Ce ne sont certainement pas les deux meilleures �quipes de cette saison qui s�ach�ve, leurs parcours respectifs en Premier League et en Serie A faisant foi, mais, sur n�importe quel autre plan, Liverpool et Milan AC n�ont rien � envier � personne, ni du point de vue prestige ni sur celui du sens du spectacle qu�ils assument pleinement au grand bonheur des ap�tres du beau jeu, comme ils l�ont montr� depuis le coup d�envoi de cette �dition, eux qui ont an�anti les espoirs d�authentiques favoris : le FC Barcelone et Chelsea pour Liverpool, le Bayern Munich et Manchester United pour Milan. Les Merseysiders comme les Lombards ont ce petit quelque chose en plus qui leur permet de se sentir pousser des ailes sur le Vieux Continent tout en �tant incapables de tenir t�te � des �quipes de moindre envergure, dans leurs championnats respectifs. Le propre des grandes �quipes. Et puis, rien que pour cette ineffable finale d�Istanbul il y a deux ans, les Rossoneri et les Reds m�ritaient de se retrouver, comme pour les plus grands combats de boxe made in USA, pour une revanche qui suscite un engouement incroyable, r�duisant au ridicule le quota des 17 000 places r�serv�es � chacun des deux clubs par l�UEFA. Des retrouvailles pour une finale comme de par le monde entier on les aime, comme tous les classiques tel que sont en train de devenir les Liverpool - Milan. Azedine Maktour Kaka, la star id�ale Une gueule de ch�rubin, un dribble d�vastateur, d'une efficacit� d�courageante et de plus en plus constante : le Br�silien Kaka, pl�biscit� comme le meilleur joueur au monde du moment, est la plus belle vitrine et le plus bel atout de l'AC Milan qui affronte Liverpool aujourd�hui. Il ne lui manque quasiment rien. Kaka fait partie de ces gens qui �nervent, de ceux dont rien ne d�passe, pas m�me une m�che de cheveux rebelle, et � qui tout r�ussit. Riche, un physique de mannequin, un visage � faire tomber � la renverse toutes les bellesm�res, pour le c�t� pile. C�t� face : l'un des joueurs les plus dou�s de la plan�te, poss�dant un jeu liss�, efficace, limpide et sans asp�rit�, le plus europ�en des Br�siliens. C'est d'ailleurs l'un de ses paradoxes : car Kaka le Br�silien, venu du pays o� le football spectacle est roi, incarn� � merveille par son compatriote Ronaldinho, est le symbole m�me du geste simple, sans fioriture, cherchant l'efficacit� au lieu de l'�clat, la nettet� redoutable au lieu de l'emberlificotage �rig� en art au Br�sil. Un style qui sied parfaitement � l'�cole milanaise, l� o� il est arriv� il y a quatre ans (en provenance de Sao Paulo), o� seul le r�sultat importe, quelle que soit la mani�re. "C'est le fils id�al, le gendre id�al, il est beau courageux, talentueux", dit de lui le patron de l'AC Milan Silvio Berlusconi. Et la caricature du gendre id�al chez lui confine m�me aux limites de la r�alit�. C'est � peine si quelqu'un a entraper�u une quelconque sc�ne o� l'enfant mod�le est sorti de ses gonds, � des ann�es lumi�re du footballeur truqueur, bagarreur. Lui ne dit mot, s'impose par sa classe, toujours propre sur lui, jusqu'� d�go�ter ses adversaires. Issu d'un milieu ais�, Kaka n'est pas fait du m�me bois que ces artistes n�s dans la rue. Il fait partie de ces gentlemen rares, qui d�notent dans un pays o� la l�gende ne con�oit que des stars �lev�es dans les favelas. Si le monde du football l'avait quelque peu oubli�, en partie parce que l'AC Milan, handicap� par le retrait des points li� au scandale du Calcio, ne pouvait pas esp�rer jouer les trouble-f�tes en Serie A, la Ligue des champions fut un contre-champ id�al. Meilleur buteur de la C1 (10 buts), son doubl� face � Manchester United lors de la demi-finale aller ne fut rien d'autre qu'un plaidoyer : celui d'un artiste. Son acc�l�ration qui laissa Heinze sur place, et les spectateurs sans voix, risque de rester longtemps dans les m�moires. Avec 42% des voix, les lecteurs de la Gazetta dello Sport l'ont m�me pl�biscit� comme meilleur joueur du monde, son compatriote Ronaldinho n'obtenant que 12% des suffrages, ce qui confirme une tendance: sa simplicit� n'est plus un frein � la reconnaissance de son talent. Seulement, dans cette biographie quasiment parfaite, demeure un hic : le Mondial. Annonc� comme l'une des pi�ces-ma�tresses du carr� magique "Auriverde", le chef d'orchestre s'est gripp� sur le sol allemand, incapable d'allumer une �tincelle que tout le monde attendait, s�ch� par la France en quart de finale. Autre accroc : celui que l'on annonce comme le futur Ballon d'Or un peu partout n'a jamais gagn� de Ligue des champions. Il faisait partie de cette �quipe milanaise qui tente de cacher son traumatisme de cette finale perdue en 2005 face � Liverpool. "Ce qui est arriv� est arriv�", a-t-il tout simplement l�ch�, interrog� sur les stigmates d'un match qui restera malgr� tout comme la plus belle finale dans l'histoire de la Ligue des champions. Il a l� l'occasion de r�ajuster le tir, pour que vraiment rien ne d�passe. Gerrard, c�ur de l�arm�e rouge Liverpool. Ses Beatles, son port, sa Mersey, ses usines d�saffect�es et... son Steven Gerrard ! Du haut de ses 27 printemps (le 30 mai prochain), le chef d'orchestre des Reds, scouser jusqu'au bout des crampons, peut s'enorgueillir d'�tre l'ic�ne de tout un peuple. Capitaine embl�matique d'une formation dont l'histoire appartient � la l�gende, Steven Gerrard incarne le fighting spirit britannique dans toute sa splendeur. Et les Milanais sont pr�venus: le prodige de Liverpool, qui vient de rempiler, compte bien conqu�rir � nouveau la Ligue des champions. Bien s�r, la technique est perfectible et le joueur gagnerait probablement � �tre plus vif. C'est un fait, Steven Gerrard n'a pas grand-chose en commun avec un Ronaldinho, un Cristiano Ronaldo ou encore un Kaka, celui qui sera son pendant en terme de classe, mercredi soir, sur la pelouse d'Ath�nes. Non, Steven Gerrard n'est pas de ces footballeurs qui forcent l'admiration du monde entier par leur audace et leurs facult�s balle au pied. Le gamin de Whiston, dans la banlieue de Liverpool, �volue dans un tout autre registre. Un registre typique du pays du ballon rond. Celui de la pugnacit�, de l'abn�gation, de la t�nacit�. Les Milanais peuvent en attester : si la combativit� devait �lire un porte-parole pour plaider sa cause sur les terrains d'Europe, le capitaine des Reds emporterait sans nul doute la timbale. Lui qui, un soir de mai 2005, avait sonn� la r�volte �carlate face aux Lombards pour offrir � la Mersey le cinqui�me troph�e supr�me de sa riche histoire. Men�s 0-3 par les Rossoneri � la mi-temps de la finale de la Ligue des champions, les hommes de Rafael Benitez avaient su prendre exemple sur leur fer de lance - auteur du but de l'honneur - pour refaire leur retard en l'espace de six minutes et ainsi arracher une s�ance de tirs au but victorieuse. Deux ans plus tard, le symbole est toujours aussi fort, l'extr�me engagement de Steven Gerrard, d�sormais marque de fabrique de la maison rouge, ne s'est jamais d�menti. "C'est un leader naturel, il n'a pas besoin de beaucoup parler. Il m'inspire le respect, � moi comme � l'�quipe", confesse Javier Mascherano, co�quipier admiratif du ph�nom�ne. Un diamant brut taill� au fil des saisons dans le plus bel �crin du Royaume - � Anfield - que les dirigeants liverpuldians n'ont m�me pas � prier pour s'assurer de sa fid�lit�. Cette semaine en effet, l'international anglais, qui compte pourtant parmi les hommes les plus convoit�s du pays, a volontiers prolong� le contrat qui le lie aux Reds, d�sormais jusqu'en 2012. Ce, pour la coquette somme de 120 000 livres par semaine (plus de 175 000 euros). Une bagatelle au vu des moyens financiers dont b�n�ficie d�sormais le club. D�barqu�s sur les bords de la Mersey avec une enveloppe de 60 millions d'euros en gage de bonne volont�, les nouveaux propri�taires am�ricains, George Gillett et Tom Hicks, ont r�ussi leur premier pari: conserver l'�me de Liverpool au sein de l'effectif rouge, celui que les supporters ont d�sign� deuxi�me "scouser" de tous les temps derri�re le mythique Ecossais Kenny Dalglish, vainqueur de la Ligue des champions � trois reprises (1978, 1981, 1984). Mercredi, Steven Gerrard briguera sa deuxi�me coupe aux grandes oreilles avec la hargne et la fougue qui le caract�risent. Il l'a promis: "J'ai aussi faim pour cette finale que pour la premi�re." Et si le virtuose n'omet pas de rendre hommage aux Milanais, en les assurant de son "profond respect", hors de question pour lui et ses partenaires de craindre les troupes de Carlo Ancelotti: "Ce qui importe, c'est que l'�quipe de Liverpool qu'on a vue toute cette saison en Europe soit pr�sente � Ath�nes. Si cette grande �quipe est l�, alors Milan devrait avoir un match tr�s difficile � jouer." Le capitaine a parl�. Gageons qu'il saura joindre le geste � la parole sur la pelouse du Stade olympique d'Ath�nes. LES FORCES EN PR�SENCE... Gardiens Reina/Dida. Apr�s un d�but de saison difficile, Pepe Reina a retrouv� sa forme de l'an dernier. Dida est capable du meilleur comme du pire, peu assur� sur les centres, avec des placements peu orthodoxes. Il devra oublier son cauchemar d'Istanbul. Avantage Reina. D�fenseurs Finnan/Oddo. Sans �tre impressionnant, l'Irlandais est r�gulier. Per�u comme le point faible de Milan contre Manchester, le champion du monde, plus offensif, a mis Cristiano Ronaldo sous l'�teignoir au retour. Egalit�. Agger/Maldini. Deux excellents lecteurs du jeu. Le v�t�ran Maldini a l'exp�rience des grands matches. De retour de blessure, une l�g�re incertitude demeure toutefois. Il pourrait �tre remplac� par Kaladze. Avantage Maldini. Carragher/Nesta. Les deux hommes sont en forme. Nesta est un pilier de Milan et pour beaucoup Carragher, apr�s un d�but de carri�re h�sitant, est le meilleur d�fenseur anglais. L�ger avantage Nesta, pour l'exp�rience. Riise/Jankulosvski. Un des h�ros d'Istanbul, Riise, qui pourrait �tre align� au milieu, est pr�cieux par son apport offensif et sa frappe, mais peut �tre brouillon. Pour Nedved, Jankulosvski, qui aime monter, est le meilleur joueur tch�que, mais peut montrer des failles en d�fense. Egalit�. Milieux de terrain Gerrard/Gattuso. Ces deux formidables comp�titeurs ne s'appr�cient gu�re. "Monsieur Plus" de Liverpool, Gerrard est infiniment plus technique, mais Milan sans Gattuso n'est plus Milan, comme l'avait montr� sa sortie en seconde p�riode � Manchester. "Kaka ne brille que parce qu'il a Gattuso derri�re", selon Gullit. Mascherano/Ambrosini. Une des cl�s du match. Infatigable, technique, Mascherano est m�connaissable depuis son arriv�e � Liverpool en janvier, malgr� certaines prises de risques sur ses passes. Puissant et excellent de la t�te, Ambrosini est moins dou� mais s'est impos�. Avantage Mascherano. Alonso ou Sissoko/Pirlo. Autrefois pi�ce essentielle de Benitez, Xabi Alonso, qui devrait quitter Liverpool, n'est plus intouchable et pourrait laisser sa place au puissant Momo Sissoko. L'un ou l'autre aura pour mission d'enrayer la machine Andrea Pirlo, revenu en grande forme, redoutable sur coup de pied arr�t� et imprenable dans un bon jour. Avantage Pirlo. Kewell/Seedorf. (Zenden tr�s incertain). Kewell pourrait �tre titularis� alors que, bless�, il n'a quasiment pas jou� cette saison. Clarence Seedorf conna�t une seconde jeunesse, impressionnant par son apport offensif comme par son activit�. Avantage net pour Seedorf. Attaquants Kuyt/Kaka. Courageux et intelligent dans ses courses, Kuyt est � des ann�es-lumi�re de Kaka, qui peut faire la diff�rence � lui tout seul. Avantage incontestable pour Kaka. Crouch/Gilardino ou Inzaghi. Parfois pataud, Crouch p�se sur les d�fenses et a marqu� six fois en Ligue des champions. Gilardino n'a pas fait oublier Shevchenko, et Inzaghi, formidable comp�titeur, vieillit. Egalit�. Opposition de style sur fond de revanche La finale de la Ligue des champions entre Liverpool et l'AC Milan sera une opposition de style et la revanche de celle remport�e en 2005 par l'�quipe anglaise apr�s l'un des plus improbables retournements de situation de l'histoire du football. Opposition de style. Les "Reds" n'ont pas la qualit� technique milanaise. Leurs matches sont rarement beaux. Ils compensent par l'organisation sans faille de l'entra�neur Rafael Benitez et un engagement physique impressionnant qui mettra � l'�preuve certaines vieilles jambes milanaises. Carlo Ancelotti n'a pas cach� qu'il aurait pr�f�r� affronter Manchester United en finale. Avec Liverpool, moins joueuse, son �quipe aura moins d'espace. Mais Milan n'est pas d�pourvu en terme d'organisation, avec Ancelotti, l'un des rares sacr�s comme joueur (1989 et 1990) et entra�neur (2003), et n'a rien � envier au niveau de l'engagement, avec des joueurs comme Gennaro Gattuso ou Massimo Ambrosini. Attaque. Un point commun entre les Milanais et les Liverpuldiens, surprenant pour des finalistes, est l'absence dans leur effectif d'un attaquant de classe internationale en Ligue des champions, pour laquelle Ronaldo n'est pas qualifi�. Par rapport � la finale de 2005 perdue aux tirs au but apr�s avoir men� 3 � 0, les Italiens sont orphelins d'Hernan Crespo et surtout d'Andre� Shevchenko. Gilardino est complet mais peu efficace en Coupe d'Europe et Pippo Inzaghi est un redoutable finisseur mais est vieillissant. Le principal danger viendra de Kaka, derri�re l'un des deux hommes, qui en est � dix buts. C�t� anglais, Craig Bellamy, Peter Crouch, Dirk Kuyt sont courageux, usants pour les d�fenses, mais pas des grands joueurs. Les sp�cialistes. A l'exception du Real Madrid, les finalistes 2007 sont les plus titr�s, avec onze C1, six pour l'AC Milan, cinq pour Liverpool (comme le Bayern Munich). Ils ne se sont affront�s en finale qu'en 2005. Les Reds ont affront� des clubs italiens lors de trois de leurs six finales, gagnant contre l'AS Rome (1984) et Milan, et �tant d�faits par la Juventus Turin (1985) lors d'un match marqu� par le drame du Heysel suivi du bannissement de six ans des clubs anglais. En dix finales, Liverpool a �t� le seul adversaire anglais de Milan. La revanche. La volont� de rendre � Liverpool la monnaie de sa pi�ce apr�s son cauchemar de 2005 jouera-t-elle un r�le ? "L'esprit de revanche est parfait avant une finale si les Milanais parviennent � canaliser leurs �motions pour rester concentr�s du d�but � la fin", dit le N�erlandais Ruud Gullit, ancien Milanais. La saison. Les deux �quipes ont tout mis� sur l'Europe, tr�s vite hors course en Championnat � cause du retrait de points cons�cutif au scandale des matches truqu�s et des blessures pour Milan, d'un d�but de saison calamiteux pour Liverpool. Les Anglais ont eu un parcours moins chaotique que les Milanais qui ont perdu trois rencontres, dont deux en poules, et ont eu besoin de la prolongation pour passer l'obstacle du Celtic en huiti�mes. L'adversaire le plus difficile pour Liverpool, qui a sorti le tenant barcelonais, a �t� Chelsea, �limin� aux tirs au but en demie. Le stade olympique. Il est un tr�s bon souvenir pour les Milanais qui, en 1994, y ont remport� 4 � 0 l'une des plus belles finales contre le Bar�a de Johan Cruyff. Paolo Maldini, seul Milanais pr�sent ce jour-l� et encore dans l'effectif, ne le reconna�tra pas, l'enceinte ayant �t� compl�tement transform�e pour les Jeux de 2004. Equipes probables Liverpool : 25-Pepe Reina (Espagne) 3-Steve Finnan (Irlande), 5-Daniel Agger (Danemark), 23-Jamie Carragher (Angleterre), 6-John-Arne Riise (Norv�ge), 8-Steven Gerrard (Angleterre) 20-Javier Mascherano (Argentine), 14-Xabi Alonso (Espagne), 32-Boudewijn Zenden (Pays-Bas); 15- Peter Crouch (Angleterre), 18-Dirk Kuyt (Pays-Bas). Entr.: Raphael Benitez (Espagne) Milan AC : 1-Dida (Br�sil), 44-Massimo Oddo (Br�sil), 13- Alessandro Nesta (Italie), 3-Paolo Maldini (Italie), 18-Marek Jankulosvski (Rep. Tch�que); 8-Gennaro Gattuso (Italie), 21- Andrea Pirlo (Italie), 23-Massimo Ambrosini (Italie), 10- Clarence Seedorf (Pays-Bas), 22-Kaka (Br�sil), 11-Alberto Gilardino (Italie). Entr. : Carlo Ancelotti Arbitres : Herbert Fandel (43 ans) assist� par Carsten Kadach (43 ans), et Volker Wezel (41 ans). Le 4e arbitre sera Florian Meyer (tous de nationalit� allemande).