Le centre des personnes �g�es d�Oran a v�cu des moments de joie indescriptibles, l�une des pensionnaires et pas n�importe laquelle, une sexag�naire toujours bon pied bon �il, Mme Bourahla Zineb, n�e en 1938 � Tigditt, (Mostaganem) a convol� en justes noces. Les parents sont revenus quelques ann�es en arri�re et racontent l�histoire de Zineb. Elle m�rite d��tre connue. Ses parents, ses fr�res et sa s�ur ont d� d�m�nager pour s�installer � Alger � Bir- Mourad-Ra�s. Elle suit ses �tudes � l��cole de Soustara et au lyc�e Bugeaud. Apr�s un mariage rat� (car elle ne pouvait enfanter) � Bou-Sa�da o� elle r�sidera trois ann�es de 1964 � 1966, elle apprendra le m�tier de sage-femme. Apr�s le d�c�s de ses parents, elle quitte Bou- Sa�da et habitera avec ses fr�res Sma�n et Youcef qui avaient emm�nag� � Boumerd�s (ex-Rocher Noir). Elle reprendra son m�tier de sage-femme dans des cabinets priv�s et tout le monde l�a qualifi�e de tr�s serviable, honn�te et joviale. Mais cette profession ne nourrissait pas son �homme�, et elle d�cide alors d�ouvrir un cabinet en association avec une coll�gue dans un petit village � quelques kilom�tres de la capitale. En 1975, avec le cumul de dettes et des imp�ts, le cabinet fut saisi. Heureusement qu�avec de petites �conomies, elle a pu acheter une machine � tricoter pour pouvoir subsister � ses besoins tout en �tant h�berg�e chez son fr�re Youcef. Elle servait de nourrice pour ses neveux et de temps � autre faisait du tricot pour les voisins. A chacun sa destin�e Puis arriva l�inattendu qui a fait basculer sa vie et lui a fait tout perdre. C��tait en janvier 2002 � 23h15� un terrible tremblement de terre a endeuill� toute la r�gion. Elle se rappelle bien cette inoubliable nuit atroce o� elle ne cessait d�appeler ses deux fr�res Youcef et Sma�n qui habitaient encore � Bir- Mourad-Ra�s, l��pouse de ce dernier et son beau-fr�re Mohamed (�tudiant en Syrie) en plus de leurs deux enfants, de venir souper. Puis eut lieu un bruit assourdissant. Elle r�ussira � sortir des d�combres avec sa belle-s�ur et un enfant, alors que le reste de la famille �tait enseveli puisque les �tages se tass�rent (ils habitaient au second �tage). Transport�e puis hospitalis�e avec de multiples fractures (cr�ne et membres) dans diff�rents h�pitaux, elle avait perdu la m�moire momentan�ment. Elle a d� subir deux interventions chirurgicales � la t�te, puis plac�e pendant 3 mois au centre de r��ducation de Sidi-Fredj, quant � sa belle-s�ur devenue handicap�e, elle fut r�cup�r�e par sa famille habitant � Biskra. Ainsi, apr�s treize mois d�hospitalisation, elle recouvra ses moyens physiques et psychiques. �Mais o� aller�, se dit-elle ? �Mes fr�res sont morts, pas de famille, ni de logement, en plus je fus contrainte de le lib�rer�, car ne pouvant plus le garder, j�ai d� errer entre les diff�rents centres d�aide sociale d�Alger qui affichaient complet. Une des employ�es m�a sugg�r� d�aller vers l�Ouest, que je ne connaissais pas m�me si j�y suis n�e. Ainsi, en 2004, j�ai atterri au centre d�Oran o� je fus bien accueillie apr�s avoir relat� ma triste histoire �effectivement les pensionnaires, qui viennent de leur propre gr� ne sont ni interrog�s, ni contr�l�s, car il s�agit d�un �refuge� de pauvres cr�atures de Dieu, dira-t-on Le malheur des uns fait le bonheur des autres Malheureusement, Khalti Zineb n�a pu r�sister aux questionnements de ses compagnes de fortune et leur conta son histoire. Malgr� sa sinc�rit�, on ne l�a pas crue (sauf la direction) les autres l�isolent et la traitent de �femme perdue� voulant cacher son pass� en inventant cette histoire de tremblement de terre, alors qu�elle �tait plus sinc�re que les autres peut-�tre par �jalousie �, car lettr�e, bien �duqu�e, accueillante et sociable. Un jour un �mouhssine� souhaita offrir une Omra et c�est Khalti Zineb qui fut choisie, elle qui a tout perdu, mais est rest�e �grande dame� que tout le monde admirait pour sa sagesse et son franc-parler. Elle d� se d�placer � Boumerd�s o� elle fut �tonn�e d�entendre �tu es enregistr�e comme d�c�d�e� et de ce fait, l�extrait de naissance pour un passeport n��tait pas possible. Elle a d� prendre son mal en patience jusqu�au jour de la �f�te des M�res�, le 27 mai 2007. Ainsi, des associations caritatives ou des personnes bienfaitrices rendront visite au centre. Mais ce jeudi 31 mai fut exceptionnel. Un miracle n'arrive jamais seul Une d�l�gation venant d�Alger o� des femmes de diplomates de plusieurs pays accompagn�es d�un Alg�rien, responsable d�une association d�activit�s sociales ont rendu visite au centre. Khalti Zineb �tait bien en vue puisque r�pondant aux visiteurs d�une mani�re tr�s �loquente. Elle fut interpell�e par le compatriote (qui l�avait d�visag�e depuis son arriv�e) la reconnaissant et l�interpellant devant tous les pensionnaires. �N�es-tu pas de Boumerd�s, n�as-tu pas deux fr�res, mais on te croyait morte dans le tremblement de terre�. Elle r�pondit par l�affirmative sans se rappeler le visage du monsieur qui n��tait autre que le fr�re du voisin du 3e �tage lui-m�me d�c�d�. Cette confirmation venait de lib�rer sa conscience et ce fut un camouflet pour ceux qui ne l�ont pas crue, car mis � part ces mots durs lanc�s par ses compagnes, khalti Zineb �tait heureuse. Ainsi, les excuses tardives ont �t� accept�es, car elle �tait sinc�re . On lui a promis de lui r�gler sa situation administrative d�s leur retour � Alger, car le visiteur s�est engag� � t�moigner de sa v�ritable identit�. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, Khalti Zineb a eu une demande en mariage (chose courante dans le centre). Un sexag�naire vivant seul, avec le consentement de ses enfants et par l�interm�diaire d�une parente en visite au centre, avait fait la demande accept�e par tous. �Apr�s un couscous, du lait et des dattes, les �poux sexag�naires sont partis ensemble lundi apr�s-midi. Khalti Zineb �tait tr�s �l�gante, elle avait re�u des cadeaux de la part des employ�es ainsi que des bienfaiteurs. Une morte ressuscit�e refait donc sa vie apr�s une terrible �preuve.