Pour �viter le brouhaha du commissariat central, la chefferie de la police judiciaire de Constantine a choisi le si�ge de la brigade mobile de Daksi pour y installer le poste du commandement (PC) de l�op�ration �coup-de-poing� op�r�e mercredi dernier en fin de journ�e. Reportage de Lyas Hallas Ces rafles sont devenues plus au moins routini�res depuis plusieurs mois et leur fr�quence n�ob�it pas � un calendrier pr�d�fini. Leur objectif, diton au niveau de la S�ret� de wilaya, est avant tout la pr�vention. La descente ne dure que quatre heures et est prolong�e durant toute la nuit par les patrouilles traditionnelles des BMPJ qui assument une charge de travail assez lourde tant il est vrai que les moyens mat�riels et humains mobilis�s restent insuffisants pour s�curiser une cit� de la taille de Constantine. Il est 19h : la plupart des �l�ments r�quisitionn�s pour participer � la descente n�avaient pas encore rejoint l�unit�. Kamel, le pr�pos� au foyer, se d�voue � servir convenablement les troupes. �Mon devoir est de les mettre � l�aise. Ils font des sacrifices pour le bien de tous les citoyens, surtout pendant la nuit. Je me dois d��tre � leur �coute pendant ces rares moments de r�pit�, dit-il. Il encha�ne en montrant du doigt la photo du policier Katib Bouchareb, martyr de la brigade, assassin� par les terroristes en d�cembre 1999. 19h30 : toutes les brigades sont arriv�es au PC et le chef de service de la police judiciaire � la S�ret� de wilaya de Constantine (SWPJ), commandant de l�op�ration, entame son briefing. Il scinde les effectifs en deux groupes et insiste sur le respect des citoyens pendant toute l�op�ration. Une demi-heure plus tard, tout le monde est sur le terrain. Les quartiers cibl�s sont Djebel Ouahch, Ziadia, l�Emir-Abdelkader, Fedj-Errih, Daksi- Abdesselem et Sidi- Mabrouk. Ils ratissent en long et en large des endroits chauds, r�put�s �tre des points noirs pendant la journ�e. Toutes les personnes suspectes ont �t� soumises � des fouilles syst�matiques. �Robert� le chien de la brigade canine, renifle les �tals de fortune des revendeurs � la sauvette de tabacs et autres v�hicules suspects. Son ma�tre vantait ses capacit�s hors normes en d�fiant quiconque de pouvoir dissimuler des stup�fiants ou de tenter de leurrer sa perception. �Gr�ce� � �Robert�, nous avons d�couvert des quantit�s importantes de kif�, avance-t-il. Le �point Z�ro� est le code attribu� au PC. Tout le monde s�y retrouve � 23h. L�op�ration vient de se terminer sans trop de souci avec un maigre bilan de trois arrestations. Les policiers ont appr�hend� le g�rant d�une salle de jeux, situ�e au quartier populaire de l�Emir-Abdelkader. Ils ont saisi un couteau et une bombe � gaz lacrymog�ne � l�int�rieur de son local. Lors de l�interrogatoire, il pr�tendra que les objets prohib�s appartiennent � l�un de ses clients qu�il n�a, d�ailleurs, pas pu identifier. �A votre apparition, l�un de mes clients a d� les larguer par terre� d�clare-t-il. Il n��chappera pas cependant � une pr�sentation d�s le lendemain devant le parquet pour activit� ill�gale. Il ne dispose ni de licence d�exploitation ni de registre du commerce. �C�est le cas de toutes les salles de jeux du quartier�, rench�rit-il. Dans le bois limitrophe au quartier de l�Emir Abdelkader, les policiers ont arr�t� un consommateur de kif. La trentaine, il se �shootait� en compagnie de trois de ses copains loin des regards � l�int�rieur d�une camionnette de type R4. Le brigadier des stup�fiants l�avait interpell� au moment o� il jetait un morceau de quelques grammes de kif. Il a pu retrouver le bout de shit dans une obscurit� totale sans l�aide de �Robert�. Le chien a failli laisser des poils, dans une �rixe de klebs� avec un berger allemand du quartier. Le troisi�me suspect est un adolescent, surpris en possession d�un comprim� de psychotropes. La pr�sence de la force publique a, sans doute, �touff� toute vell�it� de commettre des infractions cette nuit-l�. Bref, le d�but de cette soir�e caniculaire (31� � 22h30) �tait calme bien que les art�res des quartiers cibl�s ne d�semplissaient pas. La chaleur a fait fuir les Constantinois de chez eux. �Je crois que la pr�sence des citoyens est pour quelque chose car les malfaiteurs pr�f�rent les �proies� isol�es. C�est le d�sistement des citoyens � fr�quenter les espaces de d�tente qui a r�duit la plupart des quartiers � des nids de criminalit�. Et s�ils aspirent � recouvrir la paix d�antan, les gens doivent, de leur c�t�, r�investir tous ces espaces afin de chasser les d�linquants� commente un policier. Un manque flagrant en effectif ! 23 h : le groupe d�intervention de la police judiciaire, environ 12 �l�ments � bord de 3 v�hicules 4x4, prend le relais pour continuer le travail jusqu�au matin. Sa mission n�est pas de tout repos puisqu�il est cens� intervenir � travers toute la ville de Constantine. Le tiers de cet effectif est affect� � la surveillance, pendant toute la nuit, du mat�riel de la soci�t� hollandaise en charge de l�ex�cution des travaux de la pose d�une pelouse en gazon naturel pour le stade du Chahid- Hamlaoui. Les deux autres v�hicules qui interviennent �ventuellement pour r�primer des bandits, contribuent � des interventions sur la demande de la permanence centrale de la S�ret� de wilaya et inspectent les neuf barrages dress�s en guise de ceinture de s�curit� autour de la ville des Ponts et les cinq r�sidences destin�es � abriter les fonctionnaires de la police de Constantine. 01h du matin : deux fr�res habitant la rue Kitouni, Base A, sont venus demander l�aide des policiers pour faire face � un d�linquant qui semait la terreur � l�aide d�un sabre. �Il y � peine une semaine qu�il est sorti de prison et le voil� qui r�cidive. Il n�a �pargn� aucun voisin par ses outrances�, a lanc� le plaignant. Le mis en faute est connu des policiers puisqu�il s�agit d�un repenti qui a pass� 7 ans dans les rangs d�un groupe terroriste. Sur place, le groupe d�intervention rep�re une victime qui souffrait de blessures au niveau du coude et � l��paule. �J�ai essay� de me prot�ger des coups de sabre qu�il tentait de me porter�, a-t-il avanc� en montrant de son doigt l�arme, longue de 80 cm, jet�e par terre. Une barre de fer �tait �galement abandonn�e sur les lieux. Le fr�re de la victime fait remarquer que tous les voisins qui sont sortis de chez eux peuvent en t�moigner. Le policier le rassure et lui recommande d�amener son fr�re bless� � l�h�pital pour des soins d�urgence et puis d�aller d�poser une plainte au commissariat. Il ordonne � ses hommes de dresser une embuscade � l�agresseur. En vain. 2h ou presque : le groupe prend la direction du commissariat central. Au boulevard Belouizdad, une Peugeot 504 roulait � toute allure en sens interdit. La patrouille de la police l�intercepte et se rend compte qu�elle �tait poursuivie par une Renault Clio. Cette derni�re a �t� heurt�e par le chauffard en �tat d��bri�t� qui tentait de prendre la poudre d�escampette. Il est aussit�t arr�t� et est conduit par les policiers avec ses deux accompagnateurs au commissariat central. Sur le chemin, �le repenti� refait surface, l�agresseur �tait revenu au quartier mena�ant ses habitants. Le chef du groupe va d�poser le chauffard au si�ge et revenir. La montre affichait 2h30 ; moment d�inspection des barrages et des r�sidences de la police. La charge des missions contraste avec les moyens engag�s pour ce faire. Les �l�ments du Groupe d�intervention comme ceux de la permanence consentent beaucoup d�effort pour pouvoir assumer toutes ces charges. Ils travaillent de 16h jusqu�� 8h du matin de la journ�e suivante, sans pouvoir, parfois, pr�tendre � une journ�e de r�cup�ration. �Nous les trouverons libres lors de la prochaine permanence� 4h du matin : le groupe marque une halte. Histoire de prendre un caf� et repartir avec plus de forme. Les agents racontent des anecdotes et autres faits v�cus tout au long de leurs ann�es de services. Cette nuit est relativement calme. D�habitude ils ne connaissent aucun instant de r�pit. N�anmoins, ce qui les irrite le plus est de voir des bandits, rel�ch�s quelques heures, seulement apr�s leur pr�sentation au parquet. �Arr�ter ces criminels est d�j� une entreprise qui n�cessite beaucoup d�effort, notamment avec le manque d�effectif, mais le plus souvent, nous les retrouvons libres d�s la permanence suivante. C�est un peu d�courageant, mais nous sommes tenus de faire notre travail quelle que soit la suite des �v�nements. Personnellement, je dors la conscience tranquille �, confie l�un d�eux. Il pr�cisera que pour assurer la couverture de la ville de Constantine normalement, il faudra affecter un effectif quatre fois plus important que celui qui est r�quisitionn� actuellement. �La s�curit� est une mission qui n�cessite la conjugaison d�efforts entre forces de s�curit� et citoyens, cependant beaucoup de gens, par crainte notamment, ne collaborent pas. Ils ne d�noncent jamais des malfaiteurs et portent, rarement, plainte contre leurs agresseurs� a regrett� le chef du groupe. De retour au poste, l�on apprend l�arrestation d�une personne pour usurpation d�identit� et faux et usage de faux. Il s�agit d�une personne r�sidante � S�tif qui a �t� conduite par les �l�ments de la Police des fronti�res (PAF) de l�a�roport Mohamed-Boudiaf. Il portait un passeport fran�ais, falsifi�. Sa premi�re audition comme tous les PV �tablis par la permanence centrale sont ex�cut�s sur d�anciennes machines � �crire qui fonctionnent encore dans les bureaux de la police alg�rienne � l��re des Ntic. �Un bon nombre d�ordinateurs utilis�s par la police proviennent de dons. Notre administration est tr�s pauvre et n�a m�me pas assez de papier pour les proc�s-verbaux�, d�plore un policier.