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Chronique
EN QUELQUES MOTS : DE-CI, DE-LA Les kamikazes : acte III Par Le�la Aslaoui [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 07 - 2007

Apr�s les attentats du 11 avril 2007, Abdelaziz Belkhadem, on s�en souvient, avait d�clar� p�remptoire et sentencieux : �Il n�y avait pas de kamikazes� ; �l�Alg�rie n�a pas de kamikazes�. Nonobstant l�identification formelle de l�un des auteurs des attentats (celui perp�tr� contre le Palais du gouvernement) Belkhadem continuait � jouer son morceau de musique favori : la manipulation de l�opinion.
Afin de ne pas para�tre moins inform� et moins savant que son chef, le ministre de l�Int�rieur d�clara quant � lui : �Le chauffeur du v�hicule (Palais du gouvernement) ne s�est pas fait sauter, son v�hicule a �t� actionn� par ce qui est appel� commun�ment une t�l�commande � , comprendre : ce n��tait pas un kamikaze puisqu�il n�avait pas l�intention de se faire sauter. La r�ponse � ces boniments gouvernementaux est venue de Lakhdaria le 11 juillet 2007. Le 11 juillet comme le 11 avril donc, un terroristeislamiste au volant d�un camion frigorifique bourr� d�explosifs a fonc� sur une caserne � sept heures (7 heures) du matin au moment de la lev�e des couleurs. �Un kamikaze qui s�est fait sauter � l�int�rieur d�une caserne� ( El Watan 12 juillet). Et c�est le m�me ministre de l�Int�rieur, frapp� d�amn�sie, qui d�clare cette fois-ci � la presse en marge des travaux de l�APN : �Ce genre de r�action des groupes terroristes �tait � pr�voir.� Ah bon ? Les kamikazes existent donc bel et bien et ils sont alg�riens. Dont acte. Il est vrai que ces rappels pourraient para�tre aujourd�hui d�risoires, compar�s � l�horreur de ce matin funeste du 11 juillet � Lakhdaria. Ils �taient n�anmoins un passage oblig� pour dire et redire que combattre le terrorisme- islamiste ce n�est pas occulter ses horreurs et ses m�thodes sous pr�texte de rassurer l�opinion. Il y a quelques jours la Grande-Bretagne, terre d�accueil par excellence des islamistes purs et durs dans les ann�es 1990, a eu � affronter � nouveau la violence terroriste. Le monde entier a eu droit � l�information (ou aux informations) accompagn�e d�images. Dans notre pays, les propos incoh�rents, mensongers de nos gouvernants et �Al Qa�da� via/�Al Jazeera� pour ceux qui en sont friands � je n�en fais pas partie Dieu soit lou� ! � sont les sources d�informations des Alg�riens. Certes, les journalistes de la presse �crite ind�pendante fort heureusement nous informent, mais lorsqu�on leur brandit l�argument s�curitaire comme � Lakhdaria que peuvent-ils dire et �crire? Est-ce parce qu�il y avait plus de morts et de bless�s que ceux annonc�s ? Sans doute. Mais un seul militaire, sept ou trente, d�chiquet�s par une bombe, quelle diff�rence ? Il y a eu crime abject, inhumain, ignominieux � Lakhdaria le 11 juillet 2007, cela ne serait-il donc pas suffisant pour extirper de leur confort tous ceux parmi nous, qui croient que cela n�arrive qu�aux autres ou qu�un militaire se doit de conna�tre les risques du m�tier ? Ceux-l� doivent tout de m�me savoir qu�un kamikaze islamiste est programm� par ses commanditaires, certes pour mourir au volant de son v�hicule bourr� d�explosifs afin de m�riter le paradis, mais surtout pour tuer. Tuer n�importe o�, n�importe qui. Les militaires morts d�chiquet�s ou survivants gri�vement bless�s, n��taient nullement programm�s pour mourir de cette mani�re atroce. Sous d�autres cieux, les populations auraient d�j� exprim� leur d�sapprobation en manifestant de leur propre chef �videmment et non pas en int�grant des marches gouvernementales �spontan�es�. Que sommes-nous donc devenus ? Ces militaires ne sont-ils donc pas nos enfants, nos fr�res ? N�aurions-nous pas pu �tre les m�res des sept (7) jeunes appel�s assassin�s par la bombe qui devaient �tre d�mobilis�s la semaine prochaine ? El Watan, El Khabar, Le Soir d�Alg�rie 12 juillet). J�imagine ais�ment la joie de ces m�res attendant le retour du fils. Que de projets maternels faits de tendresse et d�amour exceptionnel parce qu�il est celui de la m�re an�antis ! Elles attendaient le fils, elles auront son cercueil. Tout cela dans l�indiff�rence g�n�rale semblable � celle des ann�es 1991- 1992 lorsque �taient assassin�s, militaires, policiers et gendarmes. Que n�a-ton pas entendu les civils dire : �Ce n�est pas notre affaire �binatqoum� (c�est entre eux forces de s�curit� contre terroristes). Vinrent pourtant les jours sombres, douloureux o� les civils furent cibl�s. Alors combien d�attentats kamikazes faudra-t-il pour que cessent l�indiff�rence et la torpeur quasig�n�rale ? Que dire � ces m�res auxquelles il sera impossible d�expliquer que la mort de leurs enfants assassin�s le 11 juillet est un fait logique, naturel, qu�elles se doivent d�accepter ? Lequel parmi nos joyeux r�conciliateurs aura l�insolence de leur dire que si le kamikaze ne s��tait pas fait sauter dans l�attentat du 11 juillet, il aurait b�n�fici� des largesses de la charte pr�sidentielle qui transforme les tueurs de militaires en bons citoyens ? Lequel d�entre eux ? Abdelaziz Bouteflika devenu soudainement ��radicateur� comme relev� par l�ensemble de la presse de la semaine �coul�e suite au discours qu�il a prononc� le 4 juillet 2007 au minist�re de la D�fense ? Certainement pas, car le soliloque du pr�sident devant le Haut Commandement militaire ce 4 juillet 2007 �tait un discours de circonstance et seulement cela. Face � des hommes qui traquent tous les jours, toutes les nuits, les terroristes- islamistes, le premier magistrat du pays est suffisamment rus� pour savoir que ce n��tait pas de r�conciliation qu�il fallait les entretenir, mais d��radication. Qu�importent les mots pour Abdelaziz Bouteflika, ce ne sont que des mots ! Des mots qui plaisent parce que ce sont ceux choisis par Abdelaziz Bouteflika pour l�auditoire qu�il faut, la circonstance qu�il faut. Et ce serait tresser des lauriers au m�me Bouteflika qui ne les m�rite pas que de croire que l�attentat de Lakhdaria �tait une r�ponse au discours ��radicateur� du 4 juillet 2007. La date du 11 n�est pas fortuite (11 septembre, 11 mars, 11 avril, 11 juillet) et l�attentat devait �tre planifi� depuis longtemps. Le haut fait d�armes ��radicateur� du premier magistrat du pays fut son pardon et son amnistie accord�s par sa seule volont� unilat�rale aux bourreaux et sanguinaires de l�Alg�rie. Et plut�t que d�affirmer que son discours a �t� le d�clencheur de l�attentat du 11 juillet, il convient de dire que son laxisme et ses convictions islamistes et r�conciliatrices conduisent les groupes arm�s � faire monter les ench�res. L�attentat auquel a �chapp� de justesse le wali de Tizi-Ouzou et celui de Lakhdaria n�en sont que d�autres exemples apr�s l�horreur du 11 avril 2007. Avec Lakhdaria le 11 juillet les kamikazes �d�Al Qa�da-Maghreb� ont sign� l�acte III de leur sinistre et macabre �uvre. En votre �me et conscience vous les r�conciliateurs ! Voil� pourquoi il serait ang�lique de voir dans les propos pr�sidentiels du 4 juillet un quelconque changement de ton. Depuis 8 ans et 3 mois que r�gne Abdelaziz Bouteflika, l�on sait d�sormais qu�il existe un ab�me entre ses discours et ses actes. L�on se souvient encore aujourd�hui, de ses d�rapages verbaux qui n�en �taient pas en r�alit�, lorsque son �tat de sant� et sa voix le lui permettaient. Et s�il est une caract�ristique qu�on retiendra de l�homme, ce sera son impr�visibilit� dans les propos et sa frilosit� dans les actes. Des exemples ? La r�forme de la justice qui n�a jamais vu le jour et sur laquelle le professeur Mohand Issad s�est exprim� longuement au quotidien El Khabar (9 juillet 2007). Lorsque Me Issad juriste �m�rite, d�une int�grit� absolue, affirme que la responsabilit� de l�avortement de la r�forme incombe au premier magistrat du pays (quand bien m�me il ajoute qu�il n�est pas seul responsable), nous n�avons aucune raison de douter. Bien au contraire. L�on pourrait citer la r�forme de l�Ecole, les amendements du code de la famille. Timides amendements devrais-je dire. Trois exemples pour rappeler les discours tapageurs, prometteurs de Abdelaziz Bouteflika, suivis de l�absence de toute volont� politique chez l�homme pour proc�der aux changements annonc�s au son des tambours. La seule audace politique, qu�il ait eu fut d�amnistier les �mirs sanguinaires et leurs acolytes. L�autre hardiesse politique fut d�emprisonner le journaliste Mohamed Benchicou et de faire proc�der � la fermeture du si�ge du quotidien Le Matindont il est directeur. Alors pourquoi voir de l��radication l� o� il n�y en a pas ? Le meilleur hommage qu�aurait rendu le chef de l�Etat/ministre de la D�fense � l�Arm�e nationale populaire et � ses victimes assassin�es par le terrorisme-islamiste eut �t� de ne jamais pardonner � ce dernier ses crimes sans devoir de justice, sans devoir de v�rit�. Ce ne pourrait �tre lui donc, qui serait � m�me de consoler les m�res et p�res des militaires d�chiquet�s � Lakhdaria. Que pourrait-il d�ailleurs leur dire ? Rien, absolument rien. Parce qu�il est bien le seul � vouloir nous convaincre qu�un tueur et une victime sont fr�res. Ils ne le seront jamais, pas plus que ne le deviendront ceux et celles qui ont perdu leurs proches assassin�s et les autres qui se sont dit �tre fiers d�avoir opt� pour le chemin du crime. Est-ce Abdelaziz Belkhadem qui pourrait consoler les m�res �plor�es ? Comment ferait-il lui qui ose encore affirmer que la r�conciliation a ramen� la paix et qu�elle est un succ�s ? En outre, omnibul� par la r�vision constitutionnelle, a-t-il seulement le temps d�avoir une pens�e pour de jeunes militaires rassembl�s autour du drapeau � mille lieues de croire que ce serait leur derni�re lev�e de drapeau ? Ces m�res, ces p�res voulaient que leurs enfants vivent dans une Alg�rie o� celui qui d�fend la r�publique est honor�, celui qui tente de la d�truire jug� et condamn�. C�est l� l�unique d�finition de la reconnaissance de la nation �voqu�e par Abdelaziz Bouteflika au minist�re de la D�fense nationale. En perp�trant un autre attentat � la voiture pi�g�e, les groupes islamistes disent clairement � Bouteflika qu�ils n�ont que faire de son pardon parce que destructeurs de l�Alg�rie et assoiff�s de sang ils furent, destructeurs et criminels ils demeureront. Jusqu�� quand la lutte contre le terrorisme men�e par l�Arm�e s�accommodera-t-elle du laxisme bouteflikien et de son amnistie accord�e aux islamistes-terroristes ? C�est l�, la vraie question bien plus importante qu�un discours de circonstances qualifi� � tort
d��radication et certainement utile pour faire �oublier� le propos du chef de l�Etat : �La premi�re violence fut l�arr�t du processus �lectoral.� Abdelaziz Bouteflika a accord� concessions sur concessions � l�islamismeterroriste, � ses id�ologues en mettant sous le coude entre autres la r�forme de l�Ecole parce qu�il sait qu�il s�agit d�un v�ritable projet de soci�t�. Et ce n�est pas en faisant ses shows pr�sidentiels sur le dos de son ministre de l�Education, M . Boubakeur Benbouzid, qu�il proc�dera au changement. R�former l�Ecole c�est l�cher les islamistes et cela, Abdelaziz Bouteflika ne l�a jamais souhait�, jamais voulu. Mais jusqu�� quand pourra-t-il tenir dans sa situation inconfortable �d��quilibriste� forc� de constater que sa r�conciliation est un �chec cuisant ? Entre-temps, des innocents meurent d�chiquet�s par des bombes. Entre-temps, des kamikazes sont robotis�s pour tuer et pour mourir. Entre-temps Abdelaziz Bouteflika continue � appeler les islamistes-terroristes, des �repentis�. Entre-temps Abdelaziz Bouteflika pense lui aussi � sa r�vision constitutionnelle, � prendre plus de pouvoirs, � briguer un troisi�me mandat ou � sa succession. Entre-temps des Algriens continuent � mourir assassin�s. Entretemps des m�res pleurent leurs enfants d�chiquet�s par les bombes comme ceux de Lakhdaria le 11 juillet. En les voyant pleurer, les r�conciliateurs ricanent. Elle est belle l�Alg�rie de Bouteflika ! Mohamed Gharbi, le patriote, est en prison, les �mirs sanguinaires sont libres !


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