Les Marocains sont un peu comme nous : ils r�agissent plus qu'ils n'agissent face au ph�nom�ne terroriste. C'est ce que constate le penseur marocain Sa�d Lakehal qui s'attaque � l'inertie des autorit�s religieuses de son pays devant la mont�e du fondamentalisme. Il s'en prend principalement � la politique religieuse suivie par Abdelkrim Aloui El-Medeghri, l'ancien ministre des Waqfs et qui se r�sume comme suit : 1) L'importation du rite wahhabite en encourageant l'envoi de "d�l�gations estudiantines" en Arabie saoudite afin qu'elles se p�n�trent des croyances et des fondements id�ologiques de ce rite. Ceci, dans le but de faire face � la vague chiite et de contrer le danger religieux que repr�sentait la "R�volution islamique" que Khome�ni avait d�cid� d'exporter vers les pays arabes et musulmans. 2) La campagne id�ologique wahhabite a b�n�fici� des tribunes (minbars) mises � sa disposition dans les mosqu�es officielles que g�re le minist�re des Waqfs. C'est de l� que la conqu�te et l'emprise du wahhabisme sur la soci�t� ont commenc� � s'�tendre et � s'approfondir jusqu'� atteindre les contr�es et les villages les plus recul�s. Parmi ceux qui ont �tudi� en Arabie saoudite et ont occup� les minbars, citons Abou Hafs qui dit de lui-m�me : "J'ai obtenu le baccalaur�at en sciences exp�rimentales et �tudi� durant une ann�e � l'Universit� Hassan II, fili�re physique et chimie. Puis j'ai tourn� mon visage vers la "Cit� des lumi�res", M�dine, o� j'ai �tudi� la Charia � l'universit� islamique. J'ai obtenu un dipl�me avec mention et je suis retourn� � F�s". A F�s, il a utilis� la tribune du vendredi pour propager les id�es wahhabites, les anath�mes et les fetwas pousse au crime. Sur son site �lectronique qu'animent ses partisans, on peut lire les d�tails suivants : "Le cheikh, que Dieu brise ses cha�nes, a �tudi� les sciences islamiques dans une des universit�s saoudiennes. Il a ensuite visit� l'Afghanistan et il est devenu l'un des alli�s les plus en vue du mouvement des talibans et de Oussama Ben Laden. Il a �t� l'un des premiers marocains � saluer les op�rations du 11 Septembre 2001 qu'il a qualifi�es de f�te sacr�e encore inachev�e. Son v�ritable nom est Abdelwahab Rafiki, il a �t� arr�t� avant l'attaque b�nie du 16 mai � Casablanca."(1) 3) La voie ouverte au flot de livres, de cassettes et de Cdrom porteurs de l'id�ologie wahhabite et leur vente libre dans tous les endroits, y compris dans les march�s et les transports publics. Cette r�alit� a �t� reconnue par El-Medeghri lui-m�me dans un entretien au quotidien Le Sahara marocain, en date du 9 juin 2003 : "Quel est l'appareil charg� de surveiller les comptes bancaires des particuliers et des associations et de contr�ler le nombre et le volume des op�rations avec l'�tranger ? Est-ce que c'est le minist�re des Affaires religieuses ? Qui a autoris� l'entr�e des tonnes de livres et de supports audiovisuels wahhabites, ainsi que leur distribution et leur vente sur la voie publique ? Etait-ce le minist�re des Affaires religieuses ? Qui a permis l'ouverture d'instituts religieux wahhabites partout au Maroc?... Qui a laiss� des garages et des bidonvilles se transformer en mosqu�es ?" Effectivement, le ministre des Waqfs n'est pas responsable des flux financiers et de la transformation des garages et des bidonvilles en mosqu�es pr�chant le wahhabisme et l'extr�misme. Cependant, il est responsable du contenu des pr�ches et des imams qui font la promotion du wahhabisme, comme id�ologie religieuse et comme mod�le social. 4) Les facilit�s offertes aux imams wahhabites afin qu'ils infiltrent les institutions religieuses officielles et, en premier lieu, les conseils scientifiques. La majorit� de ces conseils s'est transform�e en vitrines pour attirer les imams et pour r�pandre les id�es wahhabites. Sans compter leur opposition syst�matique � toutes r�formes religieuse, politique ou sociale. La plus grande bataille men�e, de ce point de vue, par les mosqu�es et les conseils scientifiques a �t� contre le projet d'"int�gration de la femme dans le d�veloppement" (2). - Le second probl�me se rattache aux �v�nements terroristes qu'a v�cus le Maroc le 16 mai 2003 et � la mont�e des dangers du fait de l'accroissement des cellules terroristes. Ces �v�nements ont d�clench� la sonnette d'alarme contre le danger que constitue le terrorisme religieux pour la stabilit� et la s�curit� du Maroc. Et ce danger est incarn� fondamentalement par ceux qui sont connus comme "les cheikhs de l'extr�misme" ou "les �mirs sanguinaires". A leur t�te, on retrouve Al- Fezzazi qui excommunie l'Etat et la soci�t� et incite au meurtre. Il affirme, en effet : "Nous n'avons pas dans notre religion quelque chose qui s'appelle libert� de croyance. Nous avons, au contraire, dans notre religion ce qu'a dit le Noble Proph�te et qu'a rapport� Boukhari : "Celui qui change de religion, tue-le !" Donc, la libert� de croyance est garantie par l'article 18 de la D�claration universelle des droits de l'homme. Le meurtre des apostats est prescrit par le hadith du Proph�te d�j� cit�. (�) On peut citer encore Abdelkarim Chadli qui a proclam� que : "Quiconque prend d'autres r�f�rences que Dieu pour l�gif�rer est un idol�tre� On doit donc savoir que l'homme ne sera jamais un bon monoth�iste tant qu'il n'aura pas rejet� tous les tyrans anciens et nouveaux. Chaque �poque a ses tyrans mais les pires sont ceux d'aujourd'hui qui dirigent les hommes avec des lois civiles diverses." Il y a encore d'innombrables autres th�ologiens qui pr�nent l'extr�misme et incitent � la violence sans �tre inqui�t�s par la justice. L'article de Sa�d Lakehal, qui est r�guli�rement menac� par la mouvance int�griste, est une r�ponse indirecte � notre confr�re irakien Far�s Alouane qui s'interrogeait la semaine derni�re sur les facilit�s offertes par le Maroc � la p�n�tration wahhabite. Il s'�tonnait que les autorit�s marocaines n'aient pas r�agi en temps voulu pour extirper les fondements id�ologiques du terrorisme. Ayant v�cu quelque temps au Maroc, Far�s Alouane estimait que ce peuple �tait peu perm�able aux id�es extr�mistes. Il jugeait, en effet, les Marocains d'autant plus aptes � vaincre l'extr�misme qu'ils sont diff�rents des peuples du Proche-Orient et m�me diff�rents de leurs voisins alg�riens (!!!). Nous n'avons pas la pr�tention de corriger son erreur d'appr�ciation en ce qui concerne la diff�rence entre les Alg�riens et les Marocains. Ces derniers le crient � tous vents, et ceci bien avant que les bombes n'�clatent dans leurs villes. Non ! Nous sommes tous �gaux en intol�rance, en extr�misme et en violence. Nous sommes en voie d'obtenir nos dipl�mes � la m�me �cole du salafisme n� de l'absorption du mal�kisme par le wahhabisme. J'en veux pour preuve la situation d�crite par Sa�d Lakehal : il suffit de changer les noms marocains par des noms alg�riens et vous verrez qu'il n'y a aucune diff�rence. Pour nous, comme pour les Marocains, le cauchemar a d�j� commenc� (3). A. H. (1) Il faut reconna�tre que sur ce point, les Marocains nous ressemblent encore beaucoup en d�pit de leurs d�n�gations. (2) Dans les si�cles � venir, on �piloguera encore sur le luxe de pr�cautions que les Arabes s'offrent pour appeler simplement un chat, un chat ou pour statuer sur le sort de la femme en tant que personne et non sous couvert d'une entit� familiale pleine et enti�re. (3) Formule emprunt�e � la s�rie culte am�ricaine "Les Envahisseurs".