L�enqu�te men�e tambour battant, suite � l�attentat de Batna ciblant Abdelaziz Bouteflika le 6 septembre, a r�v�l� que le �cerveau� de l�op�ration est un amnisti� du m�me Bouteflika ayant b�n�fici� de tous les avantages de la charte pr�sidentielle et de l�impunit�. S�il n�y avait pas eu vingt-deux morts et plus d�une centaine de bless�s parmi les innocents venus accueillir �leur� pr�sident, j�aurais qualifi� cette information de r�jouissante, lorsqu�on se souvient de la d�claration de Abdelaziz Bouteflika quelques instants apr�s l�attentat : �Je ne renoncerai pas � la r�conciliation nationale quoi qu�il en co�te.� Pour autant, les conclusions des enqu�teurs devraient amener Abdelaziz Boutefika � admettre l��chec de sa mascarade appel�e �r�conciliation�. S�il ne s��tait pas agi de sa petite personne, il n�aurait sans doute pas exig� qu�on recherche et identifie les auteurs, instigateurs, commanditaires, complices de l�attentat. Cela aura eu au moins l�avantage de lui ass�ner un camouflet cinglant : la r�conciliation ne se poursuivra pas quoi qu�il en co�te, car pour lui elle ne rev�t aucun co�t puisque ce sont d�autres Alg�riens qui meurent � sa place comme ceux de Batna. Combien faudra-t-il de morts, de handicap�s, au m�me Bouteflika, lui, qui avait d�clar� en 1999 en bombant le torse : �Je veux que la violence s�arr�te, 100 000 morts n�est-ce pas suffisant ?.� Combien faudra-t-il de kamikazes pour que Abdelaziz Bouteflika comprenne et admette que la voie de la r�conciliation, c�est-�-dire celle de l�amnistie et de l�impunit� des assassins est une prime � la violence et un �chec total � son �chec � de l��uvre de paix ? Faut-il alors s��tonner de voir l�Alg�rie plac�e au bas de l��chelle mondiale (107e place) avec un potentiel de violence �valu� � 2 503 points ? (Rapport de la Banque mondiale : indice mondial de la paix) (voir chronique de Amar Belhimer : �Bons derniers et fiers de l��tre� Le Soir d�Alg�rie, 2 octobre 2007). Certainement pas. La violence est notre �ch�re� compagne au quotidien, comment donc en serait-il autrement lorsque l�impunit� du crime d�cid�e par Abdelaziz Bouteflika fait de l�assassin un h�ros et un exemple � suivre ? Et plut�t que de d�missionner puisqu�il a lamentablement �chou� ou tout au moins de changer de politique, puisqu�il entend s�accrocher � son fauteuil pr�sidentiel nonobstant l�immobilisme dans lequel il a plong� l�Alg�rie, nonobstant son �tat de sant� qui serait, dit-on, pr�occupant, sans que les citoyens en sachent davantage, nonobstant les scandales financiers auxquels sa fratrie est m�l�e, Abdelaziz Bouteflika persiste et signe : r�conciliation quoi qu�il en co�te. Et c�est ainsi qu�il a r�cemment instruit le chef de l��tat-major de l�ANP, de �poursuivre sans r�pit la lutte antiterroriste� lui ajoutant ou lui pr�cisant, : �laissez-moi le volet politique, chargez-vous du volet s�curitaire� ( El Khabar 1er octobre 2007). En langage plus simple et plus clair, cela signifie : envoyez vos troupes mourir au nom de l�amnistie et de l�impunit�. Le pire dans toute cette mascarade est l�indiff�rence, ou le silence g�n�ral comme si les jeunes appel�s, les officiers qui combattent le terrorisme au p�ril de leur vie, pour que Abdelaziz Bouteflika puisse se maintenir, n��taient pas nos compatriotes, n��taient pas nos fils ou nos fr�res. C�est pr�cis�ment � cause de cette l�thargie, de ce mutisme g�n�ral que nous n�avons m�me pas connus et v�cus aux pires moments du terrorismeislamiste, que Abdelaziz Bouteflika impose sa r�conciliation en faisant croire pour mieux prendre sa revanche contre ce pays dont il n�a cess� de r�p�ter qu�il en a �t� �cart� durant vingt ans (20) que c�est la seule solution. Or, ce n�est m�me pas une solution, car la lutte contre le terrorisme-islamiste, contre El Qa�da � l��chelle mondiale ne s�accommode pas de concessions, de compromissions, de n�gociations. Certes, s�il y a lieu de savoir urgemment dans quelles conditions et avec quelles m�thodes sont endoctrin�s de jeunes adolescents pr�ts � mourir en tuant des innocents, s�il est tout aussi urgent de s�attaquer aux causes et conditions �conomiques et sociales, terreau id�al de l�islamisme pour recruter des tueurs, il n�en demeure pas moins que combattre la terreur c�est avant tout faire montre de fermet� sans compromissions possibles. Dans le cas contraire, la violence des kamikazes se banalisera et s�enracinera dans le quotidien. Ils auront gagn� la bataille psychologique. Comment dans ces conditions, les autorit�s auraient-elles encore l�outrecuidance et l�audace, d�exiger vigilance et r�sistance citoyennes, lorsque le premier magistrat du pays anoblit des �mirs sanguinaires jusqu�au point de les convaincre que leur pr�sence � l�enterrement d�un officier sup�rieur de l�arm�e n��tait en rien choquante ? Parmi eux, figurait celui qui s�est dit fier d�avoir �gorg� des militaires et d�avoir conserv� leurs armes (kalachnikovs). Mobilisation ? Vigilance dites-vous ? Qui donc pourrait encore y croire lorsque depuis le 6 septembre (date de l�attentat) Abdelaziz Bouteflika n�a plus fait d�apparition publique ? Si lui se cache et se terre chez lui, pour qu�elles raisons voudrait-on voir les citoyens jouer aux h�ros ? Leur seule pr�occupation est d��chapper � eux-m�mes et leurs proches � aux folies d�un kamikaze. Pour quelles raisons voudrait-on voir des citoyens d�sabus�s, d��us, par une politique aussi injuste qu�inf�me jouer aux h�ros, lorsqu�on apprend par la presse ( El-Khabar3 octobre) que le CEM Abdellah- Benabbas (ex-Saint-Michel) � El Biar, aurait �t� ferm� sur ordre de Abdelaziz Bouteflika parce que mitoyen � la r�sidence du m�me Bouteflika et de sa famille ? Que celui-ci puisse se soucier de sa s�curit�, notamment apr�s l�attentat manqu� de Batna, est humain, qu�il offre par contre � son peuple l�image d�un chef d�Etat incapable de vaincre sa peur est un spectacle affligeant. Et comme dit l�adage bien connu : �La peur n��vite pas le danger.� Lorsqu�on fait sien cet adage, il permet pr�cis�ment au v�ritable croyant convaincu que seul Dieu d�cide du jour, de l�heure et de la mani�re de mourir, de ne plus jamais avoir peur. Par ailleurs, � propos de ce coll�ge, plut�t que de perturber personnels enseignant, administratif et �l�ves en ce d�but d�ann�e scolaire, n��tait-il pas plus judicieux pour Abdelaziz Bouteflika de se choisir une autre r�sidence ? Lorsqu�il s�agit des �grands�, la crise de logement n�existe pas et les r�sidences luxueuses, s�curis�es ne manquent pas ! Est-ce normal qu�un chef d�Etat se comporte de la sorte ? Est-ce normal de continuer � subir un chef d�Etat qui se cache ? Ne serait-il pas encore qu�il est temps pour lui maintenant de le voir partir, lui qui ne gouverne plus et ne r�gne plus, quand bien m�me on voudrait nous faire croire le contraire ? En nous disant, entre autres, que ses auditions ramadanesques avec ses ministres aboutiraient (le quotidien Libert�) � un remaniement au sein du gouvernement. Semblables donc, � des candidats re�us ou recal�s � leur examen de passage, les ministres seraient � la fin du Ramadan, renvoy�s � la maison ou maintenus. Sauf qu�il y a lieu de pr�ciser qu�avec Abdelaziz Bouteflika il n�y a pas de bons et de mauvais ministres. Il n�y a que des ex�cutants qu�il peut recycler puisque c�est lui (hormis les exceptions bien connues) qui les a choisis et nomm�s. Il ne les renverra pas � la maison, car ce serait avouer qu�il s�est tromp�. Or, Abdelaziz Bouteflika ne se trompe jamais. A supposer donc que Libert� ait donn� la bonne information, imaginons alors l�op�ration recyclage : le ministre du Commerce ira � la Jeunesse, la Jeunesse � la Culture, la Culture, � la Solidarit�, la Solidarit� au minist�re de la propagande, l�Int�rieur � l�Int�rieur, les Affaires �trang�res aux Finances, les Finances au minist�re de la Participation, la Communication � la Sant�, la Sant� � l�Enseignement sup�rieur, l�Energie � l�Energie, et ainsi aura lieu l�important remaniement qui aura justifi� la longue sieste ramadanesque de Abdelaziz Bouteflika ponctu�e par un soliloque de l�Ex�cutif avec lui-m�me. Le pays est dernier en tout et on voudrait nous faire croire qu�un remaniement serait la solution ? Le pays est dernier en tout et ce ne sont pas les coups de pied dans la fourmili�re du ministre de l�Education nationale, lorsqu�il constate comme en 1990, comme en 1991, que l�application de la non-mixit� a encore la peau dure � Tipasa, ou que des �l�ves terrorisent leur professeur femme en la contraignant � rev�tir le hidjab � Bab-El-Oued, qui pourrait nous convaincre que l�id�ologie islamiste est vaincue politiquement. S�il faut se f�liciter de la fermet� inchang�e de M. Boubekeur Benbouzid et de son courage, il y a lieu de souligner que son action ne peut porter ses fruits que s�il est soutenu dans son combat contre la terreur � l�int�rieur des �tablissements scolaires par Abdelaziz Bouteflika, par tous ses coll�gues du gouvernement surtout celui des Affaires religieuses. Or, il n�en est rien. Abdelaziz Bouteflika est islamiste dans sa t�te, dans son c�ur, dans son mode de gouvernance, aurait-on d�j� oubli� qu�il a d�clar� un jour : �Si j�avais eu 20 ans j�aurais fait comme les terroristes� ? Abdelaziz Belkhadem a �t� choisi par l�autre Abdelaziz, pour son id�ologie islamiste. Quant au ministre des Affaires religieuses, il continue � accomplir loin de la temp�te en compagnie de ses coll�gues, la pri�re des �taraouih� chez lui. Voil� pourquoi, le ministre de l�Education nationale aurait pour le moins besoin du soutien des parents d��l�ves conscients que le danger est encore l� parmi nous. Et plut�t que de s�int�resser � ces questions vitales, parce qu�il s�agit de s�curit� et de stabilit� de l�Alg�rie, le gouvernement a pr�f�r� organiser un s�minaire sur les �harragas� qui s�est termin� par cette conclusion du premier responsable de la solidarit� : �L�int�gration de la communication dans la strat�gie nationale visera la prise en charge du ph�nom�ne des harragas qu�il convient de coupler avec un ancrage juridique de lutte contre ce ph�nom�ne.� Avez-vous compris quelque chose ? Comprendra qui pourra cette langue de bois qui, �videmment, ne r�pond pas � cette question fondamentale : Que doit-on faire, face � des jeunes qui disent pr�f�rer mourir plut�t que de vivre dans leur pays ? Tout le reste n�est que balivernes. Harraga ou kamikaze. Ou encore d�linquant jug�, me disait r�cemment ma�tre Miloud Brahimi, par une justice tellement press�e qu�elle ne prend m�me plus le temps d�appeler le pr�venu par son nom ou son pr�nom mais pr�f�re cette m�thode de plus en plus r�pandue : �num�ro 1 condamn� �...�, �num�ro 2 condamn� �...�, et ainsi de suite... Me Miloud Brahimi n�a pas eu vent de ces faits. Il les a v�cus devant diff�rentes juridictions p�nales. �Il n�y a que dans les camps de concentration o� les humains sont transform�s en num�ro�, a-t-il dit en col�re � et on le comprend � devant l�un de ces tribunaux. J�ajouterai qu�une justice qui m�prise l�humain m�me s�il est d�linquant est une justice qui fait peur. Il est loin bien loin le temps o� feu Laggoune Lakhdar, mon cher pr�sident de cour, recommandait aux magistrats appel�s � pr�sider les assises dont j�ai fait partie, �d��tre corrects�. �Vous avez en face de vous un �tre humain pr�sum� innocent�, nous disait-il. Sans doute en entendant que des �tres humains sont r�duits � des num�ros doit-il se retourner dans sa tombe. Apr�s les harragas, le gouvernement a entendu proposer prochainement une loi visant � sanctionner les enfants qui abandonnent leurs parents dans des asiles pour personnes �g�es. Pourquoi pas ? Mais a-t-on besoin d�une loi pour aimer, ch�rir, respecter ses p�re et m�re ! ? Et prendre soin d�eux ? Lorsqu�un fils, une fille a en t�te d�abandonner ce qu�il y a de plus cher dans sa vie : les parents, la loi la plus s�v�re est inop�rante. Car ce que fait le gouvernement une fois de plus est qu�il s�attaque aux effets au lieu de s�attaquer aux causes. Dans une soci�t� o� toutes les valeurs � les belles valeurs � o� tous les rep�res ont disparu, dans une soci�t� o� les corrompus et les nouveaux riches aux biens mal acquis, ne demandent plus au moment de marier leurs filles �qui est ton p�re, qui est ta m�re mais que poss�des-tu comme biens ?� faut-il s��tonner de voir alors que nos vertus familiales ancestrales ne jouent plus leur r�le r�gulateur ? Une loi ou dix lois n�y changeront rien, car l�on n�a pas besoin du code p�nal comme veut le faire croire le gouvernement pour conna�tre ses devoirs et obligations � l��gard de ses parents. Que fait, par contre, ce m�me gouvernement pour venir en aide aux citoyens qui, en sus de crouler sous les difficult�s �conomiques et sociales, ont en charge leurs parents ? Rien. Toutes les fois qu�il entend se d�barrasser d�un probl�me, l�ex�cutif croit le solutionner en cr�ant des lois et en impliquant Dame Justice, encore elle, et toujours elle. L�agitation n�a jamais �t� l�art de gouverner. Alors, la vraie question est celle-ci, et tant pis si je l�ai d�j� pos�e dans une pr�c�dente chronique : A quoi nous sert Abdelaziz Bouteflika ? A quoi nous sert son gouvernement � A rien. Alors maintenant il lui faut partir, d�autant que son image � l��tranger discr�dite totalement et d�finitivement l�Alg�rie. Lui qui courait derri�re le prix Nobel n�a m�me pas eu la petite satisfaction de voir son nom figurer parmi les candidats (quand bien m�me il n�aurait pas �t� retenu �videmment). Un chef d�Etat qui occulte les priorit�s pour faire de la diversion avec des s�minaires et des auditions n�est plus capable de gouverner... alors maintenant est arriv� le moment pour lui de d�missionner. Sa d�mission plut�t que la peur de continuer, la peur de mourir... Sa d�mission plut�t que l�immobilisme et la d�liquescence. L. A. N. B. : 1) M. Mellouk Benyoucef a �t� � nouveau harcel� puis rel�ch� par la justice. Je ne commenterai pas la �salade� judiciaire qui a fait qu�il ait �t� interpell�, puis lib�r�. Je me suis pos� la question de savoir ce que sont devenues les personnes qui avaient jur�, promis, en prenant la presse � t�moin, de soutenir M. Mellouk dans son action de r�tablissement de la v�rit�. On ne les entend plus... 2) M. Ma�mar Farah ( Le Soir d�Alg�rie, 4 octobre) a fait art d�un commentaire d�un lecteur qui a jug� les chroniques, billets et autres �crits du Soir d�Alg�rie, semblables � �des portes ouvertes que l�on d�fonce�. Outre que je partage la r�ponse de M. Farah, je souhaiterais ajouter juste ceci : depuis 8 ans de r�gne sans partage, de verrouillage politique, d�injustices, d�abus de droits multiples, de scandales financiers, durant les deux mandats de Abdelaziz Bouteflika nous pouvons �tre modestement fiers d�avoir �t� quelques-uns � �d�foncer des portes ouvertes� tandis que furent plus nombreux ceux qui pr�f�raient les voir ferm�es. Heureusement que ces jugements ne sont pas partag�s par tous ceux qui nous encouragent � continuer. Certes, les choses ne changent pas avec une chronique ou un billet mais se taire au moment o� il faut dire les choses non pas pour avoir raison, mais seulement pour ne pas avoir demain des comptes � rendre � sa conscience, est certainement pus bl�mable que d�foncer des portes ouvertes ; c�est parce qu�il a ouvert ces portes que Mohamed Benchicou a vu celle de la prison se refermer sur lui. Et il est notre fiert�.