Du Printemps berb�re au Printemps noir, de trop nombreux jeunes de Kabylie ont pay� le prix fort du droit � l�expression. Nous avons red�couvert avec le Printemps berb�re le transfert vers notre jeunesse actuelle d�une tr�s vieille question n�e dans les ann�es 20 du si�cle dernier avec le groupe des ma�tres auxiliaires r�unis autour de Zenati (rien � voir avec le Zenati actuel du FFS) et reprise dans la crise �berb�riste� du PPA autour de 1947. Cette crise �berb�riste� du PPA n�a pas fait l�objet de racines id�ologiques ant�rieures et a �t� trait�e simplement comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. D�j�, le mouvement national qui nous a fourni les dirigeants actuels pr�f�rait ensevelir les questions g�nantes que les affronter. Culte de la personnalit� de Messali Hadj et obsession unitaire, plut�t unitariste, ont contribu� au report du probl�me au nom d�une urgence anti-coloniale en grande partie justifi�e. Il fallait construire et d�fendre l�id�e d�une nation alg�rienne contre les mythes coloniaux et les doutes de quelques-uns des animateurs politiques de l��poque. Reporter cette question de savoir quelles racines historiques, ethniques, linguistiques ont produit les composantes de notre identit� nationale ne signifiait pas l�ignorer, une fois l�ind�pendance acquise. Nous avons assist� depuis ce printemps berb�re � un v�ritable retour du refoul� historique. A ce qui pouvait sembler �vident, l�existence en Alg�rie de Berb�res parlant berb�re et qui de surcro�t avaient fourni d�importants contingents de militants, de cadres, de djounoud des M�sarda � l�ouest, aux Chaouis � l�est et des Zouaoua du Dahra aux Touareg au sud. C�est le pouvoir et quelques-uns de ses id�ologues, dont beaucoup d�origine kabyle d�ailleurs, ont oppos� � cette �vidence ethnique, linguistique et historique l�id�e que nous �tions exclusivement arabes et musulmans comme s�ils avaient affaire non � des nationaux ind�pendants depuis pr�s de trente ans et gr�ce � leurs propres luttes mais � des ennemis. Ce faisant, le pouvoir avait plac� deux composantes, la langue arabe et la religion au-dessus de la composante nationale pour laquelle nous venions de perdre un million et demi d�hommes et de femmes dans l�une des plus dures guerres de Lib�ration. Il �tait plus important pour le pouvoir de se dire arabe et d��tre musulman que d��tre alg�rien. D�s lors, le pouvoir a ouvert la voie � toutes les d�rives politiques, l�gitimant la pers�cution d�Alg�riens, voire l�inquisition, au nom d�une th�ologie. Vous en connaissez la suite.