Lorsque Mohamed Touati �r�plique� � Bela�d Abdesselam, la chose est tout sauf une simple pol�mique entre deux personnes. Sur le fond, ce sont en fait deux conceptions diam�tralement oppos�es de l�Alg�rie, deux projets de soci�t� qui s�affrontent. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Les destins de ces deux hommes se sont crois�s d�s juillet 1992. Boudiaf venait d��tre assassin� et, avec lui, la lueur d�espoir n�e du d�part du syst�me Chadli- Mehri-Hamrouche, dont le �concubinage� avec le FIS avait �t� interrompu par l�arm�e d�but janvier 1992. La disparition de Boudiaf et le d�part de Ghozali allait livrer l�Alg�rie � un ex�cutif �islamo-ba�thiste� incarn�, pendant plus d�une ann�e, par Ali Kafi et Bela�d Abdesselam. Cet ancien ministre de l�Energie de Houari Boumediene revient au pouvoir apr�s une longue travers�e du d�sert. Il prend les r�nes d�un pays faisant face � une d�ferlante terroriste sans pr�c�dent. Les troupes terroristes du FIS redoublaient de f�rocit�, convaincues qu�elles �taient que l�arriv�e d�finitive au pouvoir n��tait qu�une question de temps. Les l�chet�s tant nationales qu�internationales aidant, �nos� int�gristes s�adonnaient � un v�ritable g�nocide n��pargnant ni les intellectuels, les journalistes, les militaires et policiers, ni les militants politiques, ni les femmes, ni le simple citoyen, ni m�me les �trangers. Avec tout cela, notre chef du gouvernement se d�couvre, lui, un autre ennemi : �les la�co-assimilationnistes� ! Un raccourci historiquement mensonger et moralement condamnable en ce sens que, par cette insidieuse appellation, Abdesselam d�signait en fait les d�mocrates r�publicains. Tant dans la soci�t� civile, les partis politiques, que dans l�arm�e. D�o�, d�ailleurs, son acharnement maladif contre le g�n�ral-major Mohamed Touati qui incarne, � ses yeux, de par son profil et son parcours, le camp �radicateur, c�est-�-dire l�aile r�publicaine et d�mocrate du pouvoir alg�rien. Un officier qui, en compagnie de quelques autres g�n�raux alg�riens, a pris la lourde responsabilit� historique d�interrompre le processus �lectoral p�rilleux du 26 d�cembre 1991, de suppl�er � la gestion chaotique du duo Chadli-Hamrouche et de dissoudre le FIS. Simple coup d�Etat pour assouvir des app�tits de pouvoir ? Un tel raccourci, � la mode de nos jours, c�est faire offense � l�histoire, � l�int�grit� et au patriotisme d�hommes fussent-ils �des g�n�raux�. Car, faut-il le rappeler, en d�cembre 1990, alors m�me que Chadli, Hamrouche et Mehri se pr�paraient � la cohabitation avec le diable, Khaled Nezzar, qui incarnait le seul contre-pouvoir � tout ce beau monde, avait, lui, mis sur pied une commission. Ministre de la D�fense nationale, il avait charg� les g�n�raux Mohamed Touati, Mohamed Lamari et Abdelmadjid Taghit �pour proposer une d�marche politique de type �tat-major compte tenu des d�rives du FIS et de l�apathie des autorit�s publiques annonciatrices de graves d�rives�, �crivait le g�n�ral Khaled Nezzar dans ses m�moires. Dans leur long rapport, ces trois g�n�raux ont proc�d� � une analyse d�une remarquable pertinence. Mais, surtout, ont propos� une d�marche coh�rente, r�aliste et r�alisable pour d�barrasser l�Alg�rie des partis th�ocratiques et la faire entrer d�finitivement dans une nouvelle �re pluraliste et d�mocratique. Un rapport que, malheureusement, Chadli n�a pas pris en compte. Ni m�me ses successeurs, d�ailleurs. Ce qui fera dire � l�un des trois r�dacteurs de ce rapport, qui n�est autre que l�ex-chef d��tat-major, Mohamed Lamari, que �si le terrorisme est vaincu, l�int�grisme reste, lui, toujours intact�. C��tait en 2003, encore. Et, en 2007, les deux projets de soci�t� sont toujours en confrontation avec un Bela�d Abdesselam dans son r�le : un acteur du clan de la �r�conciliation� version Bouteflika, cette fois.