Dans le but de contribuer à l'apport de quelques éclairages nécessaires, en vue d'une approche objective, autant que faire se peut , de certains faits historiques concernant notamment les rapports entre l'émir Abd el-Kader et la confrérie Tijania du Sud algérien, ou encore ses divergences avec l'autre chef résistant Hadj Ahmed Bey du Constantinois, en passant par d'autres interrogations persistantes de nos jours, il est utile, peut-être, de passer en revue ou faire appel aux apports d'historiens et littérateurs ayant écrit précisément sur ces thèmes et leur époque en général. 1ère partie Mais avant cela, l'auteur du présent texte tient à signaler, au préalable, afin d'éviter toutes fâcheuses appréciations subjectives outre -mesure, qu'étant un indépendant, adepte de la libre pensée, aspirant à la démocratie pluraliste authentique de l'Etat de droit moderne, il atteste n'être affilié à aucun courant ou tendance idéologiques partisanes, quels qu'ils soient, n'étant absolument membre d'aucun parti, association, clan, tariqa, ou autre. Sinon dépendant du libre cours de la pensée fluide, en vogue dans les arts, sciences, lettres, cultures, spiritualités tolérantes universels, soucieux, avant tout, et autant que possible, d'accéder à ce qui puisse éclairer et contribuer à aider, dans la mesure du possible, à tout ce qui démystifie et lève les voiles sur tout ce qui est souvent galvaudé ou entretenu dans le but de semer doute et désarroi dans les esprits, par tentation du sensationnel, incompréhension, révisionnisme négationniste ou autre? .... Ceci dit, revenons au sujet qui a retenu mon attention, m'incitant à intervenir afin de contribuer, à lever certaines équivoques soulevées récemment dans El khalife DEL Asbou'i du 5 au 11 août (rapporté dans l'article de Hafnaoui Benameur Ghoul, El Khabar Hebdo arabophone) et accusant entre autre l'émir Abd el Kader de trahison lors de sa reddition en 1847, ou encore mettant en cause le traité de la Tafna ,reprochant ouvertement à l'émir d'avoir trahi la cause nationale et de s'être retourné perfidement contre le guide spirituel de la Tijaniya avant de se ressaisir et implorer le pardon du pieux chérif , avance-t-on, dans une lettre mystérieuse, qui aurait été dévoilée tout récemment !? Seulement, en histoire, les faits sont têtus comme on dit, et ne l'on s'en tient communément qu'à ce qui est passé au crible de l'examen critique des spécialistes et observateurs attitrés. Que le lecteur me permette, donc, d'exposer sous ses yeux, en réplique aux diverses assertions sur l'émir, certaines données extirpées de divers documents et travaux en rapport avec les questions soulevées. Traité de la Tafna et rapports de l'émir Abd el-Kader avec la TijaniyaCommençons tout d'abord par la question des rapports ambigus qu'auraient entretenus l'émir avec le chef de la confrérie Tijaniya en la période qui l'a vue signer le traité de la Tafna. Passe le fait, comme le signale Hafnaoui Benameur Ghoul que le prétendu document attribué à l'émir ( demandant le pardon au chef de la confrérie Tijaniya , en s'excusant de s'être trompé sur son compte !) ne corresponde pas aux caractéristiques scripturaires spécifiques de l'époque ( la prétendue missive d'Abd el -Kader mentionnant la lettre arabe «qaf» avec deux points au-dessus au lieu d'un seul, et la lettre «fa» avec un point au- dessus au lieu d'un au-dessous, comme c'est d'usage dans les notations à l'ancienne du temps de l'émir, observent lexicographes et littérateurs ), il subsiste, sur un autre plan, ce qui a été depuis longtemps consigné dans les annales de l'Histoire, corroboré et repris par maints historiens, littérateurs, chercheurs, journalistes, professeurs, etc. Et à titre d'aperçu, l'auteur des présentes ligne, - se déclarant depuis longtemps indépendant de toute chapelle idéologique partisane ou autre, soucieux de contribuer, sans prétention aucune, à faire chasser certaines fâcheuses équivoques et confusions, sources d'inutiles et stériles mésententes - se contente seulement de livrer ci-dessous quelques détails d'écrits de compétences avérées se rapportant à ces évènements, car susceptibles, de par leur teneur universitaire authentifiée, de nous éclairer davantage sur certains aspects ignorés ou restés dans l'ombre relatifs à ces faits en question, mais connus par les avertis et particulièrement par ceux qui tentent aujourd'hui d'en présenter des versions tendancieuses et déformées. Ainsi , et à propos du traité de la Tafna que certains éléments de ladite confrérie (qui ne sont pas représentatifs de l'ensemble de la Tijaniya) considèrent comme une manœuvre de trahison de la part de l'émir, voilà ce qu'en dit, très brièvement, l'éminent historien algérien Abou el-Kacem Saadallah: « Brossard, le représentant français et Bugeaud ( qui n'était encore qu'officier) négocièrent le traité de la Tafna avec l'Emir ( 20 mai 1837. Ce traité confirmait la reconnaissance par la France de la souveraineté de l'émir en Algérie centrale et occidentale, à l'exception de quelques villes côtières qui demeuraient sous l'autorité française ( )La paix étant rétablie, l'émir poursuivit la réforme de son administration, organisa son gouvernement, renforça son armée et étendit son influence. Pour certains auteurs, le gouvernement de l'émir fut le premier gouvernement réellement national, représentatif et populaire que l'Algérie ait connu depuis quatre siècles (1. Ce gouvernement était fondé sur l'égalité des citoyens et sur une division territoriale hiérarchisée des postes de commande dans l'ordre suivant : cheikhs, caïds, aghas et khalifats, le dernier ayant le rang le plus élevé et correspondant à celui de gouverneur général d'un territoire donné» Plus loin, l'historien ajoute: «Mais l'aspect le plus saillant du gouvernement de l'émir apparaît dans les efforts réalisés pour créer une armée moderne. A la base l'armée était constituée de paysans analphabètes, ignorant l'emploi des armes modernes et les tactiques de guerre : c'est pourquoi l'émir rendit obligatoire l'instruction militaire en veillant à ce qu'elle puisse assurer un entraînement et une discipline efficaces. Les armes furent obtenues de France grâce aux deux traités qu'il avait signés avec ce pays. Emerit, qui a étudié à fond cette période, indique qu'il a trouvé dans les archives françaises une multitude de documents qui fournissent des informations sur le flux continu d'armes et de munitions parvenant à l'émir de Marseille et d'Angleterre. Pour stocker ses armes, l'émir construisit de nombreux arsenaux, les plus connus étant ceux de Tagdemt, Boghar et Saida» Le Dr Abou el Kacem Saadallah précisant encore : «Afin de consolider son autorité à l'intérieur du pays, l'émir organisa des réunions et prit contact avec tous les chefs influents du pays. Il envoya un message au bey Ahmed de Constantine qui avait lutté et poursuivait le combat contre les Français, lui demandant de se joindre à lui. En 1938, l'émir présida à Bou Korsfa, près de Miliana ( environ cent dix km d'Alger), un congrès, qui réunissait des délégués venant de toutes les régions d'Algérie. Ce congrès se prononça en faveur de l'unité nationale, de la défense des libertés humaines et d'un patriotisme basé sur la fraternité et la conservation du patrimoine national» (2). Autrement dit, pour récapituler et clarifier ce qui précède, l'émir Abd-el -Kader, à la faveur du répit permis par l'accord de la Tafna, mettait à profit la trêve ( comme c'était le cas pour la trêve précédente de 1834 avec Desmichels) pour renforcer son armée et unifier les rangs des combattants algériens appelés, ou qu'ils soient, au djihad contre l'occupant étranger. Et c'est dans cet esprit qu'il s'est enquiert de se rallier, par devoir national et conviction religieuse, en tant que commandeur des croyants en Algérie, toutes les forces de lutte disponibles à travers le territoire national, y compris celles dépendantes des confréries religieuses sollicitées, qu'elles soient de l'Est, de l'Ouest, du Nord ou du Sud. C'est dans cette optique, comme le note le Dr S. Ferkous, dans son ouvrage « Aperçu de l'histoire de l'Algérie» (3) que par ailleurs « l'émir chercha à s'unir avec Ahmed bey mais que ce dernier s'y est opposé», en dépit des «efforts de la Sublime Porte pour dissiper les divergences et rapprocher les vues des deux hommes ( ) tous deux confrontés au même ennemi chrétien». Conséquence, la brouille des deux chefs résistants est habillement exploitée et entretenue par les militaires français : «Le maréchal Valée promettait , ainsi, lors de ses négociations avec Ahmed bey, de maintenir celui-ci à son poste de bey et, avant lui, le général Bugeaud est parvenu le 20 mai 1837 à conclure avec l'émir Abd el-Kader le traité de paix de la Tafna qui permet aux Français de mobiliser l'essentiel de leurs forces dans l'expédition qui parvient à occuper la ville de Constantine.» Et Bugeaud lui-même dira à propos de ce traité : «Cela a confirmé à Ahmed bey que notre intention n'est plus dispersée en plusieurs points de la Régence et qu'on peut maintenant diriger contre lui la plus grande partie de nos forces» (5) (Cf. G ;Yver, Documents relatifs au traité de la Tafna (1857), Alger 1924, lettre au MG, p.148 .) Cependant, il convient de préciser , comme le souligne le Dr Ferkous qui poursuit plus loin, qu' «en signant le traité de la Tafna, l'émir voulait gagner un peu de temps et n'avait guère l'intention de se débarrasser de Hadj Ahmed bey et encore moins de permettre aux français de se consacrer à sin élimination comme le pensait Ahmed bey.» L'émir , rapporte à ce propos l'auteur , se serait rendu compte par la suite de la machination tactique de l'armée française et a fait parvenir ,ainsi que l'affirme avec grande certitude le général Galbois, «à Ahmed bey plusieurs lettres dans lesquelles il l'appelle à s'unir contre nous. Mais le bey n'était pas apparemment disposé à le faire car il détestait l'émir et l'enviait » ( Cf. AGM. 1.H 4, Rapport du général Galbois au gouverneur général, Constantine le 26 août 1839). Mais ce qui paraissait opposer fondamentalement les deux hommes, comme l'attestent la majorité des historiens nationaux et étrangers de la période, c'est le fait que l'émir prônait ouvertement son indépendance de toute tutelle de la Sublime Porte ou autre Maghrébine ou Orientale, tandis que Hadj Ahmed bey ne cessait jamais de solliciter le soutien du califat Ottoman auquel il vouait respect et fidélité. Ainsi, les deux chefs résistants au lieu de s'unir, s'opposèrent, la position très sévère du bey à l'égard de l'émir lui venant de sa conviction profonde «qu'il était l'héritier légitime du gouvernement d'Alger et refusait de ce fait toute négociation avec lui», note le Dr Ferkous dans son ouvrage, précisant, «il faut à cela ajouter qu'aucun des deux chefs n'a consenti à l'autre une quelconque concession susceptible d'unifier leurs luttes contre l'ennemi commun».(4) Et il faut dire qu'en ce qui concerne la Sublime Porte à laquelle s'accrochait désespérément Ahmed bey, l'émir qui aspirait à «une nation algérienne unie et soumise aux préceptes de l'Islam et une justice égalitaire après l'avoir réveillée de son assoupissement» - voyait constamment dans ses représentants Turcs d'Algérie «la source de toutes les peines qui s'abattent sur le pays depuis l'arrivée de l'étranger infidèle» ( Cf . A.Temmimi, Le beylic de Constantine et Hadj Ahmed Bey, p.186, Tunis 1978).Et considérait absolument «impuissante politiquement et militairement» l'institution des Turcs de même qu'il déconsidérait l'étendue de leur exploitation abusive de toutes les classes du peuple algérien» ( dixit l'historien Yahia Bouaziz, dans «L'émir Abd el Kader, le pionnier de la résistance algérienne», Dar el Kitab el Djazairi, p. 18, Damas 1964). Ce qui l'amena à développer une dynamique qui accordait de façon principale la priorité aux potentialités morales et matérielles en adéquation essentiellement avec les spécificités du terroir Algérien. Dans cette optique, l'émir se proposait de se rallier toutes les forces nationales partisanes et les chefs résistants et guerriers sur lesquels il pouvait compter entièrement sans risques de se faire surprendre par des revirements à le solde d'autres chapelles de pouvoir interne ou externe, échappant à sa volonté ou ce souci, non voilé de pouvoir décisionnel autochtone totalement Algérien ! D'où son intérêt croissant pour, entre autres, le ralliement des forces éparpillées à travers le vaste territoire national, y compris les contrées délignées du Sud qu'il espérait bien coordonner et «fédérer» un jour pour les faire sortir de leurs enclaves communautaristes tribales. Et en ce qui concerne tout spécialement les zones du Sud, le moment était bien choisi par l'émir, avant la rupture de la trêve qu'il savait inéluctable, pour y entreprendre une incursion en tentant de se rallier, autant que possible, les hommes disponibles de ces contrées, ceux de Laghouat, de la Tijaniya, entre autres, qui représentaient un potentiel important dans la lutte contre l'occupant français. Chose qui n'était guère facile du tout, malgré les sollicitations que témoignèrent des chérifs de la confrérie Tidjania, aux tous débuts, avant de se rétracter, hostiles, laissaient-ils entendre, selon les chroniqueurs aux tractations des affaires mondaines d'ici-bas: attitude mystique de neutralité idéaliste, à laquelle n'adhéraient, cependant pas, d'autres chérifs et notabilités de la région, estimant cette situation déplorable qui ne pouvait ainsi, évidemment, que profiter à la stratégie propagandiste de l'occupant français. La raison pour laquelle les gens de la contrée en désaccord préférèrent faire un appel à la rescousse à Abd el-Kader en 1837, c'est-à-dire à la même période du traité de la Tafna. Ce qui laisse supposer que l'émir,tout en paraphant le Traité avait en ligne de mire l'objectif de s'occuper dans l'immédiat de l'organisation du front de ralliement de la zone Sud, et ce, avant que n'intervienne la rupture du répit ou trêve mise stratégiquement à profit. Ce qu'il entreprit de réaliser effectivement dès l'année suivante, en 1838. Opération très mal vue par certains adeptes de la Tijaniya qui, de surcroît, avaient perçu cette initiative de l'émir, amorcée tout de suite après le traité de la Tafna, comme un acte de provocation dirigé contre leur confrérie mystique, jugé abérrement comme un acte de trahison (?) envers une communauté religieuse réputée pacifiste, neutraliste, détachée, donc, des affaires mondaines d'ici bas. Mais négligeant ,par contre, le fait que l'émir ne faisait que répondre à un appel à l'aide émanant des leurs même, d'une part, et observant la nécessité d'un «devoir spirituel du djihad contre l'ennemi de l'Islam et celui national du kiffah patriotique contre l'occupant colonial étranger, d'autre part», pour paraphraser l'éminent Mostéfa Lacheraf (Cf. «Algérie,société et nation», Sned, Alger 1964. Et si lettre de l'émir au guide spirituel de la Tijaniya il y avait, ç'aurait été, vraisemblablement , un message dont la teneur aurait sollicité non pas,comme prétendu , le pardon du chérif à l'égard de l'émir, - ce qui semble mal cadrer avec la logique des faits et conjonctures particulières de la période-mais plutôt un message au contenu, somme toute, pareil à celui des autres missives adressées à divers chefs confrériques et tribaux d'Algérie, sollicitant expressément leur concours à l'effort de guerre solidaire, en un mot le djihad contre l'oppresseur impie étranger: éventualité qui parait nettement en conformité avec les conjonctures appropriées de l'époque et se passant aisément de l'hypothèse farfelue d'une hypothétique lettre de repentir de l'émir envers un saint homme pacifiste - mystique exécrant tout acte de violence !? Ceux qui s'en tiennent à cette version des faits, oublieraient-ils que l'émir Abd el-Kader était lui-même un fervent adepte de la voie mystique ( tariqa soufie de la Qadiriya) prônant le salut des âmes et la paix entre les humains, et particulièrement entre les «Ahl El Kitab» (Gens du Livre), mais qui face à la nécessité imposée de l'agression ennemie, s'est enquiert du devoir d'engagement impérieux contre les hordes dévastatrices de l'envahisseur étranger? L'émir, n'avait fait ainsi, que répondre à une mission sacrée , religieuse et nationale , mettant notamment en application le verset coranique: «Combattez ceux qui vous agressent et vous expulsent de vos foyers , mais ne soyez point agresseurs, car Dieu n'aime pas les agresseurs» Et pour avoir une idée assez ample sur certains aspects historiques en rapport avec les interrogations soulevées ,en vue d'une plus grande appréciation objective des faits évoqués, écoutons ce que nous dit , à ce sujet ; le professeur Roger Le Tourneau, (de la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence.) avant d'évoquer plus loin,certaines divergences fondamentales qui ont opposé historiquement l'émir Abd el-Kader, (considéré officiellement comme le commandeur des croyants des résistants musulmans Algériens), au chef de la puissante confrérie religieuse sudiste de la Tijaniya de l'époque «( ) à partir de 1781, un nouveau pouvoir spirituel naquit à Ain - Madhi, agglomération saharienne située à 70 km à l'Ouest de Laghouat , au pied du Djebel Amour. Sidi Ahmed Tijani ( ou Tedjini), qui y était né, revint s'y établir à cette date et y fonda la confrérie nouvelle des Tijaniya . Bien qu'il soit parti pour Fès vers 1789, la confrérie subsista à Ain - Madhi et constitua un nouveau pion sur l'échiquier politique de cette région. Cependant, la ville même de Laghouat, perchée sur deux éperons rocheux, était divisée en deux clans, les Ouled Serghin et les Ahlaf ,qui cherchaient chacun à éliminer l'autre, jusqu'au moment ou Ahmed ben Salem, chef des Ahlaf, parvint avec l'aide des Larbaa, à asseoir son autorité sur la ville toute entière qui connut l'ordre et la prospérité jusqu'en 1837, grâce au sens politique de son chef, mais aussi grâce au commerce encore actif du Tell algérien avec le Sahara . Jusque - là, il n'était pas question des Français dans cette région beaucoup trop éloignée de la cote. Mais Abd el-Kader s'y intéressait, puisqu'il se considérait comme le chef de tous les musulmans d'Algérie ; les querelles des gens de Laghouat lui offrirent l'occasion d'intervenir. A la suite d'une querelle entre Ahmed ben Salem et un descendant de d'el Hajj Aissa , el-Hajj Larbi, celui-ci appela à l'aide Abd el-Kader. L'émir répondit d'autant plus volontiers à sa demande qu'il trouvait l'occasion ,non seulement de prendre pied à Laghouat, mais encore de faire pièce au chef de la confrérie Tijaniya, dont le prestige religieux le gênait et qui refusait de faire cause commune avec l'émir contre les Français. Il mit donc quelques soldats et du matériel à la disposition d'el -Hajj Larbi, et le nomma son khalifa (représentant à Laghouat) en 1837. L'année suivante, peut -être à l'instigation d'el Hajj Larbi , il vint mettre le siège devant Ain -Madhi et fut aidé par l'un des clans de Laghouat, cependant que l'autre apportait son aide au chef Tijani . Ainsi, pour la première fois ou à peu près , Laghouat et ses environs étaient entraînés dans l'histoire de l'Algérie tout entière. Ahmed ben Salem profita d'ailleurs de la lutte, engagée à partir de 1839,entre Abd el-Kader et les Français pour rétablir sa situation à Laghouat : c'était chose complètement faite au printemps de 1843».(5) Comme le spécifient les dernières lignes du passage exposé ci-dessus , les combats entre l'émir et les Français ont repris dès 1839, les accords de la Tafna étant rompus, la soldatesque coloniale tentant d'acculer partout Abd el Kader, le harcèlement se poursuivant sans cesse, n'accordant aucun répit au chef de la résistance populaire algérienne. Ce qui donnait toute la latitude de temps, à ses adversaires du Sud de reprendre le dessus sur ses partisans. Les temps étaient désormais très durs pour l'émir ,traqué de partout Ainsi, comme le rapporte le professeur Roger Le Tourneau, les évènements se durcissant dangereusement au Nord pour l'émir, allaient aboutir quelques temps plus tard à des faits gravissimes, notamment lorsque «la smala d'Abd el- Kader avait été surprise par le duc d'Aumale, près de Taguin , le 16 mai 1843 et ce brillant fait d'armes n'était pas isolé : l'action patiente et incessante de Bugeaud portait ses fruits ; l'émir,refoulé vers l'Ouest, se voyait bientôt obligé de demander asile au sultan du Maroc, Moulay Abd er-Rahmane. Les Français étaient donc solidement établis,non seulement dans le Tell et la montagne, mais sur le versant méridional de l'Atlas tellien et à la lisière des hautes plaines : le poste de Boghar fut installé après la prise de la smala.» Le Tourneau poursuivant, en relatant les développements résultants dans la région sus - évoquée du Sud: «( ) Ahmed ben Salem ne met pas longtemps à tirer de cette situation les conséquences nécessaires : malade, ou se disant tel, il envoya son frère Yahia, auprès du général Marey, commandant la subdivision de Médéa. Le 8 avril 1844, celui-ci rendait compte de Boghari, au général commandant la division d'Alger, qu'il venait de recevoir Yahia qui lui apportait les propositions suivantes : Ahmed ben Salem serait nommé khalifa par le roi des Français,avec autorité sur Laghouat et les cinq Ksours voisins ( c'est-à-dire el-Assafia, Ksar el Hiran, el-Hawita, Tadjemout et Ain Madhi), sur les Larbaa, , les Haradlia et les Banou Mzab ; il s'engageait à verser en retour 40 000 boudjous par an et ne réclamait ni traitement,ni garnison. Il déclarait faire ces propositions avec l'accord des chefs des ksours. Le général appuyait cette offre et affirmait qu'une expédition française à Laghouat ,en permettrait la réalisation : elle était assurée de passer sans coup férir. D'abord hésitant, le gouverneur général donna son accord. Aussitôt , le général Marey organisa son expédition. Parti de Médéa, le 1er mai, il mit Taguin en état de défense et en fit sa base avancée, puis commença sa marche, le 17 mai,avec 2800 hommes ( 2100 hommes de troupes, 400 goumiers, 300 Arabes employés à des services divers), deux pièces de montagne et 1700 bêtes de somme. C'est à cette occasion qu'il employa pour la première fois des méharistes : «Il s'inspira des souvenirs de la grande expédition d'Egypte et rétablit à sa façon le régiment de dromadaires, jadis institué par le général Bonaparte.»(6) Et à la date du 21 mai 1844, indique l'auteur, la colonne est parvenue sans difficulté dans la zone de Tadjemout ou, rapporte-t-il , le général Marey, écrit: «je trouvai réuni le khalifa (Ahmed ben Salem) et les chefs principaux, Tedjini ( c'est ainsi que tous les textes de l'époque désignent le chef de la confrérie d'Ain-Madhi) ne vint pas , mais envoya plusieurs des principaux d'Ain-Madhi, un cheval et une lettre de soumission». Le Tourneau mentionne que le général fort de ces bonnes dispositions, décida d'envoyer le lendemain une délégation d'officiers rendre visite au chef de la confrérie d'Ain-Madhi. C'est ainsi que le lieutenant-colonel de Saint-Arnaud fut choisi pour la diriger, et voici comment ,selon le professeur Le Tourneau, il raconte cette mission dans une lettre adressée de Laghouat à son frère ,datée du 27 mai 1844 (7): «( ) Ravi de ma mission, je suis parti du camp , à huit heures du matin, avec un état-major de dix officiers et la petite escorte de cent quinze chevaux environ. A onze heures et demie, j'étais sous les murs d'Ain Madhi, je faisais venir les principaux habitants au-devant de moi et je leur disais «que nous venions en amis, qu'ils s'étaient «soumis et que nous leur devions protection, mais que partout «les Français étaient maîtres et que rien ne les arrêtait pour «entrer ou il leur plaisait d'entrer». Ensuite, j'ai fait prendre douze des principaux comme otages ; je les ai mis entre les mains de six chasseurs et de quelques cavaliers du goum,avec ordre de les bien traiter, mais de ne les lâcher qu'après mon retour et je suis entré dans Ain-Madhi avec mes dix officiers ,six chasseurs et quelques chefs de goums. Je me suis promené partout en cheval pendant le temps nécessaire pour parcourir la ville,qui est petite et en ruines, puis, j'ai mis pied à terre et je me suis encore promené à pied. Nous avons été reçus dans la maison d'un chef, qui nous a donné des dattes à manger. Nous les avons dévorées , nous mourrions de faim. Des dates ont été portées par les gens de la ville à notre escorte. A midi ,j'avais envoyé un courrier au général Marey avec deux lignes : «Je sais que vous êtes inquiet, «rassurez-vous. Je suis entré dans la ville sans coup férir et «je m'y promène. Nous avons été bien accueillis» (8). Et concernant le saint chérif de la confrérie, le lieutenant-colonel note : «Quant à Tedjini, se renfermant dans sa dignité de marabout et de chérif ( )qui lui défend d'admettre en sa présence un chef chrétien , il était resté fort inquiet dans sa maison. Par le moyen du kalifat Zenoun, je l'ai fait engager à recevoir mon chargé d'affaires arabes, le capitaine d'état-major Durieu, qui le rassurerait sir nos intentions toutes pacifiques et conciliantes. Il y a consenti après bien des hésitations . Tedjini est un homme de trente-six ans à quarante ans,replet, bien portant, la peau cuivrée, se gardant sans sa maison comme dans une forteresse .Ainsi, frère, je suis le premier Français entré avec bien peu de monde dans cette ville,qui a retenu devant ses murs pendant neuf mois Abd el Kader, alors tout - puissant et toute son armée. Du reste , Ain -Madhi est une ville forte pour les Arabes.( ) Il peut y avoir ( ) un millier d'âmes et trois cents fusils. Les maisons sont aussi bâties en pierre et en terre, mais il y a plus de pierre qu'à Laghouat ou la terre domine dans une grande proportion( )Le soir,à six heures,j'étais au bivouac, ou j'ai reçu les compliments du général Marey» (9) Le Tourneau poursuivant: «Outre cette lettre pittoresque, nous possédons un plan au 1/10 000 d'Ain-Madhi, relevé par le capitaine Dumareix, adjudant major au 35 è de ligne et un rapport du capitaine d'artillerie Aubac . Ainsi, d'entrée de jeu , le général Marey se conciliait la seule influence religieuse encore vivante dans la région, puisque el-Hajj Larbi avait disparu et que ses sectateurs semblaient dépourvus de tout rayonnement. Le général Marey avait agi avec prudence et habileté ; il s'en montra fort satisfait , à juste titre , dans son rapport d'ensemble.» Et en définitive considère l'auteur «( ) Tout concourait donc à faire de cette expédition un succès et le général Marey ne cessait de se louer d'Ahmed ben Salem auquel il proposait d'attribuer un traitement de 18 000 francs , tandis que les deux aghas , celui de Laghouat et celui de Larbaa, recevraient chacun 2500 francs. Il préconisait en outre l'entretien par la France de 50 cavaliers et 200 fantassins aux ordres du khalifa. En somme, le représentant de la France envisageait l'établissement d'une sorte de protectorat sur la région des ksours. L'autorité du nouveau khalifa , jointe à l'influence religieuse de Mohammed Tijani, l'un et l'autre ennemis d'Abd el-Kader, devrait garantir cette région contre toute entreprise de l'émir, au cas ou celui-ci reviendrait du Maroc et tenterait de nouveau sa chance dans le Sud algérien. «La partie la plus hostile de l'Algérie, les tribus du Sud-Ouest, serait ainsi placée entre un kalifa puissant et la division d'Oran.» (10). Naturellement lorsque Abd el-Kader revint du Maroc ou il s'était replié pour un temps, il reprit ses combats contre la soldatesque de l'occupant quadrillant de plus en plus le terrain, et dut faire face non seulement aux coups de boutoir de Bugeaud et ses hommes ,mais aussi à ceux des chefs tribaux et confrériques qui se sont alliés aux forces d'occupation ennemies, et qui finira par aboutir plus tard à la reddition d'Abd-el Kader. Et alors que tout semblait s'être joué et contre toute attente,au Nord comme au Sud des éléments pro-résistance populaire anti-coloniale , ont repris la lutte de plus belle .Comme quoi la résistance populaire nationale ,du Nord au Sud, comme d'Est en Ouest ,en passant par les zones Centre, ne s'était jamais avouée vaincue et bien au contraire reprenait toujours, en tous temps et en tous lieux, la poursuite inlassable de la lutte et résistance populaire , tout au long des grandes périodes des engagements et sacrifices suprêmes jusqu à l'affranchissement total du pays du joug colonial étranger. Au Sud, et à l'instar du Nord,il s'est trouvé des hommes valeureux pour la continuité de la résistance, comme ce fut le cas dans la région qui nous intéresse de Laghouat , Ain-Madhi et les zones environnantes , comptant parmi eux aussi bien des chérifs scissionnistes que des notabilités de la région rejetant toutes sortes d'alliances avec les Français. Et malgré la présence de plus en plus accrue des forces d'occupation coloniale dans la région, cela n'empêcha nullement le vent de la sédition qui, quelques années après le souvenir d'Abd el-Kader, recommença de nouveau à souffler dans les parages, comme en témoigne, entre autres, le soulèvement d'un certain Mohammed ben Abd Allah, un chérif vénéré qui s'efforçait de mobiliser les populations sahariennes , notamment les Mozabites, ce qui incita le commandant du Barail à organiser une expédition préventive vers le Mzab à la fin de l'année 1853 , nous dit Roger Le Tourneau dans son étude, qui poursuit en mentionnant «d'autre part, sur l'ordre du gouverneur général, le commandant du Barail dirigea sa première sortie en armes du coté de d'Ain Madhi. Les troupes restèrent en dehors de l'enceinte ; du Barail et ses officiers furent reçus par Si Mohammed Tijani qui les accueillit fort bien. Lorsque ce succès fut connu à Alger, on renvoya di Barail à Ain-Madhi pour inviter le pieux homme à venir rendre hommage au gouverneur général, à Alger. Contre toute attente, Tijani accepta l'invitation, mais demanda un délai jusqu'au printemps, car il était enrhumé et se sentait hors d'état de faire le voyage. Quelques jours après, le 12 mars 1853, il était mort. Il ne laissait que deux jeunes fils, Si Ahmed, que l'on alla chercher à Batna, et Sid el Bachir. Aussi les intérêts de la confrérie furent-ils gérés pendant plusieurs années par l'homme de confiance, le factotum de Si Mohammed, er Rian, tandis que l'activité religieuse d'Ain Madhi diminuait beaucoup. Laghouat avait donc joué un certain rôle politique ; son rôle militaire devait être plus considérable encore»(11) Vraisemblablement, le pieux homme aurait été assailli par les remords, ce qui expliquerait ses hésitations traduisant son refus,apparemment d'aller rendre hommage au gouverneur général à Alger, d'autant plus qu'il eut,sans doute, vent de la répréhension de son attitude de soumission désapprouvée par des chérifs,y compris des scissionnistes de la confrérie qui ont préféré opter pour une position hostile aux hordes d'occupation françaises, en ralliant notamment les poches de résistance sillonnant alors les parages. C'est ainsi que quelques années après la reddition d'Abd el-Kader, alors que tout semblait aller pour le mieux pour les troupes françaises et leurs alliés , ces derniers furent reçus, à leur grande surprise ,écrit R Le Tourneau, «à coups de fusils et même de canons (les canons d'Abd el - Kader) par des adversaires nombreux et décidés» ( 12). Ainsi,d'une manière générale, partout en Algérie, il s'est toujours trouvé des hommes et des femmes pour défendre la cause nationale, et comme l'a spécifié le sociologie Djamel Guerid, le phénomène de dualité se rencontre pratiquement à tous les niveaux de la société algérienne: autrement dit, en chaque institution, parti,confrérie, etc. on relève constamment la présence d'éléments antagonistes rivaux, qui fait que parmi la Tijania, il y eut des partisans pour la résistance nationaliste et d'autres opposés, comme parmi la Qadiriya, ou autres zaouias, associations et partis du Mouvement National Algérien, il y eut autant de partisans pour la résistance nationaliste et d'autres penchant du coté de l'assimilation pacifiste ,etc. Phénomène qui persista jusqu'à ce jusqu'à l'avènement de l'historique Révolution populaire armée algérienne de Novembre 1954 qui mobilisa toutes les forces nationalistes dispersées du Mouvement National Algérien dans l'unité d'action et de combat pour la patrie, fusionnant ,ainsi, toutes les tendances nationales engagées pour le noble idéal d'indépendance du pays, dans une stratégie unitaire ou le facteur spirituel de l'Islam servit de formidable catalyseur,concourant notamment à faire taire tous les spectres de schismes particularismes, régionalistes,doxas idéologiques ou autres doctrinaires religieuses d'obédience salafiste,wahhabiste, sunnite, chiite, kharijite, soufie confrérique, etc. Et ce, dans une dynamique d'«Ijtihad islahiste» mobilisatrice , moderniste ,tel que le prônait Abd el-Kader, dans son entreprise d'Ijtihad contemporain qu'ont parfaitement saisi ses adversaires ou les éminents observateurs étrangers et gens de lettres et de savoirs sympathisants tels que le colonel Churchill, R. Khawam, J.Berque, ces deux derniers n'hésitant pas à voir en lui l'un des pionniers percutants de la Nahda musulmane contemporaine ( avec son compatriote Hamdane Khodja)et un précurseur incontestable des droits des prisonniers et de l'homme ,en général. De quelques considérations sur la reddition de l'émir Concernant la question soulevée de la reddition d'Abd el Kader, on a évidemment beaucoup dit et commenté en long et en large sur la reddition de l'émir, jugée négativement par certains et vue autrement par d'autres. Mais les faits forts complexes en histoire se résument rarement à une vision manichéenne des choses , ou jugements hâtifs des partis pris tranchés , classificateurs catégoriques en ceci ou cela, ( manichéisme du têtu jusqu'au boutiste qui ne veut rien savoir ,s'en tenant au strict constat populiste brut du «el ma'eza ma'eza wa law taret» comme on dit, refusant la prise en compte de toutes autres considérations possibles ). Aussi conviendrait-il toujours de tenter d'appréhender les faits ,autant que possible, dans leur complexe réalité objective : il ne sert à rien , pour les uns ,par esprit d'orgueil inconvenant , de nier le fait que l'émir s'est rendu à l'ennemi, comme il est faux ,comme le pensent d'autres que l'émir l'avait fait dans un dessein de trahison : l'émir l'ayant fait, l'histoire et témoignages l'attestant, dans le but de sauver la cohorte de l'infortunée population décimée qu'il traînait derrière lui, vers une impossibles terre promise ,alors qu'il était pratiquement traqué de partout .Y compris par des compatriotes insoucieux du sort du pays ,soucieux uniquement de leur biens et prestige. Ce qui n'était pas le cas de l'émir qui négligeant ses biens ou son prestige personnel, - il ne faut absolument pas négliger le fait qu'Abd el Kader était un adepte du Soufisme qui n'accordait nullement d'importance à la vaine vanité du moi , - se souciait surtout du sort des peuplades communautaires sous sa responsabilité! Ce qui était sacré pour Abd el-Kader ce n'était nullement la postérité de la réputation de son moi et quoi qu'on pourrait colporter sur son compte , mais la vie à sauver des malheureux hommes affaiblis, femmes,vieillards et enfants ,qui traînaient derrière lui,dans le désert,abandonnés par tous sauf par ce que lui réservait la Providence: l'alternative de la reddition pour éviter un carnage inutile! A suivre Notes de renvoi : 1) Annotations de l'historien Abou-Al-Kacem Saadallah : Pour connaître la version officielle concernant les relations diplomatiques et militaires entre la France et l'Algérie, consulter P. Boyer, «La conquête de l'Algérie» dans initiations à l'Algérie ( Paris : Librairie d'Amérique et d'Orient, 1957), p. 125-140. Pour une version critique du traité de la Tafna, voir Emerit, p. 135 -150. Pour en savoir plus sur l'attitude révisionniste, particulièrement sur le traité Desmichels, se reporter à Robert Ageron, «Premières négociations franco- algériennes», Preuves, ( septembre 1964), p. 44-50.,(2) Cf. Abou-Al- Kacem Saadallah: «La montée du nationalisme Algérien», ( p.29-30, Traduit de l'Anglais par Nevine Fawzy -Hemiry), éditions ENAL, Alger 1983)., (3) Cf.Dr Ferkous Aperçu de l'histoire de l'Algérie,traduit par Salah Benamor. Dar el ouloum , Annaba 2007, (4) Idem, (5), (6), (7), (8), (9), (10) ,(11) ,( 12) , Cf. Extraits de l'étude «Occupation de Laghouat par les Français (1844-1852), pp. 113 ,114, 115, 116 ,117 , de Roger Le Tourneau ( professeur à la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence.) dans ouvrage collectif Etudes Maghrébines, Mélanges sous la coordination de Charles-André Julien, Presses Universitaires de France , Publications de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Paris, série «Etudes et Méthodes, tome 11 , Paris 1964»