Dans de pr�c�dentes chroniques, nous avons eu � montrer combien l�industrie publique alg�rienne a r�gress�. Nous avions eu � souligner, chiffres � l�appui, que la crise qui secoue ce secteur industriel public depuis plus d�une d�cennie est bien structurelle puisque ni les assainissements financiers r�p�t�s, ni les plans internes de redressement des entreprises publiques mis en �uvre, d�abord par les fonds de participation, puis par les holdings, n�ont pu en am�liorer le tableau clinique. L�industrie alg�rienne a aussi besoin de r�formes �conomiques qui touchent tant au mode de r�gulation qu�� ses modes d�organisation et d�accumulation. Nous pointons aujourd�hui notre regard sur la situation de l�industrie nationale priv�e dont on dit qu�elle serait en meilleure posture que nos anciennes soci�t�s nationales. Quelle place occupe le secteur priv� dans l�industrie nationale ? Les derni�res mises � jour et disponibles jusqu�en 2004 nous permettent d��valuer la part du secteur priv� dans la valeur ajout�e de chaque branche industrielle du pays. Parts du secteur priv� dans la valeur ajout�e industrielle : R�partition par branche BRANCHES 1989 2004 Mines et carri�res 13,8 6 ISMME 9,2 9,8 Mat�riaux de construction 12,6 34,1 Chimie, caoutchouc, plastique 24,3 23,8 Agroalimentaires 52,5 76,2 Cuirs et chaussures 31,4 83 Bois, li�ges, p�pier 25,1 45,6 Industries diverses 45,4 43,5 Total industries priv�es (hors hydrocarbures) 25,9 36,8 Ce tableau appelle trois remarques : 1) En cinq ans, la part de l�industrie priv�e dans toute l�industrie alg�rienne hors hydrocarbures a progress� de onze (11) points. Ce qui est consid�rable. 2) Les branches de l�industrie �lourde� (selon la terminologie consacr�e en Alg�rie) sont rest�es le fait du secteur public. 3) Le secteur priv� s�est principalement consacr� aux branches industrielles dites l�g�res : les industries de biens de consommation : agroalimentaires, textiles et confections, cuirs et chaussures. En 2005, l�ONS d�nombre 25 961 entreprises industrielles qui se r�partissent par branche et par nature juridique de la mani�re suivante : Nature juridique Priv� national Priv� �tranger Economie mixte EPE Autres publics Total Branches
Extractives 899 49 18 18 35 1019 Manufacturi�res 23 894 57 17 433 358 24 759 Electricit�/gaz 117 6 - 5 55 183 Total industries 24 910 112 35 456 448 25 961 Comme on peut le constater, le secteur priv� industriel est largement dominant par le nombre d�entreprises mais il faut souligner qu�il s�agit surtout de tr�s petites entreprises (TPE) puisque les entreprises priv�es de moins de 6 personnes repr�sentent 84% du total des entreprises de ce secteur et celles de plus de 60 personnes, 4,5% seulement. En 2000, les entreprises industrielles dans le total des entreprises priv�es repr�sentaient 26%, en 2005 elles ne sont plus que 22%. Les investissements priv�s ne vont pas prioritairement � l�industrie. Et de moins en moins. En 2000, les entreprises industrielles priv�es nouvellement cr��es repr�sentent 23% du total des cr�ations d�entreprises et en 2005 elles ne repr�sentent plus que 13,45%. Ainsi, les investisseurs priv�s qui ont effectivement progress� depuis la fin de la d�cennie 1990 ne choisissent pas prioritairement l�aventure industrielle. C�est plut�t le secteur des services : commerce, transport... et � un degr� moindre celui de la construction qui ont la faveur des investisseurs priv�s. Si, ni l�Etat, ni les op�rateurs priv�s n�investissent dans l�industrie manufacturi�re, manufacturi�re, il est facile de comprendre pourquoi la valeur ajout�e par habitant cr��e par les industries manufacturi�res r�gresse et occupe aujourd�hui la derni�re place au Maghreb. Comme le montrent les chiffres suivants : La valeur ajout�e par habitant dans l�industrie manufacturi�re 1983 2003 Alg�rie 242 125 Maroc 120 240 Tunisie 160 440 Egypte 80 220 L�Alg�rie est ainsi devenue le pays le moins industrialis� dans la r�gion (c��tait, en 1983, le pays le plus industrialis�). Cette d�sindustrialisation est confirm�e par les donn�es relatives � la part de l�industrie manufacturi�re dans le PIB en 2004. Part de l�industrie manufacturi�re dans le PIB (2004) Alg�rie 7,2% Tunisie 18,7% Maroc 17% Egypte 19,2% Turquie 13,8% En 2006, cette part de l�industrie manufacturi�re dans le PIB (industrie hors hydrocarbures) a encore r�gress� : 5,7%. L�Alg�rie industrielle a fait long feu et, pour l�instant, l�apr�s-p�trole c�est encore le p�trole !! Cette d�sindustrialisation s�explique bien s�r par un mauvais climat des affaires. Cela est maintenant un fait admis par tous les analystes et observateurs. Cette d�sindustrialisation s�explique aussi par la trop rapide et trop grande ouverture commerciale qui tarde � �tre corrig�e et qui d�courage les investisseurs industriels potentiels qui craignent l�aventure concurrentielle que leur m�nent les importateurs l�gaux et ill�gaux. Il faut savoir, en effet , que le taux de protection commerciale nominale de l�Alg�rie est le plus faible de la r�gion. Taux de protection nominale (2006) Alg�rie 13,5 Tunisie 17 Maroc 20 Egypte 30,3 Bien faible protection de l��conomie alg�rienne qui est pourtant d�ouverture commerciale bien plus r�cente que celle du Maroc, de la Tunisie et de l�Egypte qui ont d�j� acc�d� � l�OMC et qui ont sign� bien avant l�Alg�rie des accords d�association avec l�Union europ�enne. Cette protection de l��conomie alg�rienne explique les pertes d�importantes parts de march� int�rieur que subissent les producteurs nationaux et le d�couragement des investisseurs industriels potentiels qui doivent faire face aussi � l��conomie informelle en pleine expansion. Rappelons qu�en 2005, l�industrie manufacturi�re alg�rienne a encore affich� un taux de croissance n�gatif de - 2,3% ! L�industrie alg�rienne est malade, bien malade. Mais... qu�en est-il advenu de la strat�gie de relance industrielle de Hamid Temmar pr�s de deux mois apr�s la tenue des assises de l�industrie ?!