D�termin�s � faire entendre leur voix, les habitants du village tch�que de Trokavec ont particip� hier � un r�f�rendum sur le projet de radar pr�vu sur un terrain militaire voisin dans le cadre du d�ploiement du bouclier am�ricain de d�fense antimissile. �Nous voulons lancer un cri vers le gouvernement, pour qu'il sache que les habitants de Trokavec sont absolument contre�, explique le maire (ind�pendant), Jan Neoral, qui administre depuis douze ans la bourgade d'une centaine d'�mes situ�e � deux kilom�tres du terrain pr�-s�lectionn� par les experts de l'Agence am�ricaine de d�fense antimissile (ADM) et � une soixantaine de kilom�tres de Prague. En projet depuis plusieurs mois, la r�cente proposition de Washington d'installer un radar en R�publique tch�que et un silo d'intercepteurs de missiles en Pologne voisine a �t� d�j� tr�s favorablement accueillie par Prague et Varsovie. La consultation organis�e aupr�s des 90 �lecteurs de Trokavec n'aura qu'une valeur symbolique, le gouvernement tch�que ayant rejet� l'option d'un r�f�rendum national et opt� pour la voie parlementaire pour faire adopter la proposition du Pentagone. �On n'a rien contre les Am�ricains, ce serait les Russes ou les Japonais, ce serait pareil : ce radar, on n'en veut pas�, souligne Ladislav Straka, un quinquag�naire massif. Pour lui, aucun doute sur le r�sultat du r�f�rendum qui devrait �tre connu en d�but de soir�e. �La majorit� des gens sont contre�, assure-t-il. A midi, plus de la moiti� des �lecteurs s'�taient d�plac�s pour voter, tous contre l'installation du radar dans les collines voisines, tr�s pris�es des chasseurs et des amateurs de champignons. �Le radar peut avoir un impact n�gatif sur nous, sur les animaux et sur la nature, on n'en veut pas�, s'insurge Milena Huskova, 52 ans, qui �l�ve des labradors au bout du village. �On s'inqui�te pour la sant� de nos petits-enfants, c'est pour �a que j'ai vot� aujourd'hui�, rench�rit Bohumil Treska, 52 ans. Le maire, �lectronicien � la retraite qui se flatte d'avoir fait une �cole militaire, assure avoir �trouv� sur Internet un tableau publi� par le Pentagone en 2002 prouvant que ce type de radar brouille les t�l�visions sur 4 kilom�tres et les t�l�phones portables sur 7 kilom�tres�. Dans la salle de vote surchauff�e, on lit avec application la longue phrase du bulletin avant de se rendre dans l'isoloir : �Je suis d'accord pour que la mairie de Trokavec m�ne toutes les d�marches l�gales pour emp�cher la construction de la station radar des Etats- Unis d'Am�rique sur le territoire du terrain militaire de Brdy.� A l'ext�rieur, deux enfants jouent au ballon, un retrait� sort une pancarte avec le portrait de Jan Zizka, un chef de guerre hussite, barr� du slogan �Non aux bases de radar�. �Il y a assez eu de soldats ici�, lance une vacanci�re de passage qui n'a pas non plus le droit de voter mais se dit �compl�tement contre�. Trois Tch�ques sur cinq (61%) sont oppos�s � l'installation du radar, selon un r�cent sondage de l'institut CVVM. En Pologne, l'opinion publique n'est gu�re plus favorable. Le projet de d�ploiement du bouclier am�ricain a suscit� les protestations les plus vives de Moscou qui se sent menac� par la proximit� g�ographique des installations pr�vues. Le Pentagone assure que les bases tch�que et polonaise, destin�es � compl�ter la couverture des installations existantes aux Etats-Unis, en Grande- Bretagne et au Groenland, ne visent qu'� contrer de possibles attaques de missiles de longue port�e en provenance du Moyen- Orient.