Photo : La Tribune De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali La cour criminelle d'Oran doit statuer aujourd'hui sur une affaire dans laquelle huit personnes sont accusées d'appartenance à groupe terroriste, apologie au terrorisme, atteinte à la sûreté de l'Etat et détention d'armes de guerre. Ce qui fait la particularité de ce procès -dans un pays qui en a jugé des centaines d'autres depuis presque 20 ans- est que toute l'affaire remonte à l'attentat suicide qui a eu lieu à Batna le 6 septembre 2007, durant la visite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Découvert par la population à laquelle il s'était mêlé avant le passage de la délégation présidentielle, sa principale cible, le kamikaze n'avait pu aller au bout de son projet et s'était fait exploser dans la précipitation. L'attentat avait fait vingt-deux morts et plus de cent blessés, suscitant un large mouvement d'indignation aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Quelque temps plus tard, l'enquête judiciaire diligentée par les services compétents révèlera que le terroriste se nommait Belazrag Lahouari et qu'il était originaire de la ville d'Oran, plus particulièrement du quartier populaire de Médiouni. Les enquêteurs établiront également un lien entre Belazrag et plusieurs autres individus, tous originaires d'Oran, et appartenant à un même réseau dont les éléments fréquentaient la même mosquée du quartier le plateau St-Michel et suivaient le même enseignement d'un imam et «émir», Samir Amalou, déjà recherché par les services de sécurité. Les investigations qui suivront mèneront les enquêteurs à appréhender, dès le 20 décembre 2007, Seddouki Mohamed El Amine, alias Mohamed El Masry, Belbachir Hamza, Hamdane El Djillali, Achraf Mohamed, Mahmoudi Mohamed, Allouche Lahcene Sofiane, Serrir Sofiane, alias Abou Hatem, et Samir Amalou, tous suspectés de constituer un groupe terroriste, d'enrôler des jeunes recrues et de conspirer contre le président de la République. Selon des sources proches du dossier, l'un des suspects, Hamdane El Djillali -qui avait déjà bénéficié des vertus de la réconciliation nationale dans une affaire de terrorisme- a reconnu devant la police avoir été chargé par l'«émir» du groupe, Samir Amalou, de recruter des jeunes pour les intégrer dans des organisations terroristes et les envoyer aux maquis de l'est du pays. D'autres suspects, toujours selon les mêmes sources, ont reconnu être en relation avec Samir Amalou qui, selon leurs déclarations, serait le «mentor» du kamikaze de Batna, Belazrag Lahouari, auquel il aurait même permis de suivre des cours d'instruction militaire dans une zone située à Aïn Témouchent.