Bien s�r, le questionnement sur le comportement politique des Alg�riens se heurte � ce paradoxe : pourquoi les grandes villes alg�riennes n�ont pas produit une conscience nouvelle de la politique malgr� l��clatement du patriarcat ? Nous avons tous en t�te quelques �l�ments de r�ponse : la persistance des mentalit�s au-del� de leurs bases sociales, l�importation massive de la culture patriarcale par l�exode rural, la reproduction des conduites sociales rurales avec le regroupement par affinit�s r�gionales, les liens persistants entre le �citadinis� et son douar d�origine, etc. Malgr� une activit� syndicale ancienne, une exp�rience d�autonome solide, le passage par la GSE, la grande masse des citadins n�est pas pass�e � une nouvelle vision de la politique. Pire, le potentiel populaire du camp dit d�mocrate semble s��tre effrit� au regard de ses capacit�s en 1991-1992 et de la grande manifestation apr�s le premier tour des l�gislatives. �videmment, le grand m�rite de ce camp d�mocrate est d�exister encore apr�s des �preuves terribles et malgr� le rouleau compresseur du pouvoir. Mais pourquoi n�arrive-t-il pas � capitaliser son apport pr�cieux � la lutte antiterroriste et � prolonger son combat pour la d�fense de l�Etat-nation et de la nation tout court ? Sur cette interrogation, aussi, il faudra se garder des raccourcis, des r�ponses toutes faites, de l�auto-justification pour aller vers les causes profondes. Vous me r�pondrez qu�il s�agit l� d�un travail acad�mique, pas d�une approche politique. Justement, la premi�re diff�rence politique de ce camp d�mocratique serait de s�int�resser plus � la soci�t� qu�au pouvoir, de comprendre que les facteurs explicatifs de la conduite politique se trouvent dans la structure sociale et non dans le g�nie d�un chef quelconque. Quelles conduites politiques, quels discours et, surtout, quelles actions de d�veloppement �conomique, social, culturel, philosophique, pourraient h�ter la naissance et l�affirmation d�une conscience moderne et r�duire le champ d�influence du patriarcat ? Nous n�en avons rien entendu.