La chaleur est caniculaire et d�s 11 h, pour les plus malins, il s�agit de trouver le moyen de se rafra�chir au moindre co�t et avec les moyens du bord. Depuis le d�but de l��t�, c�est le souci de centaines de jeunes Oranais �g�s de 8 � 14 ans vivant dans des cit�s-ghettos. Ces enfants dont les parents sont d�munis ou disposant d�un revenu assurant juste la pitance quotidienne, tra�nent et v�g�tent dans leurs cit�s durant toutes les vacances scolaires. Leurs vacances, c�est � el houma qu�ils les passent. Ils y c�toient poussi�re et caillasses, aucune route n�est bitum�e. Le seul coin d�ombre se trouve sous le porche du bloc ou en restant scotch�s � l�une des fa�ades des b�timents sociaux qui sont leur univers. Car question verdure, c�est le d�sert. Un rat d�une taille qui ferait peur � un chat passe en quatri�me vitesse revenant de la d�charge d�ordures qui tr�ne dans un coin de la cit�. Pour chaque groupe de blocs d�habitations, il existe ainsi un monticule d�ordures, les restes de past�que et de melon attirent toute la vermine du monde et empestent l�atmosph�re. Depuis le matin, des bruits sourds r�sonnent par endroit ; ce sont des locataires qui, comme tous les Alg�riens, entament des travaux dans leurs appartements cassant, d�fon�ant des balcons, des murs porteurs, et rejettent les gravats � l�ext�rieur. Pour les gamins, ces d�charges de gravats vont constituer pour un temps un amusement avant que le propri�taire les fassent d�guerpir. Et c�est ainsi, chaque fois que les adultes voient leur tension monter en m�me temps que le mercure se d�foulent sur les gosses d�s�uvr�s qui essaient de tuer le temps et de supporter la canicule. Mais voil�, depuis peu, notre bande de gamins a trouv� le truc, l�astuce facile et gratuite pour quelques instants de d�tente, de joie, de bonheur et ce, gr�ce aux jets d�eau qui agr�mentent quelques ronds-points de la p�riph�rie d�Oran. Quand l�APC fait son l�cher d�eau et que les flics en stationnement vont voir ailleurs, nos gamins piquent de la t�te dans le jet d�eau. C�est leur piscine, leur mer � eux, les d�sh�rit�s. Le corps maigre et les os saillants, des shorts d�lav�s en guise de maillot de bain, ils vont durant un long moment se faire plaisir entre copains � patauger dans ce jet d�eau. Cette eau n�est pas des plus claires ni des plus s�res mais elle est la seule disponible � proximit� de la cit� et de ces enfants qui ont la sensation de se baigner. Ils arrivent m�me � faire un concours du meilleur plongeon. Mais d�s qu�un v�hicule de police appara�t, c�est le sauve-qui-peut... C�est triste et d�solant pour ces gosses et pour la ville d�Oran, il y a bien un plan bleu mis en place par la Direction de la jeunesse et des sports qui assurent quelques sorties en mer pour les enfants des quartiers populaires mais en mati�re d�infrastructures de proximit� il n�y a rien alors que les cit�s-dortoirs ne cessent de se multiplier tout autour de la ville d�Oran abritant ainsi une population pauvre et oubli�e. Alors nos petits baigneurs vont pour leur part continuer � se rabattre sur ce qu�ils trouvent � leur port�e. C�est la d�brouille qui compte toujours !