Dans le cadre de la semaine culturelle organis�e au niveau du centre universitaire de Bouira par l�association culturelle Assirem n�Djerdjer, M. Ali Brahimi, militant de la premi�re heure de la cause amazighe et l�un des 24 d�tenus du Printemps berb�re 1980, a anim� mardi dernier une conf�rence- d�bat autour de la revendication amazighe. Usant de la langue arabe pour faire parvenir son message � l�auditoire compos� d��tudiants ayant pour la plupart tr�s peu de ma�trise de la langue fran�aise et sachant que parmi les �tudiants, il y avait des arabophones, l�animateur a essay� tout au long de son expos� d�expliquer comment, contrairement � l�id�e qu�a toujours propag�e le pouvoir en place, la question amazighe a toujours �t� un facteur d�union et de cristallisation de la nation alg�rienne une et indivisible. Ainsi, remontant le plus loin dans l�histoire du mouvement nationaliste alg�rien, M. Ali Brahimi a rappel� la composante des fondateurs de l�Etoile nordafricaine en 1926, faite en majorit� de Kabyles et d�un certain Messali Hadj. La pr�sence des Kabyles dans la premi�re organisation nord-africaine s�expliquait par le fait qu�� l��poque, les Kabyles, qui vivaient sur des terres montagneuses incultes car chass�s des plaines par les colons, n�avaient trouv� d�autres issues que d��migrer en France. L�, une fois conscients de leur situation et de celle de leur pays, ils ont commenc� � s�organiser pour revendiquer l�ind�pendance de toute l�Afrique du Nord. Cependant, � cette �poque d�j�, Messali Hadj d�finissait son action dans un cadre arabo-musulman alors que les autres fondateurs la d�finissaient dans un cadre la�c tel que s�organisait la soci�t� au niveau des villages. Plus tard, Messali Hadj cr�a le PPA en prenant le soin d��vincer les premiers fondateurs de l�ENA. Cependant, l� aussi, il sera confront� aux autres nationalistes kabyles qui d�finissaient l�Alg�rie dans un cadre global en refusant de d�crire un Etat comme �tant une entit� bas�e sur la langue et la religion, mais sur des fronti�res donn�es telles que d�finies par les Nations unies. Plus tard, cette notion sera reprise dans le congr�s de la Soummam et les cadres intellectuels de l�ALN de l��poque, � leur t�te Abane Ramdane, savaient que beaucoup d�Europ�ens d�Alg�rie �taient aux c�t�s de la cause alg�rienne. Apr�s l�ind�pendance et la lutte des clans, la g�n�ration post-ind�pendante allait reprendre le flambeau des a�n�s en d�finissant la revendication amazighe dans un cadre d�mocratique et de pluralisme politique mais celle-ci qui avait co�t� des pires exactions aux militants de la cause amazighe, notamment en 1980, s�articulait entre autres sur la revendication multilinguistique avec m�me l�arabe alg�rien comme composante de la personnalit� et l�identit� culturelle alg�riennes aux c�t�s des autres composantes de tamzight. Toutes ces revendications et malgr� un pouvoir des plus n�gateurs vont finir par �branler le syst�me et arracher le multipartisme tant revendiqu� par le peuple. C�est dire combien la g�n�ration post-ind�pendante qui avait lutt� dans un cadre culturel, le MCB � dont faisait partie le conf�rencier � avait contribu� � l�av�nement du multipartisme ! Toutefois, une fois le multipartisme install� et la question amazighe n��tant plus un tabou, les militants d�mocrates commen�aient d�j� � se poser la question autour de l�opportunit� de cohabitation de plusieurs langues dans un Etat centralis� et jacobin comme le n�tre. C�est l� qu�avait germ� l�id�e de revendiquer en plus de la langue amazighe comme nationale et officielle, l�Etat r�gionalis�. En d�autres termes, pour l��mancipation de la langue amazighe, il doit y avoir un Etat d�centralis� o� les r�gions pourront jouir de plus de pr�rogatives et de plus de pouvoir de gestion avec un Parlement r�gional. Tout cela dans un cadre organis� o� les minist�res de souverainet� comme la D�fense et les Affaires �trang�res ainsi que la monnaie seraient du ressort de la capitale, Alger. Cependant, poursuit le conf�rencier, toutes ces revendications ont �t� l�apanage de la question amazighe qui s�est transform�e depuis la revendication essentielle, celle de l�ind�pendance du pays et sa construction, � la n�cessit� de l�heure, celle de l��uvre citoyenne. Une n�cessit� de l�heure sans laquelle rien ne pourra se faire, � savoir la participation citoyenne dans l��dification du pays et des r�gions... Lors des d�bats, le conf�rencier est revenu sur les �v�nements du Printemps berb�re survenus suite � l�annulation de la conf�rence de Mouloud- Mammeri sur les po�mes kabyles anciens, qui avait d�clench� la protestation chez les �tudiants. Puis vinrent les fameuses arrestations de ce qui sera appel� d�sormais les 24 d�tenus, qui furent lib�r�s gr�ce � la mobilisation nationale tant en Kabylie que dans toutes les universit�s du pays, ainsi que la pression internationale... Notons � la fin que, outre cette conf�rence, l�association estudiantine organise une exposition- vente d�objets traditionnels et de poterie, et des robes kabyles, ainsi que des livres se rapportant � la culture amazighe. Durant cette semaine, une radio locale, une pi�ce th��trale et un gala sont au menu.