La fréquence des alertes a atteint son paroxysme durant les trois jours ayant suivi les attentats du 11 avril. La salle des trafics de la sûreté urbaine de la wilaya d'Alger n'a jamais reçu autant d'appels de citoyens signalant, à proximité de leur résidence ou lieu de travail, la présence d'une voiture ou d'un objet suspect. Le responsable de la cellule de communication du commissariat central n'a pas voulu donner une statistique, même approximative à ce propos, afin d'éviter de donner au phénomène un caractère particulier (nous avons appris, par d'autres sources, que le chiffre tourne autour d'un millier d'appels). Il s'est contenté d'informer que la fréquence des alertes a atteint son paroxysme durant les trois premiers jours, ayant suivi le mercredi noir. Il explique cette tendance par la panique, qui a envahi les Algérois, suite aux derniers attentats suicide. “La cadence a diminué par la suite”, soutient-il en saluant, au passage, ce qu'il considère comme un acte de civisme. “La prise de conscience des citoyens ne date pas du 11 avril, et même pas des attentats contre les commissariats de Réghaïa et Dergana (perpétrés à la fin de l'année dernière). C'est un réflexe qui existe depuis plusieurs années”, indique notre interlocuteur. Il encourage d'ailleurs ses concitoyens à persévérer dans cette voie. “Les citoyens doivent continuer à nous appeler par le biais du numéro vert (15 48), accessible à partir d'un portable”. “Tous les appels sont pris au sérieux”, surenchérit le commissaire D. A., responsable administratif et logistique de l'équipe des artificiers d'Alger. L'alerte donnée par un Algérois, qui estimait anormal le stationnement d'une Mercedes noire dans un quartier huppé d'Alger, peu d'heures après l'explosion des véhicules piégés devant le siège du gouvernement et les deux commissariats de Bab-Ezzouar, a évité un véritable carnage (lire les détails de cette affaire dans le reportage page 6). Les deux officiers de la Sûreté nationale regrettent, néanmoins, des actes répréhensibles, émanant de personnes irresponsables, dont le seul objectif est d'entretenir le climat de psychose dans la capitale. Plusieurs appels anonymes ont fait état de l'existence d'engins explosifs. De fausses alertes, inspirées par des intentions malveillantes. Ce qui a incité les services compétents de la police à procéder à la traçabilité de l'appel, jusqu'à identifier le numéro y correspondant. Quatre personnes ont été présentées au parquet pour ces motifs d'accusation, ces huit derniers jours. “Une enquête est systématiquement ouverte, après chaque fausse alerte (quand les artificiers se déplacent sur le lieu indiqué et ne trouvent pas de trace de l'objet suspect, dont l'existence n'a pas été, par ailleurs, confirmée par d'autres témoignages, ndlr). Nous avons les moyens de retrouver l'origine des appels”, prévient le chargé de la communication au niveau de la sûreté urbaine de la capitale. S. H.