�L�acc�s � la plage est libre et gratuit conform�ment � la loi.� L��criteau plac� � l�entr�e des plages alg�roises rappelle � ceux qui s�y rendent qu�ils ne sont plus contraints de subir le diktat des racketteurs qui ont s�vi des ann�es durant au niveau de la c�te. Pour profiter des joies de la mer, les estivants ne doivent s�acquitter que des frais du stationnement en contrepartie d�un ticket remis par des agents de l�EGCTU reconnaissable � leur gilet vert fluorescent. Libres � eux par la suite de louer ou pas un parasol, d�appr�cier ou pas la qualit� de l�eau. En prenant la d�cision de ne pas recourir � la formule de la concession, la wilaya d�Alger a r�concili� un grand nombre d�usagers avec des plages qui avaient fini par devenir des quasi-propri�t�s priv�es, g�r�es par des jeunes qui, matraque � la main, les rackettaient sans scrupule, leur imposant des simulacres de prestations qu�ils n�ont d�ailleurs pas demand�es. Les choses ont sensiblement chang�. Hier, aux environs de 11 heures, la plage familiale de Z�ralda est pratiquement d�serte. Les vents de la veille ont certainement dissuad� plus d�un. La mer n�est pas tr�s belle. Seuls quelques irr�ductibles se sont aventur�s. Ils sont accueillis par un agent de l�Etablissement de gestion de la circulation et du transport urbain. Le jeune homme porte un gilet � l�effigie de l�entreprise qui l�emploie. Il est charg� du stationnement, mais fait le travail d�un agent commercial en vantant les charmes de l�endroit. Il annonce d�embl�e la couleur : le stationnement co�te 50 DA et comme les choses sont faites dans les r�gles, il remet un ticket � chaque chauffeur. Ici, les parkings sauvages n�ont plus droit de cit�. Le jeune homme, ch�meur le restant de l�ann�e, a �t� recrut� par l�EGCTU pour la saison estivale. Il dit ignorer le montant du salaire qu�il va toucher, mais ne semble pas s�en inqui�ter. �Je ch�me depuis si longtemps que je ne me soucie gu�re du salaire�, confesse-t-il. La plage, relativement propre, attire beaucoup de familles. Elles y trouvent la s�curit� qui est assur�e par une brigade de la gendarmerie et les agents de la Protection civile. Ici, pas question d�imposer aux baigneurs ni tables ni parasols. Des plagistes les proposent � des prix variant entre 100 et 200 DA. Une option qui arrange les personnes qui ne disposent pas forc�ment de parasols ou qui pr�f�rent ne pas s�en encombrer. A Azur-Plage, le d�cor est presque le m�me avec un nombre d�estivants sensiblement plus important. La brigade de gendarmerie veille au grain. En d�but de saison estivale, les gendarmes ont d� faire la chasse aux gardiens de parking improvis�s. Depuis, seuls les agents de l�EGCTU s�occupent du parking et aucun plagiste n�ose imposer aux estivants ni parasols ni chaises. Les gendarmes qui sont sur place 24 heures sur 24 confient que leurs interventions se font toujours suite � des agressions, des vols ou des rixes. L�un d�eux assure n�anmoins que s�il devait faire la comparaison avec les ann�es pr�c�dentes, les probl�mes sont moindres et la s�curit� est �totale�. Il en veut pour preuve, le fait que des familles s�attardent jusqu�� 2 h du matin. Question s�curit�, Club-des-Pins figure en pole position. Pour y acc�der, il faut cependant montrer patte blanche. Tous les jours, des Fini le diktat enfants et des adolescents venus du village avoisinant tentent de d�jouer la vigilance des gendarmes pour acc�der � cette plage class�e �VIP� serviette � la main, ils interpellent les occupants des voitures dans l�espoir d��tre embarqu�s. Leurs tentatives sont souvent vaines. Rares sont les personnes qui leur pr�tent attention. Frustr�s, ils finissent par rebrousser chemin � la recherche d�une plage accessible aux petites gens, de pr�f�rence pas encore tomb�e entre les mains d�un concessionnaire. La concession, une formule d�voy�e Si la concession est une formule usit�e de par le monde, elle prend en Alg�rie l�allure d�une arnaque l�galis�e. Les concessionnaires ne respectent que rarement les obligations qui sont les leurs et qui sont clairement �dict�es par la loi du 17 f�vrier 2003, fixant les r�gles g�n�rales d�utilisation et d�exploitation touristiques des plages. Attribu�e apr�s un appel d�offres, la concession peut cependant �tre consentie de gr� � gr� aux Assembl�es populaires communales lorsque l'adjudication s'av�re infructueuse. Dans le cadre d�une convention, les t�ches des uns et des autres sont �tablies. Il incombe ainsi � l�Etat, en vertu de l�article 29 de ladite loi �la d�limitation et le balisage des zones de baignade, l'installation visible des m�ts de signalisation � trois couleurs, la mise en place de postes de premiers soins et de postes de secours d'urgence de la Protection civile dot�s de moyens suffisants et op�rationnels, la pr�sence d'une ou de plusieurs sections des corps de s�curit�.� Pour sa part et conform�ment � l�article 30, le concessionnaire doit veiller � � l'am�nagement de la plage et de ses d�pendances en vue de leur exploitation touristique, l'entretien r�gulier de la plage, de ses d�pendances et des �quipements et la remise en l'�tat de ces endroits, apr�s la fin de la saison estivale�. Plus explicite, l�article 31 l�oblige � �veiller � la tranquillit�, � la s�curit� et � la qui�tude des estivants; disposer de personnels qualifi�s en nombre suffisant; entretenir un poste de premiers soins; conserver en bon �tat tout le mat�riel n�cessaire � la bonne exploitation de la plage; tenir la plage conc�d�e en bon �tat de propret�; proc�der � l'enl�vement des d�chets et des objets de toute nature nuisibles au bon aspect de la plage ou dangereux pour les estivants ; afficher les prix des prestations fournies aux estivants ; veiller � la protection et au respect des m�ts de signalisation fixant la d�limitation et le balisage des zones de baignade�. C�est du moins ce qui est th�oriquement pr�vu. L�exp�rience a d�montr� que les concessionnaires se contentent de placer des parasols souvent us�s, des tables totalement inad�quates et des chaises loin d��tre confortables. Le tout, � des prix qui font fuir des p�res de famille qui ont pour seul objectif, de profiter d�une journ�e de plage sans porter gravement atteinte � l��quilibre budg�taire d�j� mis � mal. Le pire, c�est que ces plages conc�d�es sont livr�es � des jeunes qui ne trouvent pas mieux que de s�armer de matraques pour �convaincre� les plus r�calcitrants de payer le prix d�acc�s sans trop rechigner. Le quart des plages alg�roises pollu� En plus de ces d�sagr�ments, les lieux ne r�pondent pas toujours aux normes en mati�re d�hygi�ne. Cette ann�e encore, les services de la wilaya ont reconduit l�op�ration �plages propres�. Des centaines de jeunes ch�meurs ont �t� recrut�s pour assurer la propret� des plages. Une op�ration qui risque d�atteindre rapidement ses limites si des poubelles ne sont pas mises � la disposition des estivants. Autre probl�me majeur, la qualit� des eaux de baignade. Selon des statistiques fournies par le minist�re de la Sant�, le taux de pollution des plages � l��chelle nationale d�passe les 50 %. Alger d�tient la palme d�or avec plus du quart des plages pollu� bact�riologiquement. Les sites proches des grands p�les industriels sont les plus touch�s et la qualit� des eaux de baignade y est tr�s mauvaise m�me du point de vue chimique comme c�est le cas de Skikda, Annaba, Oran, Mostaganem et Alger. Dans cette derni�re, la qualit� de l�eau est jug�e mauvaise dans 62 % des plages. A l�origine de ce d�sastre �cologique, le d�versement des eaux us�es et les d�chets industriels qui affluent vers la mer. Il n�est pas rare que les baigneurs pataugent m�me dans les �gouts. Les odeurs naus�abondes ne semblent m�me plus les d�ranger. Grands et petits sont contraints de s�en contenter. Les services sanitaires sont charg�s de faire les pr�l�vements. Depuis le d�but de la saison, pas moins de 800 �chantillons ont �t� analys�s. Les pr�l�vements sont faits syst�matiquement une fois par mois en basse saison et une fois par semaine � partir d'avril dans toutes les wilayas, mais au niveau de la capitale, la fr�quence est moindre. Des retards sont g�n�ralement accus�s dans les pr�l�vements et le contr�le au niveau des plages, faute de moyens. Cons�quence : l�estivant nage en eaux troubles et se r�signe faute de mieux�