�Ntmena nalbess djeddid. N�koun sa�d. Nmout chahid.� �Mon v�u est de me v�tir de neuf. D��tre heureux. De mourir en martyr�. Un souhait que ne cessait de formuler � ses proches et notamment � ses s�urs Fateh Bouiren, �g� de 35 ans, l�un des trois pompiers de Bordj-El-Bahri, d�c�d�s mercredi dernier, suite � l�explosion de la voiture pi�g�e qui a cibl� le commissariat de Bab Ezzouar. Fateh s�est mari� il y a sept mois et allait f�ter son 36�me anniversaire le 2 juillet prochain. Nous avons rencontr� sa famille six jours apr�s le drame dans leur appartement de la cit� 605 � Boudouaou. Une grand-m�re qui avait �lev� le jeune Fateh, dont le visage passait du sourire timide � une profonde tristesse visible � ses yeux embu�s, un p�re, par pudeur, contenant ses larmes, des s�urs aussi attrist�es, et un fr�re plus jeune, Sofiane, refusant imperceptiblement de croire � la perte de son a�n� mais qui affichait un visage presque souriant. Une famille �plor�e, se refusant � l�oubli, mais r�sign�e de perdre ce jeune pompier. Un agent fauch� � la fleur de l��ge alors qu�il �tait en mission, � bord d�un v�hicule de service, transportant des �quipements et de la peinture. Une mort, �un choc�, que sa famille a encore du mal � accepter, aucun des ses membres n�ayant pu voir sa d�pouille. Seul un ami du d�funt a pu reconna�tre le corps avant qu�il ne soit inhum� au cimeti�re de Boussekoul � Bordj-El-Bahri. N�anmoins, avec la foi au c�ur, ses proches n�ont eu de cesse de rappeler les vertus de Fateh, qui avait rejoint la Protection civile � l��ge de 18 ans apr�s avoir �chou� de peu � l�examen du baccalaur�at. �Un type bien. Tr�s calme. Serviable. Aim� de tous. Pratiquant et tr�s religieux�, ils n�ont pas manqu� de mots touchants sur ses bonnes actions et sa disponibilit� envers tous. Un pompier qui, selon son entourage, pressentait d�une mani�re ou d�une autre sa fin et qui ne cessait d�exprimer ses �gards � sa famille et notamment � son fr�re Sofiane, dont il �tait tr�s proche et s�assurait toujours de son bien-�tre. �Mon fils est un bon gar�on. Elev� dans la tradition. Appr�ci� de tous.� C�est en ces termes que A. Bedoud, p�re de Nabil Bedoud, le second pompier ravi ce mercredi noir, s�est exprim� lorsqu�il nous a re�us � son domicile, une petite r�sidence d�une cit� de la Protection civile, situ�e � quelques encablures de l�Ecole nationale d�ing�nierie et travaux appliqu�s (Enita) � Bordj-El-Bahri et de l�Ecole nationale de formation de la Protection civile. Retrait� de la Protection civile, le p�re de Nabil, avec r�signation mais une douleur perceptible, �voquera le parcours de son fils. N� le 30 juin 1972, il avait � son actif 17 ans de service. Nabil pr�parait ses noces, pr�vues dans quelques mois. Un agent du feu dont le p�re, fier, disait qu�il �tait �mon bras droit�. Nabil �tait membre d�une fratrie de 8 enfants et a�n� de trois gar�ons. Il avait refus� de rejoindre un de ses fr�res, r�sidant au Canada, pr�f�rant rester aux c�t�s de ses siens. Le p�re ne manquera pas de rappeler que le m�tier de pompier est un m�tier risqu�, o� la mort ou les blessures peuvent survenir � tout moment. En d�clarant � ce propos : �Je connais l�esprit du corps. Je sais ce qui peut arriver d�une mani�re ou d�une autre.� Mais �el mektoub�, le p�re de Nabil y croit fermement. Cependant, il n�aurait jamais imagin� qu�un jour son fils mourrait, souffl� par une bombe. C�est un des jeunes enfants de Bouhoui Tahar, le troisi�me pompier d�c�d� � 60 ans, qui nous a accompagn�s � la maison mortuaire, une r�sidence traditionnelle du centre-ville de Bordj-El- Bahri. Li�s, �g� d�environ 7 ans, jouait tranquillement au ballon avec son copain m�me si la tristesse se lisait sur ses yeux. Tahar, apr�s 35 ans de bons et loyaux services, �tait � l�or�e de la retraite. La consternation marquait �galement les visages des autres membres de la famille de Tahar, pr�sents ce jour-l�, comme sa seconde �pouse, la premi�re �tant d�c�d�e, ses filles et quelques-uns des 9 neufs enfants de ce pompier qui, � l�instar de son fr�re Loun�s, �galement retrait�, �tait fils de chahid. Une famille tout aussi �plor�e de perdre en Tahar �une personne tr�s estim�e. Tr�s sensible. Travailleur�. �Nous ne comprenons pas pourquoi il est parti�, une exclamation parmi d�autres de quelques-uns de ses proches, n�ayant pu admettre la mort de Tahar que le lendemain de sa disparition. Ils attendaient toujours son retour chez lui. Des parents qui ont cru au d�but que l�un des morts du commissariat de Bab-Ezzouar �tait un de leurs cousins, avant que la d�pouille ne soit reconnue comme �tant celle de Tahar, qui portait une cl� que son fr�re Loun�s a conserv�e comme une sainte relique. Tahar, qui avait tenu � accompagner les deux autres agents Nabil et Fateh, � bord du v�hicule de la Protection civile, en mission, en rappelant que la quatri�me personne � bord de la voiture, victime de graves blessures, devrait �tre transport�e pour soins � l��tranger. Trois familles, en douleur, qui ont salu� le corps de la Protection civile, rest� � leurs c�t�s durant cette �preuve et qui a pris en charge l�enterrement des trois victimes du devoir, une institution qui a fortement soutenu les familles. Des pompiers qui travaillaient ensemble dans la m�me caserne et qui, de retour d�une mission, sont morts dans la m�me voiture. Des amis qui, co�ncidence �trange, portent dans leurs noms la m�me initiale, B. Trois soldats du feu d�c�d�s � Bab-Ezzouar, un autre B en commun, et qui ont �t� enterr�s le m�me jour, inhum�s dans trois tombes adjacentes au centre du cimeti�re de Boussekoul � Bordj-El-Bahri, deux autres B en partage. Paix � leurs �mes.