Journaliste � Livres hebdo, le journal des professionnels du livre fran�ais, Michel Puche raconte comment il s�est int�ress� � l��diteur alg�rois Edmond Charlot, dont il a reconstitu� le catalogue et r�dig� une biographie. Le Soir d�Alg�rie : Vous avez consacr� un ouvrage � Edmond Charlot, quels chemins vous ont conduit vers lui ? Michel Puche : Edmond Charlot est venu s�installer dans l�H�rault, � P�zenas, la ville o� je suis n�, aux d�buts des ann�es 1980. Il y a ouvert une librairie que j�ai commenc� � fr�quenter car elle �tait toute proche de la maison familiale. Je ne connaissais pas alors son �tonnant parcours d��diteur � Alger puis � Paris. J�ai d�couvert d�abord un libraire hors pair. Il savait vous conseiller un ouvrage, s�aidant en cela de sa prodigieuse m�moire livresque. Il disait : �Prenez cela� et ajoutait souvent une anecdote d�licieuse sur l�auteur, qu�il avait connu ou publi�. Gr�ce � lui, j�ai d�couvert Jules Roy, Albert Cossery, tant d�autres auteurs et, surtout, un des premiers textes de Camus, Noces, dont il avait �t� le premier �diteur. Cela piqua ma curiosit� de journaliste, et je me suis mis � rechercher ses ouvrages chez les libraires d�ancien. Ils �taient devenus fort rares, et chers ! Plus tard, nous avons d�cid� de reconstituer son catalogue, qui �tait perdu, puisqu�il avait �t� plastiqu� � deux reprises par l�OAS � Alger. Et c�est un �diteur de P�zenas, Jean- Charles Domens, qui publia le fruit de ces recherches et de notre collaboration. Aurait-il sa place aujourd'hui dans un monde de l'�dition domin� par l'argent ? Sa mani�re de travailler �tait tout � fait artisanale, librairie et �dition �troitement imbriqu�es. Il s�est appuy� d�s le d�part, en 1936, sur un r�seau d�amis, de professeurs, d��tudiants, d�artistes, anim�s par une m�me passion pour la M�diterran�e. Mais il n�a jamais gagn� beaucoup d�argent dans ses activit�s, il en a plut�t beaucoup perdu� Il r�alisait de petits tirages, quelques centaines d�exemplaires � peine, et publiait ses amis. Ce serait �videmment difficile aujourd�hui de vouloir reproduire le m�me sch�ma. La concentration dans le monde de l��dition est beaucoup plus forte, et les petits �diteurs ont de plus en plus de mal � se rendre visibles sur un march� domin� par quelques grands groupes. Dans ce monde de l'�dition marqu� par la puissance financi�re, quelles le�ons pouvons-nous tirer de son exp�rience artisanale ? Charlot a quand m�me d�montr�, en partant de rien, puisqu�il n�avait au d�part aucun moyen financier, simplement les encouragements de son professeur de philo � Alger, Jean Grenier, qu�il �tait possible de rassembler et de publier sous son nom des talents aussi vari�s que Camus, Roy, Robl�s, Amrouche, Cossery, Feraoun� Il ne se fiait qu�� son go�t, qu�il avait tr�s s�r, et ne cessait de concevoir l��dition comme un prolongement de la librairie, conseillant � ceux qui voulaient se lancer dans la premi�re de commencer par la librairie. Malgr� toutes les difficult�s rencontr�es, les ann�es de guerre, les ennuis avec la censure, la p�nurie de papier, l�hostilit� de grandes maisons parisiennes, il est parvenu � construire un catalogue prestigieux de pr�s de 300 titres, en obtenant des prix litt�raires importants, et en laissant une trace aussi singuli�re qu�attachante. Propos recueillis par Bachir Agour Biographie Fr�d�ric Jacques Temple est n� et vit � Montpellier. En 1942, il rencontre � Alger Edmond Charlot qui deviendra son premier �diteur. En 1943, il participe aux derniers combats contre l�Afrika Korps en Tunisie, � la Campagne d'Italie, au d�barquement en Provence et termine la guerre en Autriche. Revenu � Montpellier en 1948, il collabore � la Radio r�gionale et se lie d'amiti� avec Joseph Delteil et Blaise Cendrars. Ses �uvres en prose autant que ses po�mes doivent l'essentiel � ses racines m�diterran�ennes, ses voyages, sa passion pour l'histoire naturelle et la conscience aigu� d'une enfance perdue et d'un Sud d�figur�. Ses premiers recueils ont �t� r�unis dans une anthologie personnelle (Actes Sud 1989) plusieurs fois r��dit�e, qui a obtenu le prix Valery Larbaud. D'autres po�mes ont suivi : La Chasse infinie(1995), Po�mes de guerre (1996), Calendrier du Sud (1998), A l'ombre du figuier (2003), po�mes avec des gouaches d'Alain Cl�ment, Ode � Saint-P�tersbourg (2004) avec une s�rigraphie originale de Pierre Soulages. Il a �galement publi� cinq r�cits chez Actes Sud : Les Eaux Mortes, Un Cimeti�re indien, l'Enclos, La route de San Romano, le Chant des Limules. On lui doit aussi des traductions et des biographies.