� � 0,761. Ce rythme de progression n�a �t� que de 1 point sur la p�riode 1985- 1995. Et les rapporteurs de relever que la transition d�mographique, amorc�e au milieu des ann�es 70, a �t� quelque peu masqu�e par la l�g�re remont�e conjoncturelle du taux de natalit�, r�sultat d�un regain de nuptialit� de cohortes nombreuses n�es entre 1970 et 1985. Le taux de croissance naturelle est pass�, en effet, de plus de 2% en 1995 � 1,43% en l�an 2000 pour remonter � 1,69% en 2005. L�indice de l�esp�rance de vie � la naissance a gagn�, entre 1995 et 2005, environ 1,6 point traduisant un gain de long�vit� de plus de 7 ans. Cette am�lioration de l�indice semble due principalement, selon le Cnes, � la baisse des taux de mortalit� infantiles et infanto-juv�niles (de 0 � 4 ans) qui ont r�gress� annuellement d�environ 6 points pour mille naissances vivantes, � la mortalit� maternelle qui a baiss� de 3,2 points par an pour 100 000 naissances vivantes � partir de 1999 et � la baisse du taux brut de mortalit� g�n�rale, en moyenne, de 3,6 points pour 1000 habitants entre 1995 et 2005. A ces caract�ristiques, s�ajoute, pour le Cnes, l�importance de la population �g�e de 60 ans et plus, qui est pass�e de 1,7 million en 1995 � 2,4 millions en 2005, soit une augmentation en moyenne annuelle de 3,5%. Et de noter l�am�lioration significative de l��tat de sant� de la population alg�rienne en raison des progr�s enregistr�s dans la protection de la sant� et de l�enfant (couverture vaccinale sup�rieure � 90% avant un an et 92,3% des enfants sont vaccin�s contre la rougeole) et dans la lutte contre les maladies transmissibles, � travers les programmes d�action sanitaire mis en place et pris en charge par l�Etat. Mais aussi gr�ce, selon ce rapport, au renforcement de l�encadrement par les personnels de sant�, m�dicaux et param�dicaux, aux progr�s dans l�accessibilit� g�ographique aux services de sant� et dans la prise en charge financi�re des besoins de sant�. Sur la p�riode consid�r�e (1995-2005), la progression des filles dans l�enseignement secondaire a �t� plus forte que celle des gar�ons avec une �volution annuelle moyenne de 5,12% contre 2,1%. En 2003, la valeur de l�IDH �tablie par le rapport mondial est de 0,722, classant l�Alg�rie � la 103�me place. Recalcul� avec les statistiques nationales, l�IDH pour 2003 est de 0,731, soit un �cart entre les deux valeurs, sans grande port�e, de 1,2% qui aurait plac� notre pays au 100�me rang. Pour 2005, l�IDH s��l�ve � 0,761 et l�Alg�rie serait class�e au 79�me rang et la diff�rence serait alors plus significative, toutes choses �tant �gales par ailleurs. Recul de la pauvret� en 2005 De m�me, selon ce rapport, la pauvret� a recul� en Alg�rie. Ainsi, la valeur de l�IPH, � partir des donn�es nationales, est pass�e de 25,23% en 1995 � 16,60% en 2005, soit un recul en moyenne annuelle de la pauvret� de 4%. Un r�sultat qui correspond, selon le Cnes, � la limite inf�rieure des pays � d�veloppement humain �lev� et refl�te les moyens mobilis�s pour la lutte contre la pauvret� � travers la long�vit�, la r�duction des proportions de populations priv�es d�eau potable, l�alimentation et la nutrition de la m�re et de l�enfant. En 1998, l�analphab�tisme concernait 34,50% de la population �g�e de 15 ans et plus, soit plus de 3 millions d�habitants. Cette population est de 2,6 millions en 2005. En mati�re d�alimentation et de nutrition, de 1990 � 2003, la consommation des m�nages � prix constants a �volu� en moyenne annuelle de 3,1% alors que le cro�t d�mographique sur la p�riode est inf�rieur � 1,6%. En fait, la pauvret� humaine recule sous l�effet accus� d�une r�gression de la malnutrition (l�indicateur d�insuffisance pond�rable a diminu� de 11,3% par an), et dans une moindre mesure, de la r�duction de la mortalit� avant 40 ans (4,7%), et de l�analphab�tisme (1,38% par an � peine). Certes, le rapport mondial sur le d�veloppement humain a class� l�Alg�rie � la 48�me place sur 103 pays, avec une valeur de l�IPH de 21,3 points. A titre indicatif, la valeur de l�IPH-1, recalcul�e pour 2003, est �gale � 19,55 et am�liorerait ainsi le rang du pays dans le classement qui passerait � la 44�me place. La valeur pour l�ann�e 2005, 16,60, classerait ainsi l�Alg�rie �en t�te des pays � d�veloppement humain �lev� et � faible incidence de pauvret�, toutes choses �tant �gales par ailleurs. Les r�sultats obtenus dans la lutte contre la pauvret� r�sultent, consid�re ce rapport, de la baisse du taux de ch�mage, r�duit presque de moiti� (15,3% en 2005 au lieu de 29,5% en 2000), de l�importance des transferts sociaux qui s��l�vent � plus de 770 milliards de dinars, soit 50% de la fiscalit� p�troli�re et 12,6% du PIB, du renforcement, depuis 2000, des diff�rents dispositifs de protection sociale, d�insertion � travers la promotion d�emplois d�attente, de cr�ation de microentreprises, de microactivit�s ainsi que des actions de solidarit�, l�am�lioration des conditions de vie � travers les aides � l�acc�s aux infrastructures sociales de base et au PNDAR dans les zones rurales. Satisfecit quant � la politique de soutien � l�emploi Aspect corollaire, la politique impuls�e par les pouvoirs publics en mati�re de cr�ation d�emplois durables et d�cents suscite le satisfecit de l�instance consultative qui note que �depuis l�an 2000, l�emploi est rest� la pr�occupation centrale des pouvoirs publics et un crit�re fondamental d��valuation des politiques sectorielles�. En rappelant que l�intervention de l�Etat a consist� en un soutien pour le renforcement des dispositifs d�emploi et d�activit� qui comportent les dispositifs d�emplois d�attente (les travaux d�utilit� publique � haute intensit� de main-d��uvre (Tuphimo), les contrats de pr�emploi (CPE), les activit�s d�int�r�t g�n�ral (AIG) et les emplois salari�s d�initiative locale (ESIL) et les dispositifs de cr�ation d�activit� dont le microcr�dit, la microentreprise, le dispositif de la Caisse nationale d�assurance- ch�mage. Ainsi, le rapport constate que la population occup�e en Alg�rie qui �tait de 6,2 millions de personnes en 2001 a cr� � 8 millions de personnes en 2005. Ainsi, le rythme de cr�ation enregistr� est de 6,6% en moyenne par an, correspondant � la cr�ation de plus de 1,8 million d�emplois nouveaux depuis l�ann�e 2000. Une performance qui a permis non seulement de satisfaire toute la demande nouvelle de travail, estim�e � 924 000 personnes sur la p�riode, mais encore de r�duire sensiblement le stock de ch�meurs de pr�s de 900 000 personnes et le taux de ch�mage de 12 points de pourcentage. En indiquant que le programme de soutien � la relance �conomique (PSRE) a contribu� � la cr�ation de 800 000 emplois. 90% des emplois cr��s sont pr�caires Cela �tant, quelque 338 500 emplois �quivalents permanents ont �t� cr��s. N�anmoins, les emplois d�attente repr�sentent 90% des emplois cr��s, pour un taux de permanisation tr�s faible. Ceci alors qu�une enveloppe de 100 milliards de dinars a �t� allou�e pour la cr�ation de ces emplois dont plus de 70% a �t� absorb� par ces emplois d�attente. Quant au secteur priv�, avec une part encore faible (24,3% des PMI), il offre 28,2% d�emplois salari�s m�me si la contribution � la valeur ajout�e (53,3%) domine celle du secteur public depuis 1998. Tout aussi int�ressant de noter que la population active f�minine qui s��l�ve � 1,42 million de personnes, semble sous-estim�e, surtout en milieu rural. Ainsi, les femmes occup�es sont des salari�es permanentes dans une proportion de 51%, alors que les occup�s de sexe masculin n�appartiennent � cette cat�gorie que dans 38,2% des cas. Cette proportion est largement plus �lev�e en milieu urbain (57,9% contre 33,1% en milieu rural) qui regroupe plus de 82%. Il est int�ressant de noter que la population f�minine occup�e a cr� � 7,4% en 2005, que la proportion de femmes ayant un niveau secondaire (29,6%) est �galement sup�rieure � celle des hommes (25,7%), que 26% des femmes occup�es ont un niveau d�instruction du sup�rieur alors que les hommes universitaires ne sont que 8%, et 55% des femmes travaillent dans le secteur public, dans 80% des cas dans les secteurs de la sant� et de l��ducation. Ce faisant, l�instance consultative confirme la baisse du taux de ch�mage de 27,3% en 2001 � 15,3% en 2005 et � 12,4% en 2006. M�me si le ch�mage f�minin reste toujours sup�rieur � celui masculin, respectivement de 17,5% et de 14%. En pr�cisant au passage que les taux de la pauvret� et du ch�mage ont �t� calcul�s, selon l�expert du PNUD, � partir des enqu�tes sur le budget et la consommation des m�nages pour le premier et des enqu�tes sur l'emploi de l'ONS et du recensement de population ainsi que sur la base de la d�finition pr�conis�e par l'Organisation internationale du travail (OIT) pour le second. Le progr�s humain s�est am�lior� mais� En somme, le progr�s humain en Alg�rie s�est am�lior�, sous l�effet de la hausse du PIB par habitant qui a r�sult� de l�augmentation des prix des hydrocarbures, de la d�pense publique, et � la baisse tendancielle, quoique ralentie actuellement, de l�augmentation naturelle de la population. En outre, l�importante baisse du taux de ch�mage est due moins � la conjonction entre l�augmentation de l�investissement dans la production et l��l�vation du niveau d�instruction et de professionnalisation de la population, l�am�lioration du capital humain, qu�au volume de la d�pense publique. Cela �tant, malgr� ces r�sultats positifs, il reste encore � l�Alg�rie de faire plus, notamment en mati�re de sant� de la m�re et de l�enfant et de lutte contre l�analphab�tisme en milieu rural, de r�sorption des disparit�s entre cat�gories socioprofessionnelles, entre g�n�rations et entre r�gions et dans la promotion et la protection du statut socio�conomique de la femme. Ceci confirmant �galement la n�cessit� d�une r�elle politique de l�emploi, moins d�pendante de la d�pense publique et des fluctuations des recettes d�exportation des hydrocarbures, une gestion des dispositifs de soutien � l�emploi moins centralis�e et mieux organis�e et coh�rente. En ce sens, le Cnes s�affirmant convaincu de la n�cessit� de donner aux entreprises cr�atrices d�emplois les moyens de jouer leur r�le et de bien transformer les gains de productivit� �conomique en gains physiques. Passer � une �conomie de march� efficiente Comme ce rapport souligne la n�cessit� de mener � terme les r�formes structurelles et institutionnelles, de passer � une �conomie de march� efficiente, et de mieux mobiliser les comp�tences ainsi que l�investissement �tranger et priv�. De m�me, il insiste sur l�aspect primordial de renforcer le capital humain, le savoir et la technicit� �lev�e, en tant que moteur fondamental de la croissance �conomique. Certes, ce rapport laisse entrevoir des diff�rences entre les donn�es nationales et celles contenues dans le rapport mondial, voire des divergences d�appr�ciation quant au classement de l�Alg�rie. Cependant, ces diff�rences sont, affirment les auteurs de ce rapport, imputables aux retards d�actualisation des bases de donn�es internationales et aux ajustements � travers les mod�les utilis�s pour les besoins de comparabilit� au niveau international (statistiques vitales et de comptabilit� nationale notamment). Au-del� de la pr�sentation en 2007 de donn�es ant�rieures � 2005 et faisant fi de toute interpr�tation politique potentielle, les r�dacteurs de ce rapport se sont montr�s n�anmoins persuad�s que l�exercice d��valuation, r�alis� selon les normes du PNUD, a atteint ses objectifs et offre une meilleure lisibilit� et visibilit� des r�sultats atteints par notre pays. Cela m�me si pour Marc de Bernis, ces indicateurs si pr�cis et si rigoureux soient-ils, ne doivent pas constituer une fin en soi mais servir � l��valuation des politiques entreprises au niveau national. Dans cet ordre d�id�es, Mohamed Seghir Bab�s a indiqu� que ce rapport qui permet � l�Alg�rie de s�approprier les capacit�s d��valuation selon les standards internationaux requis et constitue une typologie de r�f�rence nationale et internationale, sera soumis � la prochaine session pl�ni�re du Cnes, ce dernier devant, selon lui, revenir � son mandat d�institution consultative et interpeller les pouvoirs publics sur l�application des politiques publiques. C. B. L'enjeu de la valorisation des gains de productivit� Le Cnes rel�ve que le PIB par habitant est pass� de 1496,8 dollars en 1995 � 3116,7 dollars en 2005, soit un accroissement annuel de 7,6% pour une augmentation annuelle de la population de 1,6%. Le PIB en PPA est pass� de 4629,4 dollars PPA en 1995 � 7749,3 dollars PPA en 2005, soit une am�lioration annuelle de 5,3%. La volatilit� des gains de productivit� �conomique, r�sultant des prix des hydrocarbures, en est le facteur explicatif pour le Cnes. Selon l�instance consultative, tant que les gains de productivit� �conomique ne se transforment pas effectivement en gains de productivit� physique, toute am�lioration du d�veloppement humain ne peut �tre que provisoire avec tous les risques possibles sur l�inflation et partant sur la croissance �conomique, l�emploi et les revenus. Cela m�me si ces remarques n�impliquent en aucune mani�re, selon le Cnes, qu�il ne saurait y avoir d�augmentation de salaire et de traitements sans contrepartie productive imm�diate car une telle augmentation a d�autres fondements dont la cons�cration des comp�tences. Cela �tant, la productivit� du travail, comme rapport de la valeur ajout�e � l�emploi, a �volu� � la hausse entre 1997 et 2001, � un rythme annuel moyen de 1,5% pour l�ensemble des secteurs productifs, et a enregistr� une baisse en moyenne par an de 2,4% sur la p�riode 2001-2005. Cette variation diff�renti�e est davantage le fait de l��volution de l�emploi qui a connu sur la premi�re p�riode un faible accroissement, n�gatif si l�on exclut l�agriculture, et une tr�s forte hausse sur la deuxi�me p�riode, hausse li�e aux particularit�s des secteurs BTP et services � forte cr�ation d�emplois. C. B.