Dans quelques semaines, voire quelques jours, le nom de la Banque �trang�re qui entrera dans le capital du Cr�dit populaire d�Alg�rie (CPA) sera connu. Six banques internationales ont d�j� �t� pr�qualifi�es dont des fran�aises en pole position pour acqu�rir la majorit� du CPA. Cela signifierait-il un recentrage en faveur des banques fran�aises ? Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Un questionnement plausible et pour lequel la r�ponse ne pourrait �tre qu�affirmative. Cela d�autant que sur les six banques pr�qualifi�es pour l�acquisition de 51% du capital du CPA, les trois mieux plac�es sont les banques fran�aises. Rappel des faits : un appel � manifestation d�int�r�t avait �t� lanc�, en octobre 2006, � l'adresse des banques universelles internationales disposant de la capacit� d'agir en tant que partenaire strat�gique du CPA et de contribuer � son d�veloppement. Les partenaires int�ress�s par cette privatisation avaient �t� pr�cis�ment invit�s � retirer un dossier de pr�qualification aupr�s de la Rothschild and Cie, conseiller exclusif pour cette transaction. A la suite de l�examen de l�ensemble des manifestations d�int�r�t, six banques internationales ont �t� pr�qualifi�es en d�cembre dernier. Ce sont les banques am�ricaines City Bank et Natexis, les banques fran�aises Cr�dit agricole, BNP Paribas et Soci�t� G�n�rale ainsi que l�espagnole Santander Banco. Certes, l�envergure et le savoir-faire des banques am�ricaines et espagnole, la Santander Banco �tant class�e parmi les dix premi�res banques au monde, ne pr�tent pas � contestation. Les banques fran�aises favoris�es pour leur envergure Il semble n�anmoins que l�une au moins des banques fran�aises sera privil�gi�e, d�abord pour satisfaire aux conditions de pr�qualification et en raison de contingences politiques. Voire, qu�� l�avenir, la lib�ralisation se poursuivra en faveur des �tablissements fran�ais. Rappelons que pour �tre pr�qualifi� pour la suite du processus de privatisation, le partenaire strat�gique du CPA devait avoir, � la date du 30 juin 2006, un niveau de fonds propres minimum de 3 milliards d�euros, un r�seau d�au moins 400 agences dans un m�me pays et un rating (cotation) pr�fix� par cet appel. Des crit�res que ne peuvent remplir les banques originaires de pays du Golfe, en termes de nombre d�agences notamment et m�me si on a annonc� l�arriv�e de banques �miraties, maghr�bines et autres, outre l�agr�ment accord� � la banque libanaise FransaBank. Simple argument en d�faveur des �tablissements non hexagonaux ? Peut-�tre oui. Mais la rapidit� avec laquelle les trois banques fran�aises suscit�es, pr�sentes dans notre pays depuis plusieurs ann�es, ont pu, ces deux derni�res ann�es, �largir rapidement leurs r�seaux d�une agence � une moyenne de 15 � 20 agences pour les BNP Paribas et Soci�t� G�n�rale, permet de le conforter. Et cela d�autant que les filiales de banques fran�aises sont rapidement autoris�es � s�implanter dans notre pays, � l�instar de la banque Calyon, filiale du groupe Cr�dit agricole, �galement int�ress� par la privatisation partielle du CPA. En fait, ce que plusieurs acteurs de la place bancaire nationale redoutent c�est le risque du retour de la mainmise fran�aise sur cette activit�. Impact sur le secteur public alg�rien de cette mainmise Voire le risque que les banques publiques nationales, dominant encore � 90% l�activit� bancaire, et dont le nombre diminuera si l�option de la privatisation partielle de la Banque de d�veloppement local (BDL) se confirme, subissent le contrecoup de ce recentrage notamment sur leurs b�n�fices et parts de march�. Ainsi, des repr�sentants de la place bancaire dont des cadres dirigeants ne manquent pas de relever l�existence d�entraves au travail des banques publiques, relativement aux proc�dures d�exploitation, �voquant � ce propos la lenteur des proc�dures pour l�obtention des autorisations d�exploitation et des proc�dures administratives reliant les banques publiques � la Banque d�Alg�rie. Selon eux, les banques �trang�res ouvrent plus facilement et rapidement, en quelques mois seulement, de nouvelles agences � travers le territoire national alors que les banques nationales arrivent � le faire difficilement. �galement, ces banquiers d��voquer la facilit� avec laquelle les banques �trang�res traitent leurs succursales en Alg�rie en mati�re de gestion et d�investissement. A ce propos, ils indiquent qu�aucune autorisation n�est exig�e � ces �tablissements pour l�ouverture d�agences et de succursales en Alg�rie puisqu�une simple demande, adress�e aux compagnies m�res, suffit. En rappelant que les banques �trang�res sont limit�es en mati�re d�octroi de cr�dits et que les entreprises publiques ne sont pas autoris�es � effectuer des d�p�ts ailleurs que dans les �tablissements bancaires publics. Une mesure sujette n�anmoins � une remise en cause par les pouvoirs publics. De m�me, en rappelant que la nouvelle r�glementation de la Banque d�Alg�rie est plus drastique puisqu�elle pr�voit pour l�agr�ment de toute nouvelle banque une dotation minimale de 2,5 milliards de dinars, outre de satisfaire � des crit�res rigoureux en mati�re d�actionnariat, de comp�tences professionnelles manag�riales. Ceci conform�ment aux dispositions de la loi sur la monnaie et le cr�dit, amend�e par ordonnance en 2003, dans le contexte de crise du secteur bancaire et financier et qui a vu la disparition de la plupart des banques priv�es. Et cela m�me si seulement quelques banques �trang�res ont �t� agr��es depuis par le Conseil de la monnaie et du cr�dit aupr�s de la Banque d�Alg�rie. Une lib�ralisation bancaire ouverte officiellement � tous Ceci nonobstant les affirmations officielles quant � une lib�ralisation ouverte � tous, tant fran�aises que britanniques, am�ricaines ou autres, une lib�ralisation participant de la mise en �uvre de la r�forme bancaire. Ainsi, selon le staff minist�riel en charge de cette r�forme, les banques internationales sont de plus en plus nombreuses � pr�senter des demandes d'agr�ment aupr�s de la Banque d'Alg�rie pour l'ouverture de succursales en Alg�rie. Cela, dans l�objectif notamment de d�velopper la bancarisation, en passant de la norme actuelle d�une agence bancaire pour 28 000 habitants � celle d�une agence pour 5000 habitants. Selon ces assertions, les banques internationales ont pris conscience de l'importance du march� alg�rien, sur lequel elles peuvent miser financi�rement, et savent que l��conomie alg�rienne est d�sormais sur la bonne voie. Dans ce cadre, pour s�assurer de la qualit� des �tablissements bancaires qui souhaitent s'installer en Alg�rie, leur agr�ment est subordonn� dor�navant � la pr�sentation d'un plan de d�ploiement de leurs activit�s � moyen terme (densit� du r�seau, � travers le territoire national, prestations bancaires et financi�res � fournir...). Des pr�alables que toutes les banques �trang�res peuvent pr�tendre fournir m�me si la part du lion sera accord�e, en raison d�injonctions tacites des pouvoirs publics alg�riens, aux banques fran�aises. En fait, l�option fran�aise aurait �t� n�goci�e au plus haut niveau. Un choix profran�ais qui est �une r�alit� selon des sp�cialistes de la chose qui constatent qu�elle s�inscrit dans le cadre d�une strat�gie m�rement r�fl�chie. Un choix profran�ais d�lib�r� ? En d�autres termes, il n�est pas impossible que le choix profran�ais s�inscrive dans le cadre du red�ploiement de la politique d�attraction de l�investissement �tranger et de privatisation. L��quilibre �tant voulu entre les pays industrialis�s, les Etats-Unis s�assurant, relativement, d�une h�g�monie dans le secteur �nerg�tique, au-del� des r�centes controverses li�es � la mise en �uvre de la nouvelle loi relative aux hydrocarbures, et la France s�accaparant des services bancaires et assurantiels. Une strat�gie mise en �uvre depuis pr�s de quatre ans et qui a �t� favoris�e par la disparition, consid�r�e par certains observateurs comme voulue, de toutes les banques priv�es, en raison d�errements dans la gestion. Des errements regrettables certes, mais qui auraient d� �tre g�r�s autrement qu�en mettant en branle les r�centes mesures restrictives et au d�triment de l�entrepreneuriat bancaire d�essence alg�rienne. Et une strat�gie dont la finalit� est de remplacer les banques priv�es alg�riennes, dont plusieurs agences ont �t� qualifi�es par une voix autoris�e en 2003 de non rentables par les banques fran�aises. Pas dans l�absolu, selon des experts N�anmoins, d�autres experts financiers estiment qu�il sera difficile de privil�gier un quelconque �monopole� bancaire fran�ais, au regard de l�importance des projets de d�veloppement lanc�s � l�horizon 2009. Des projets qui n�cessitent pour leur financement l�apport de plusieurs banques �solides� internationales et pas seulement fran�aises, r�unis en consortiums et pools bancaires. Pour ces experts, l�arriv�e de banques �trang�res en force peut s�av�rer une bonne chose pour l��conomie nationale, sans craindre de risque quant � une perte de souverainet� nationale. En effet, la place bancaire nationale verra la comp�tition entre des banques publiques fortes, telles la Banque ext�rieure d�Alg�rie (BEA) et la Banque alg�rienne de d�veloppement agricole (Badr), et des �tablissements bancaires �trangers d�origines diversifi�es. A charge pour ces divers comp�titeurs de savoir bien tirer profit de cette situation et de bien s�organiser en vue d�assurer leur d�veloppement et, partant de l�, du pays. Et ces observateurs de faire remarquer que les textes r�gissant l�activit� bancaire et financi�re ne privil�gient aucunement une origine g�ographique par rapport aux autres mais uniquement la satisfaction des conditions suscit�es. Et d�autant que les param�tres susceptibles de favoriser le choix fran�ais (la proximit� de langue ou l�influence politique) ne sont pas absolument pertinents.