Ce qu�il critique, un acte d'autoflagellation, dirait mon voisin chiite. Parlant de ses ann�es de participation au pouvoir, il affirme que cet exercice a corrompu tout le monde � de rares exceptions (1). "Nous sommes arriv�s au pouvoir en 1989 sans programme et sans projets, souligne-t-il. L'argent du peuple a commenc� � d�ferler sur nous et nous avons succomb�. Toutes nos pri�res et nos p�lerinages sont frapp�s de nullit� parce que nous avons �t� corrompus". Le quotidien saoudien Echarq-al-Awsatfait aussi l'effort de suivre pas � pas le leader soudanais, comme un candidat en campagne. La tourn�e qu'il effectue actuellement � travers les instances locales de son parti peut le laisser supposer mais lui d�ment. Il a un objectif plus noble que celui de conqu�rir le pouvoir pour �tablir durablement massacres et autodaf�s. Non ! Hassan Tourabi veut �tre la nouvelle lumi�re de la religion, le phare qui �claire un monde musulman au ras des r�cifs. Alors, il encha�ne fetwa sur fetwa, tout en proclamant qu'elles n'en sont pas et qu'il se contente d'�mettre des id�es. Admettons ! La derni�re "id�e" en date de Hassan Tourabi concerne la lapidation. Lass� de jeter la pierre, au sens propre et au figur�, � tous ses adversaires politiques et religieux, le th�ologien se rebiffe. Toujours dans les colonnes de Echarqal- Awsat (1), il affirme que le ch�timent de la lapidation pour adult�re est propre au juda�sme (2). Une th�orie que des intellectuels lib�raux comme Lakhdar Afif, Sa�d Achemaoui, Djamal Al-Bana et d'autres avaient d�j� �voqu�e, sans pour autant sugg�rer de substituer la flagellation � la lapidation (3). L'argument principal de Hassan Tourabi, et avant lui de th�ologiens �clair�s, est que le Coran a substitu� le ch�timent de la flagellation � la lapidation �nonc�e dans les actes et dits du Proph�te. Hassan Tourabi, qui n'en finit pas d�cid�ment de donner des gages aux femmes, affirme cette fois-ci la primaut� du cerveau f�minin sur son homologue masculin. A contre-courant du dogme officiel selon lequel la femme manque de jugeote, voire de cervelle, il affirme qu'une femme savante vaut quatre hommes ignorants. Il r�fute �galement la th�orie de la gen�se sur la cr�ation d'Eve. Eve n'a pas �t� cr��e � partir d'une c�te d'Adam mais les deux ont �t� cr��s ensemble � partir d'une m�me �me scind�e en deux, dit-il. Tourabi s'enhardit encore : le "point extr�me" dont il est question lors du "Voyage nocturne" n'existe pas et le "Hadith" qui en parle "est �trange", selon lui. Sur la v�racit� des "Hadiths", Hassan Tourabi a aussi son id�e : Boukhari n'a retenu que 2% de tous les Hadiths qu'il a rassembl�s. Et sur ces 2%, on peut consid�rer qu'il y a le m�me pourcentage de Hadiths apocryphes. D'ailleurs, proclame l'agitateur soudanais, le Saint Coran doit �tre l'unique r�f�rence en la mati�re et dans d'autres domaines. Ce qui r�jouira certainement les "coranistes" de la trempe de Djamal Al-Bana et Ahmed Sobhi Mansour. Ce dernier, ancien imam d'Al- Aazhar d�froqu�, nous r�jouit cette semaine avec un texte sur la ligature phallique. Soyons plus clairs : beaucoup d'hommes jeunes et moins jeunes attribuent � des sortil�ges leur impuissance � accomplir leur devoir de m�le. On sait que cette ligature, ce n�ud gordien qui vous laisse tout flasque et mollasson, est la terreur des jeunes mari�s. Les jaloux et les envieux, parmi les proches et les voisins, se plaisent � contrarier la libido au moment strat�gique. Ahmed Sobhi Mansour nous retrace dans le magazine Elaph (http://www.elaph.com/Elaph Web/ElaphWriter/2007/3/21927 4.htm) quelques aspects historiques de cette croyance tr�s r�pandue. A l'origine, il y a �videmment un fondement religieux et le principal responsable, en l'occurrence, est un le v�n�rable cheikh Abdelwahab Chaarani. Ce dernier a v�cu de l'an 898 de l'H�gire � l'an 973. Le jour de son mariage, il s'est aper�u que des esprits malins avaient paralys� ses capacit�s. Cette ligature qui risquait de porter un coup fatal aux liens sacr�s du mariage s'�ternisa, ce qui n'est pas peu dire, durant cinq mois. Un jour, selon le r�cit de Chaarani, le cheikh Ahmed Badaoui, un saint soufi v�n�r�, mort un si�cle et demi auparavant, lui apparut en songe. Il lui demanda d'aller avec son �pouse jusqu'� Tanta o� �tait le mausol�e du cheikh. A son arriv�e, une couche avait �t� am�nag�e dans un coin du mausol�e et elle servit de lit nuptial � Chaarani qui vint enfin � bout de son sujet. C'est ainsi, nous raconte Ahmed Sobhi Mansour, que le mausol�e de Badaoui qui �tait d�j� un lieu de p�lerinage devint un centre de r�animation et de d�pannage. Bien entendu, le cheikh Chaarani devint un second incontournable du cheikh Badaoui. Celui-ci fut ainsi promu, � titre posthume et malgr� lui, au rang de redresseur des torts libidineux des si�cles avant l'invention du Viagra. L'ancien th�ologien souligne cependant que l'�poque �tait propice : "Le si�cle de Chaarani, dit-il, �tait celui de la professionnalisation du religieux. Les cheikhs �taient m�decins et professeurs. Ces ma�tres des ligatures d�tenaient le pouvoir d'attacher et de d�lier en tout, que ce soit en politique ou en sexualit�. Ils �taient omnipotents, omniscients et au-dessus de toute critique quoi qu'ils disent et quoi qu'ils fassent". (4) Suivent d'autres passages sur les m�urs de ces temps r�volus que l'auteur pr�sente avec les pr�cautions d'usage et que je ne me hasarderais pas � vous traduire. Je ne veux pas encourir davantage les foudres de ma�tres des ligatures. Vu l'ambiance actuelle, c'est d�j� assez risqu� de vous en parler et de vous indiquer les bonnes adresses. A. H. (1) On peut supposer que Hassan Tourabi fait partie de cette exception. On l'a vu chez nous : il suffit de d�noncer la corruption des autres pour exempter la sienne des tribunaux. (2) Ce n'est pas le moindre des paradoxes que ces propos soient repris dans un journal saoudien. On sait que la lapidation des adult�res est toujours d'actualit� au royaume wahhabite. (3) Si la lapidation est un ch�timent juif par tradition, comment se fait-il qu'Isra�l, Etat religieux, ne la pratique pas ? J'entends comme une quinte de toux du c�t� de Ghaza et plus pr�s encore. (4) Si cette �poque ne vous rappelle encore rien, regardez autour de vous et, surtout, �coutez, vous n'avez pas � tendre l'oreille, les hauts parleurs travaillent pour vous.