Au dernier jour des plaidoiries r�serv�es aux pr�venus poursuivis pour les d�lits de corruption et trafic d�influence, les avocats de plusieurs cadres ont d�nonc� une v�ritable chasse aux sorci�res dont sont victimes leurs clients. �On savait que l�administration �tait ingrate, qu�elle �tait mangeuse d�hommes mais en tra�nant des cadres sur les bancs d�un tribunal criminel, c�est la mati�re grise qu�on assassine et la r�gression f�conde qu�on encourage�, a estim� Me Laceb qui ne comprend pas que des cadres soient livr�s � la vindicte pour des cartes de gratuit� de transport ou de thalassoth�rapie qu�ils n�ont jamais demand�es. Nawal Im�s - Alger (Le Soir) - L�avocat qui d�fend l�ex-P-dg de l�Enafor a parfaitement r�sum� ce que ses confr�res pensent. Il parle d��ineptie juridique� et d�un �arr�t de renvoi sans aucun fondement juridique�. Pour la robe noire, son client ne se serait jamais retrouv� devant la justice si les rouages de l�Etat avaient bien fonctionn�, si les autorit�s financi�res du pays avaient �t� plus vigilantes. �Je ne vois pas ce que mon client fait ici. Il a fait un acte de pure gestion en d�posant une partie des avoirs de l�Enafor dans les caisses d�El- Khalifa Bank. Le PG s�est �gar� en orientant son interrogatoire su la mauvaise gestion. Comment peuton lui reprocher cela alors que lorsqu�il a quitt� son entreprise il a laiss� dans les caisse 400 milliards de centimes ?� Son mandant est, � l�instar de plusieurs autres cadres, poursuivi pour corruption et trafic d�influence, des accusations r�fut�es en bloc par la d�fense. �O� sont les �l�ments de la corruption ? La carte de gratuit� de transport dont vous parlez, il ne l�a jamais demand�e. Idem pour le trafic d�influence. J�ai l�impression qu�au sujet de ces deux d�lits, un code sp�cial pour l�affaire Khalifa a �t� cr�e�, dit l�avocat qui ajoute : �Mon client est victime d�abus de confiance, malheureusement, il se retrouve accus� au moment o�, sous les fen�tres du S�nat, s��changent des malles de dollars. Mon client avait comme garantie le fait que la banque priv�e soit agr��e par l�Etat et � ce que je sache ce n�est pas un Etat fantoche.� Et d�en conclure que tous ces cadres tra�n�s devant la justice le sont sur la base d�un dossier totalement vide. �Je suis pein� de voir des cadres s��tant d�vou� des ann�es au service de leurs entreprises se retrouver avec l��tiquette de pr�venus. C�est triste de les voir terminer leur parcours sur les bancs d�un tribunal criminel.� Pour �tayer ses propos et prouver la moralit� de son client, il dira que ce dernier, en d�pit d�un CV impressionnant et d�une carri�re remarquable, est toujours locataire d�un logement appartenant � l�OPGI. �Voil� comment on encourage la m�diocrit�, conclut-il. �Aoun est victime de la maffia du m�dicament� Pour l�avocat de Ali Aoun, les enjeux sont plus importants. �Mon client est victime de la maffia du m�dicament. Il les g�ne et il y a des int�r�ts financiers colossaux derri�re cela. L�usine d�insuline g�ne beaucoup.� Me Brahimi Abdelkader pointe un doigt accusateur vers cette maffia qu�il suspecte d��tre � l�origine de l�attentat qui avait vis� le P-dg de Saidal sur la route de la Chiffa. Accus� de corruption et de trafic d�influence, le P-dg de Saidal est poursuivi pour avoir b�n�fici� d�une voiture de marque C5 qu�il avait re�ue suite � la signature d�un contrat entre Khalifa et l�entreprise dont il est responsable. �Il faut remonter � l�origine de cette affaire. Lorsque Ali Aoun a appris que le v�hicule �tait en son nom et pas au nom de l�entreprise, il n��tait m�me pas � Alger. C��tait en mars 2003 et cette nuitl�, il l�avait pass�e dans un v�hicule sur le chantier de l�usine d�insuline de Constantine � attendre des chargements de b�ton. C�est � ce moment-l� que le chef de parc de Pharmal, la filiale qui utilisait la C 5, l�avait inform� que la voiture �tait � son nom�, raconte l�avocat. Une fois rentr� � Alger, le P-dg a pris attache avec l�administrateur provisoire qui l�avait r�orient� vers le liquidateur. �Ali Aoun voulait � tout prix clarifier la situation. Le liquidateur lui a alors propos� de payer le prix du v�hicule plus les int�r�ts. Ce que Aoun a fait apr�s avoir vendu ladite voiture.� L�avocat, qui a tenu � dire que Aoun avait �t� pi�g� par Khalifa, s�est interrog� sur les �l�ments prouvant l�existence d�une quelconque corruption. Pour ce faire, il a d�roul� le CV de son mandant, mettant l�accent sur le fait que c��tait lui qui, en 1995, avait redress� Saidal au moment o� il avait �t� nomm� pour la liquider. Inutile de pr�ciser que les deux avocats r�clament non seulement la relaxe de leurs clients mais la r�habilitation, tant le d�lit de corruption est infamant. N. I. Les milliards des d�put�s L�avocate de l�ancien responsable du juridique et du contentieux � El-Khalifa Bank a r�v�l� que son mandant avait eu affaire, au moment de la liquidation, � deux d�put�s ayant b�n�fici� de cr�dit sans garantie. �Mon client a refus� d�effectuer une main lev�e sur un bien appartenant � un certain Bouchouareb et qui avait b�n�fici� d�un cr�dit de 12 milliards de centimes.� Il s�agit, selon le responsable du juridique et du contentieux, de l��lu RND. L�avocate a fait savoir qu�un autre d�put� a, quant � lui, profit� de la somme de 26 milliards de centimes sans garantie aucune. La liste des VIP Au cours de sa plaidoirie, Me Brahimi Abdelkader, qui d�fend Ali Aoun, a affirm� que dans un souci de lever toute �quivoque sur la fameuse C5, son client avait pris attache avec le liquidateur qui lui avait propos� le m�me arrangement dont avait b�n�fici� d�autres VIP. Selon l�avocat, Badsi avait r�pondu � la sollicitation de Aoun en affirmant qu�il allait lui pr�parer une facture qu�il devait honorer, comme il l�avait d�j� fait avec d�autres VIP. �Qui sont ces VIP ? Le liquidateur est le seul � pouvoir r�pondre�, estime l�avocat. En guise de r�ponse, le liquidateur s�est content� de hocher la t�te comme � chaque fois qu�il est cit�. Khalifa a r�ussi � acheter le brevet de la trith�rapie C�est Khalifa Rafik Abdelmoumen qui a r�ussi � acheter le brevet permettant � Saidal de fabriquer les m�dicaments de la trith�rapie destin�e aux personnes atteintes du virus du sida. �Ni l�Etat alg�rien, avec tout ce qu�il repr�sente comme autorit�, ni Saidal n�avaient r�ussi � le faire. C�est finalement Khalifa qui a r�ussi � convaincre les Sud-Africains�, a affirm� l�avocat de Ali Aoun. N. I. Me BRAHIMI DEFEND L'ANCIEN DIRECTEUR DE L'ECOLE DE POLICE "C'est une victime devenue accus�e" Plaidant la cause de l�ancien directeur de l�Ecole de police de A�n-El-Benian, Me Miloud Brahimi s�est insurg� contre le fait que son mandant soit le seul pr�venu poursuivi pour d�lit � �tre en d�tention. �Foudada Adda n�a rien � voir avec l�affaire Khalifa. Il n�est entr� en sc�ne qu�en avril 2005, lorsque le liquidateur a remis son dossier au magistrat instructeur.� L�avocat est revenu dans le d�tail sur l�histoire de �la victime devenue accus�. A l�origine de son incarc�ration, l�op�ration de compensation des 5 milliards de dinars qui avait fait l�objet d�un nantissement au profit de l�entreprise hispano-alg�rienne bas�e � Oran. �Il s�agit d�un acte banal en mati�re de liquidation auquel on a donn� un caract�re p�nal�, dit-il avant de remettre en cause le travail fait par la chambre d�accusation affirmant qu�alors que le magistrat instructeur est arriv� � la conclusion du non-lieu, la chambre d�accusation a infirm� cette d�cision sans m�me prendre la peine de regarder au plus pr�s les motifs de loi. C�est d�ailleurs ce qui a conduit Me Brahimi � se d�constituer apr�s avoir livr� dans une lettre adress�e au magistrat instructeur et au ministre de la Justice les raisons de cette d�cision. Dans cette lettre, il a �voqu� les pouvoirs du magistrat instructeur qui sont r�duits � n�ant. �Je ne suis l� que parce que Foudad a insist�, a expliqu� l�avocat qui s��tonne qu�� aucun moment l�arr�t de renvoi ne mentionne que l�accus� a rembours� rubis sur l�ongle les 5 milliards et de conclure que l�ex-directeur de l�Ecole de police de A�n-El-Benian est une victime �roul�e dans la farine�. N. I. "L'arr�t de renvoi a �t� expurg� des noms qui d�rangent" L�avocate de Larouche Boualem, l�ancien responsable du service juridique d�El-Khalifa Bank, a dit tout haut ce qui se dit tout bas. �L�arr�t de renvoi a �t� lift�, expurg� de tous les noms qui d�rangent. La rue murmure des noms. Prions pour qu�elle ne se mette pas � gronder� et d�ajouter : �Il y a eu volont� d��paissir le dossier et voil� comment des personnes n�ayant rien � voir avec le dossier se sont retrouv�es m�l�es.� L�avocate n�a pas �pargn� la Cour supr�me ni la chambre d�accusation. �L�arr�t de renvoi n�est pas un mod�le � enseigner aux �tudiants en droit. La chambre d�accusation n�a fait que conforter le raisonnement simpliste du juge d�instruction. La Cour supr�me, cens�e unifier la jurisprudence et veiller au strict respect des lois, a all�grement bafou� et viol� la Constitution.� A l�origine du courroux de l�avocate, le nonrespect du d�lai imparti � la d�fense en mati�re de pourvoi en cassation. Inform� qu�il disposait d�un laps de temps d�un mois, expirant le 27 d�cembre, son mandant a eu la d�sagr�able surprise de constater que la chambre criminelle de la Cour supr�me s�est empress�e de statuer en date du 20 d�cembre. �A mon avis, les magistrats de la Cour supr�me savent compter mais ils se sont empress�s d�exp�dier le dossier�, d�plore-t-elle. Son client est poursuivi pour non-d�nonciation de crime et le PG a requis � son encontre trois ann�es de r�clusion criminelle. Les faits remontent � mars 2003, �poque � laquelle l�administrateur avait fait une procuration � Larouche afin de d�poser plainte contre des directeurs d�agence Khalifa Bank. Son avocate affirme que ladite procuration n�a �t� re�ue que mercredi soir et que le lendemain la mise � mort d�El-Khalifa Bank avait �t� prononc�e. �La banque n�ayant plus d�existence, mon mandant ne pouvait actionner la justice. D�ailleurs, � l�occasion d�une r�union avec le liquidateur, il lui avait remis le dossier. Ce dernier lui avait alors demand� de prendre son cong� durant lequel il a re�u une lettre dans laquelle le liquidateur l�informait de la cessation de la relation de travail�, raconte l�avocate qui ajoute : �Mon client est � l�origine de la premi�re plainte et n�avait aucun int�r�t � ne pas faire la seconde. Il n�a aucun lien de parent� ou d�amiti� avec les personnes objets de la plainte. Lorsqu�il a appris que les d�marches n�avaient pas �t� faites, c�est lui qui s�est d�plac� chez le juge d�instruction pour clarifier les choses et il avait �t� f�licit�. Que s�est-il pass� entre-temps ?� Me Sadat s�insurge : �L�Etat a �t� incapable de bouger et de prendre des mesures et on s�en prend � mon client. Il se retrouve aujourd�hui sans emploi alors qu�il a de vieux parents � charge et trois filles. Au nom des chouhada dont mon p�re fait partie, je vous demande de le relaxer.� La gorge de Me Sadat se noue. Elle pleure. L�assistance applaudit et Mme Brahimi en profite pour lever la s�ance pour 5 minutes.