Si les structures culturelles ne s�occupent que tr�s peu de l�enfant, c�est tout bonnement que les enfants ne sont pas des �lecteurs, nous confiait Luc Radaelli, le directeur du Theatro Invito de Milan, lors d�un colloque sur l�enfance � Boumerd�s. L�Alg�rie n��chappe pas � cette r�gle qui fait qu�un adulte s�efforce de porter un masque pour parler � son enfant et que tout message destin� � l�enfant y compris celui via le tube cathodique passe par le filtre des adultes. On a depuis tr�s longtemps confi� nos enfants � la t�l�vision, �a les distrait pendant des heures, on ne leur parle plus, on ne les �coute plus. Pire, on leur interdit de jouer. En d�pit d�une forte attente et d�une demande croissante, la production litt�raire, th��trale ou encore cin�matographique en la mati�re reste des plus insignifiantes. Des �tablissements consentent, certes, des apr�s-midis �sp�cial scolaires� ou des matin�es r�cr�atives mais c�est beaucoup plus le fruit d�un volontarisme, d�une improvisation, d�une saute d�humeur, que d�un programme r�fl�chi, n� de traditions bien �tablies. Des responsables, venus par effraction � la culture, se d�livrent d�s lors des satisfecit, �talent des chiffres, maquillent leurs calculs d��picier et d�clarent tout de go : �Nous avons touch� tant d�enfants !� Que c�est mignon ! on se croirait dans �les po�mes p�dagogiques�. A d�faut de m�diath�ques, de cirque, de clowneries, de th��tre, de contes, de comptines, de kermesses, de d�fil�s, de carnavals et de toutes formes de spectacles vivants � m�me de distiller joie et bonheur � nos enfants, des illumin�s se sont rabattus sur des inter-�tablissements houmiste dans une ambiance revancharde cr��e par des adultes ridicules en mal de� reconnaissance. Pourtant, il arrive que loin de ce charivari o� n�importe qui organise n�importe quoi, des illusionnistes, des clowns et des conteurs rendent visite aux enfants pour partager la bonne humeur, humblement, spontan�ment et d�s lors, les enfants en font leurs amis, leurs complices. Peut-�tre, les seuls dans ce monde de brutes, les vrais.