L��conomie �gyptienne des ann�es 1960 est fortement marqu�e par le nationalisme nass�rien et, bien �videmment, le secteur public y joue un r�le d�terminant. Les entreprises publiques en Egypte r�alisent l�essentiel du PIB du pays et leur gestion est � l�instar des mod�les d��conomie de commandement de type sovi�tique, centralement administr�e. Au d�but des ann�es 1970 et sous l�effet du processus de mondialisation lib�rale de l��conomie qui commence, l��conomie �gyptienne est en pleine crise : croissance n�gative, ch�mage, endettement interne et externe. Le gouvernement �gyptien ne peut �viter de faire le constat public de la faible performance de ses entreprises publiques et la d�gradation, bien qu�encore lente � l��poque, de ses �quilibres macrofinanciers. Il �tablit, par ailleurs, que ces entreprises publiques s'enfoncent dans une s�rie de probl�mes graves : baisse du taux de rendement interne, d�t�rioration de la valeur de l�actif net, augmentation du d�couvert bancaire et de la dette et du service de la dette. La spirale d�couvert-dette-d�ficit est en marche et le secteur public �conomique est en pleine r�cession (on croirait lire la situation qui pr�valait en Alg�rie !) Le gouvernement �gyptien d�cide la restructuration organique et financi�re des entreprises publiques (eh oui !). Les premi�res mesures qui sont prises ne visent pas encore � remettre en cause la propri�t� publique des entreprises, elles cherchent plut�t � r�former ces entreprises, � les r�organiser et � les restructurer. (m�me s�quencing qu�en Alg�rie !) C�est donc le d�but des assainissements financiers r�p�titifs qui alourdissent, pour le Tr�sor, le fardeau de la dette publique. La lib�ralisation et l�ouverture de l��conomie �gyptienne engag�es par l�Infitah de Anouar Assadate inscrivent pas encore clairement la n�cessit� de privatiser les entreprises publiques m�me si cette option n�est pas enti�rement absente au moins au niveau des d�clarations d�intention. En 1991, une loi est promulgu�e qui r�organise le secteur public �conomique : les entreprises publiques sont organis�es en holdings et filiales. 27 holdings sont cr��s regroupant 314 filiales. L�Etat d�l�gue ses pouvoirs de propri�taire aux holdings qui jouissent d�une autonomie de gestion et qui sont soumis � l�autonomie financi�re. Les dirigeants des holdings signent avec l�Etat des contrats de performance qui d�finissent les objectifs � atteindre. Un bureau technique rattach� au ministre du Secteur public est cr��. Il est charg� d�assister le ministre dans ses missions de suivi des programmes de holdings et de privatisation des entreprises publiques. En f�vrier 1993, les holdings sont r�organis�s et leur nombre passe de 27 � 17. Les entreprises publiques sont class�es en trois cat�gories : 1- Les entreprises performantes �ligibles en priorit� � la privatisation. 2- Les entreprises confront�es � des probl�mes n�cessitant des actions de restructuration. 3- Les entreprises lourdement d�structur�es. (Incroyable ! On croirait lire un document �conomique alg�rien !) Les holdings sont charg�s dans un premier temps de concevoir, en relation avec le minist�re du secteur public, un programme de restructuration organique et financi�re des entreprises publiques et d�en suivre l'application. Le gouvernement �gyptien pr�sente la r�forme du secteur �conomique public comme une action de redressement des entreprises dont il est le propri�taire sans obligation de privatisation. Cette r�forme touche � deux volets : une restructuration industrielle avec ses aspects organisationnel, technique et technologique, et manag�rial (la restructuration organique de Brahimi, chez nous, et le travail de filialisation entam� par les holdings, une restructuration financi�re visant � assainir les finances des entreprises publiques par un apport de capitaux soit de la part de l�Etat, soit de la part des nouveaux actionnaires nationaux et �trangers, soit des deux � la fois. Le principe de base retenu par les holdings consiste � n'assainir financi�rement une entreprise publique que sur la base d�un v�ritable plan de redressement interne � l�ex�cution duquel s�engage celle-ci (les fameux PRI chez nous !) Ainsi, dans un premier temps, et comme le pr�conisait le programme de r�formes de Mouloud Hamrouche chez nous, la crise de performance des entreprises publiques est g�rable par une simple restructuration et une r�forme qui consiste � leur imposer des crit�res de gestion identiques � ceux auxquels sont soumises les entreprises priv�es. Cette solution sera d�autant plus efficace, pensait-il, qu�une ouverture de capital sous forme de partenariat avec des investisseurs �trangers est mise en �uvre par les holdings (mais quel est donc cet inspirateur commun aux Egyptiens et aux Alg�riens ?) A leur d�but, les r�formes �conomiques engag�es en Egypte, notamment dans leur volet relatif aux entreprises publiques, n��taient pas aussi radicales que celles qui �taient mises en �uvre dans les pays d�Europe centrale et orientale. Mais ce �r�formisme soft�, pour reprendre l�expression d�un �conomiste �gyptien, n�a pas produit les r�sultats esp�r�s et les d�ficits financiers du secteur public �conomique continuaient d�augmenter (m�me processus, m�mes r�sultats en Alg�rie !) Le gouvernement �gyptien remet alors � l�ordre du jour le programme de privatisation qu�il avait g�r� jusque-l� avec pr�caution, craignant sans doute de trop fortes r�sistances des travailleurs inquiets de leur avenir. Trois objectifs principaux sont fix�s � ce programme de privatisation : 1- R�duire le d�ficit du Tr�sor public g�n�r� en grande partie par des assainissements r�p�titifs d�entreprises publiques non performantes. 2- Relancer l�investissement notamment dans le secteur industriel. 3- Etendre le secteur priv� pour le rendre dominant dans l��conomie. A ses d�buts, le programme pr�voyait la privatisation de 25 entreprises publiques par an pendant 5 ans. Mais jusqu�en 1993, aucune privatisation n�a eu lieu et depuis cette date seules quelques cessions de parts minoritaires et quelques ventes � des salari�s ont eu lieu. En 1996, le gouvernement �gyptien d�cide d�acc�l�rer le processus (comme l�avait d�cid�, chez nous, M. Temmar ?!), 93 entreprises sont mises sur le march� mais seules 33 d�entre elles ont connu une cession de capital minoritaire (10 � 20% et dans la plupart des cas, � des salari�s � des conditions pr�f�rentielles). A ce jour, les privatisations des entreprises publiques en Egypte progressent � un rythme bien lent (comme en Alg�rie !). Les raisons de l��chec sont nombreuses : r�ticences id�ologiques, r�sistances syndicales, administrations bureaucratiques en charge de l'ex�cution du programme, absence de v�ritables investisseurs d�cid�s � reprendre ces entreprises. Tout comme en Alg�rie, les privatisations des entreprises publiques en Egypte ont r�v�l� les blocages id�ologiques auxquels se heurte un pouvoir ayant prosp�r� sous le r�gime de l��conomie �tatique centralement planifi�e et disposant d�une rente appr�ciable. Pourtant, aussi bien en Egypte qu�en Alg�rie, un programme de privatisation des entreprises publiques, ex�cut� dans la coh�rence, est tout � fait possible comme il l�a �t� dans les anciens pays socialistes : les d�marches, les m�thodes, les instruments juridiques existent et ont montr� leur efficacit�. Alors pourquoi ces �checs r�p�t�s en Egypte et en Alg�rie ?