C'est le monde � l'envers : ils lancent une mode, la propagent, ici par la persuasion, l� par la force (arm�e) de l'habitude, puis ils se rebiffent d�s que les autres font mine de se mettre � la page. Ce sont les dirigeants du Hamas palestinien qui se mordent la queue � Ghaza. Vous savez : cette ville o�, entre deux mosqu�es, vous trouverez fatalement une mosqu�e. Gr�ce au Hamas et � l'argent des monarchies p�troli�res. Pendant des ann�es, voire des d�cennies, les islamistes palestiniens ont construit, conquis ou reconquis des �difices du culte. Ils se sont avis�s ensuite que les ruelles et les terrains vagues entourant ces lieux devaient aussi leur appartenir. Ils ont donc lanc� et impos� la pri�re collective du vendredi sur la voie publique, l� o� la voirie et l'eau passent rarement, � cause des restrictions isra�liennes. C'est ainsi que les services religieux se sont transform�s en meeting au service du Hamas sous le regard attendri des deux parents adult�rins l'Etat sioniste et la monarchie saoudienne. Comme tout ce qui tend � faire tache d'huile, le rituel du vendredi a donn� des id�es � d'autres. Le Fatah, mouvement rival du Hamas �vinc� manu militari de Ghaza, et ses "barb�f�l�nes" se sont dits : "Pourquoi pas nous aussi ?" Interrogation tout � fait l�gitime, au demeurant, et mise en conformit� avec la Charia, par d�cret. Apr�s avoir fait le dos rond, et pratiqu� la "takia" (dissimulation), les militants du Fatah ont d�cid� de proclamer leur ardente foi sous le soleil de Ghaza qui ne l'est pas moins. Le vendredi 31 ao�t, ils ont donc d�sert� les mosqu�es, contr�l�es par les pr�cheurs du Hamas, pour les places et les terrains vagues. Comme le prescrivent les usages int�gristes en pays arabes, le meeting politique a d�g�n�r� en manifestations violentes. La milice du Hamas a r�agi avec force et les nouveaux ma�tres de Ghaza ont d�cid� d'interdire d�sormais la pri�re dans les rues. Le gouvernement de Ramallah a donc lanc� un appel � des pri�res publiques pour vendredi dernier. L'ordre serait venu du pr�sident Mahmoud Abbas, respectueux de la tradition arabe et qui a assist� sans broncher � la reprise en main des mosqu�es par le Hamas. Moins timor�s et plus d�termin�s que les autres, les miliciens du Hamas ont montr� qu'ils �taient pr�ts � en d�coudre. Hamas est au service de Dieu et les maisons de Dieu, ainsi que les rares espaces qui les entourent, sont donc au service du Hamas ! Oui � la r�conciliation interpalestinienne mais sur la base des avantages acquis. Mahmoud Abbas a donc recul� mais cela n'a pas emp�ch� ses militants de se faire tabasser. Le Hamas est ma�tre de Ghaza et entend le demeurer. C'est pour cela qu'aucune parole de compassion pour les victimes de l'attentat de Batna ne s'est �lev�e des minarets de Ghaza ou m�me de Cisjordanie. Vous me direz qu'on n'a rien entendu aussi du c�t� des enclaves alg�riennes de Ghaza. Comme Mahmoud Abbas, nous avons livr� nos mosqu�es au bon vouloir de l'internationale islamiste. Alors que des Alg�riens meurent faute de soins, nous accueillons ses dirigeants dans nos h�pitaux. Mieux : nous le faisons savoir urbi et orbi. Nous proclamons � la face du monde que Karadhaoui est notre beau-fr�re, ce qui veut tout dire. Comment voulez-vous, apr�s �a, que nos imams condamnent l'attentat de Batna o� pas un seul Palestinien ou Qatari n'a �t� tu� ? Pas de politique dans les mosqu�es, autre que celle estampill�e par l'internationale int�griste. Haro sur les Am�ricains ! Sus aux chiites d'Irak et d'Assi-Youssef (1) ! Mort aux juifs et aux chr�tiens impies ! En dehors de ces cr�neaux, ne comptez pas sur eux pour s'�mouvoir sur leurs fr�res alg�riens, violemment ray�s des listes de je�neurs � une semaine du Ramadan. En ce dernier vendredi de cha�bane, ce n'est pas � l'ordre du jour des imams fondamentalistes que l'Alg�rie a form�s de fa�on inconsid�r�e. Mais si la violence perdure, on dira que l'Islam n'a rien � voir avec ces kamikazes qui se font exploser au milieu de la foule. Ce qui est une fa�on de laver les musulmans de l'opprobre alors qu'ils s'�vertuent � envoyer sur le terrain du djihad des cohortes de jeunes exalt�s. C'est trop facile de d�signer un ennemi ext�rieur alors que les ex�cutants sont la chair de notre chair. Sans coup f�rir, les gens qui ont interdit le FIS sont en train d'appliquer son programme avec un z�le et des r�sultats inesp�r�s. Pourquoi un parti politique islamiste alors que tous les partis l�gaux ou presque pi�tinent dans la m�me orni�re ? Le FIS a peut-�tre perdu en tant que tel mais son �tendard, virtuel, flotte partout et son hidjab est sur (dans) toutes les t�tes. En fait, nous refusons de voir les causes r�elles du terrorisme pour ne prendre en compte que ses effets. Ceux qui tuent des Alg�riens au nom de Ben Laden sont des Alg�riens. Ils sont des milliers, voire des millions d'admirateurs du terroriste saoudien. Et s'ils sont ainsi, c'est parce qu'ils ont acquis des pr�dispositions dans nos �coles et dans nos mosqu�es. Ceux qui r�clament plus de Charia dans notre enseignement pour bloquer toute r�forme salvatrice, travaillent objectivement pour Ben Laden. En excommuniant post-mortem ces jeunes kamikazes et en fermant les yeux sur leurs ma�tres � penser, nous faisons justement le jeu de Ben Laden. Il a raison d'exulter, le bougre, et se teindre la barbe en noir. Pendant qu'il planifie ses attentats, sa famille travaille � faire fructifier sa fortune. C'est avec le nerf de la guerre, les complicit�s et l'influence de clans que Ben Laden reste introuvable. Encore faudrait-il accepter comme v�rit� absolue que les Am�ricains veulent vraiment le capturer. En attendant, les affaires de la famille prosp�rent, et aux Etats-Unis m�mes o� les Ben Laden sont associ�s aux Bush. La derni�re intervention de la famille a consist� � jouer les Ponce Pilate en ce qui concerne les attentats du 11 septembre 2001 � New-York. Les avocats du Groupe Ben Laden viennent de rejeter toute responsabilit� de la famille dans ce drame. Ils affirment que les Ben Laden ont contraint Oussama � interrompre ses activit�s au sein du groupe depuis 14 ans. On sait que des rescap�s et des parents de victimes du 11 septembre 2001 ont intent� plusieurs proc�s � l'entreprise Ben Laden pour demander des milliards de dollars � titre de r�parations. Leur argumentation repose sur le fait que le groupe a prodigu� aide et assistance financi�re � Al Qa�da, avant le 11 septembre 2001. Le pr�sident du groupe, fr�re ut�rin de Ben Laden, a �t� l'un des principaux financiers de l'organisation. La firme Ben Laden est consid�r�e comme l'une des plus grosses entreprises de construction dans le monde arabe. Ses actifs sont �valu�s � 5 milliards de dollars et elle est pr�sente sur les plus gros chantiers d'Arabie saoudite et du monde arabe et musulman, comme l'agrandissement de l'a�roport du Caire, pr�cise le magazine Elaph. Les r�actions � ces informations montrent cependant que Ben Laden n'a pas que des partisans dans le monde arabe. Un lecteur affirme que ce ne serait que justice que la famille indemnise toutes les victimes du 11 septembre 2001. Les enfants d'Oussama devraient m�me donner tous leurs v�tements, en particulier son fils Amr qui voyage partout et qui vient de se marier en Angleterre, ajoute-t-il. Commentaire d'un pauvre et futur riche marocain du PJD islamiste : "La corruption est arriv�e premi�re et nous sommes seconds". En effet, arriver seconds juste derri�re les corrompus, �a prouve qu'on a des aptitudes certaines. A. H. (1) J'ai appris avec fiert� que mon village natal comptait d�sormais une dizaine de chiites identifi�s, en plus de la vingtaine de chr�tiens d�j� rep�r�s.