Derri Berkani a pour a�eul l�illustre Mohamed El Berkani, le bras droit de l��mir Abd El Kader, ennemi jur� du mar�chal de Saint-Arnault, le fossoyeur de la conqu�te coloniale. Derri serait n� � Dra�-El-Mizan, sur les terres de l�anc�tre, ou peut�tre � Paris-Belleville o� ses parents r�sistants ont pris les armes contre l�occupant nazi. Quel que soit le lieu de sa naissance, l�Histoire demeure grav�e dans les strates de sa m�moire depuis cette enfance boulevers�e par la disparition de son p�re et la d�portation de sa m�re � Ravensbr�ck, au cours de l��t� 1942. Enfant cach�, il est, � l��ge de 5 ans, �vacu� de Paris avec les enfants juifs et recueilli en Italie par une famille aimante. Quelques ann�es apr�s la guerre, il retrouve sa m�re mais le traumatisme jamais ne s�effacera. C�est le sujet de son premier roman Ne montre � personne, paru chez l�Harmattan en 1995. Apr�s des �tudes � Jean- Baptiste S�e � Paris entrecoup�es d�un s�jour � Alger qui lui fait prendre la mesure de la s�gr�gation coloniale, il envisage des �tudes de cin�ma. La guerre d�ind�pendance va diff�rer son projet. Mobilisable, il n�envisage pas un instant de prendre les armes contre les siens et s�inscrit en facult� de m�decine, un moyen s�r pour obtenir un sursis. Il milite � l�UEC (Union des �tudiants communistes) et s�engage � la F�d�ration de France en 1959 au sein de laquelle il assure le passage des r�fractaires en Allemagne et en Italie. A la fin de la guerre, son dipl�me de m�decin en poche, il int�gre l�IDHEC (Institut des hautes �tudes cin�matographiques). Le cin�ma lui vaudra son entr�e dans la tribu Rossellini et le r�le de Saint Augustin dans Agostino di Epona, le film de Roberto. Il passe sit�t apr�s de l�autre c�t� de la cam�ra pour deux longs m�trages Majorana et Poulou le Magnifique qui fut censur� en Alg�rie en 1964. Suivant l�exemple de son ma�tre Roberto Rossellini, il se consacre d�sormais au film documentaire pour la t�l�vision, documentaires scientifiques, sociologiques, artistiques. A noter La Mosqu�e de Paris, une r�sistance oubli�e, un film rappelant l�aide apport�e � la communaut� juive par les musulmans pendant la Seconde Guerre mondiale. Une contribution � la lutte contre les haines intercommunautaires en montrant aux jeunes issus de l�immigration, d�une part, l�h�ro�sme et la tol�rance de leurs a�n�s, et � la communaut� juive, d�autre part, que la culture musulmane n�est pas une culture antis�mite. Ce combat pour la r�habilitation de la m�moire, la tol�rance, la la�cit�, il le poursuit en prenant la plume � partir de 1995. Il a publi� � ce jour quatre romans dont La Kahena de la Courtille en 2002 o� il oppose � la terreur islamique le courage d�une jeune fille d�termin�e � venger ses parents assassin�s, et Le Tournesol fou en 2004, toujours aux �ditions de L�Harmattan, dans lequel il d�nonce la bleu�te qui �limina d�Alg�rie 3000 lettr�s permettant l�assise de l�arabo- islamisme. Aujourd�hui,Derri m�ne de front ses deux carri�res, cin�matographique et litt�raire, trouvant dans cette derni�re la libert� et la solitude salutaire � la poursuite de son combat. Marie-Jo�lle Rupp Marie-Jo�lle Rupp a publi� aux Temps des cerises, en 2006, Vinci soit-il, une biographie de Claude Vinci et chez IbisPress, en 2007, Serge Michel, un libertaire dans la d�colonisation. Elle est aussi l�auteur de deux portraits parus dans la revue Alg�rie, Litt�rature, Action, l�un d�Arezki Metref, L�Homme qui marchait dans sa t�te, et l�autre de Derri Berkani, Le Kabyle qui aimait la mer.