La Ligue alg�rienne pour la d�fense des droits de l�Homme (LADDH) vit une situation de non-retour au sein de ses instances. Rosa Mansouri - Alger (Le Soir) - Confront�e � une crise interne qui dure depuis quelques mois d�j� et s�accentuant sur la gestion pratiqu�e par le pr�sident de cette organisation, M. Hocine Zehouane, la LADDH se trouve divis�e, depuis vendredi, en deux ailes. Sans consultation du conseil national ni du bureau national, le pr�sident de la ligue a, en effet, appel� vendredi � l�organisation d�une assembl�e g�n�rale (qui ne figure pas dans le fonctionnement organique de la ligue), qui s�est transform�e par la suite en un congr�s extraordinaire. Ce dernier a eu lieu dans la clandestinit� d�s lors que les congressistes n�ont pas �t� convoqu�s et les instances internes exclues. Dans un communiqu�, parvenu hier � notre r�daction, les membres du bureau national de LADDH ont exprim� leur stup�faction face � de tels agissements. �La LADDH a ses r�gles de jeu avec lesquelles on ne peut pas tricher ni transgresser �, souligne-t-on. Les signataires du communiqu� d�noncent �le recrutement de nouveaux militants�, qui a d�ailleurs servi de base pour cette assembl�e g�n�rale anti-statutaire. Le secr�taire g�n�ral de la ligue, M.Benissad, a affirm� que �depuis quelques mois, un climat de tension pourrit l�environnement interne de la ligue en raison du comportement autoritaire du pr�sident�. Les membres du bureau national reprochent � M. Zehouane, l�absence de la ligue de la sc�ne politique nationale et un laisser-aller dans le traitement des questions relatives aux droits de l�Homme en Alg�rie. Ils s�indignent aussi contre la concentration du pouvoir de d�cision, sur la seule personne du pr�sident de la ligue, qui n�a pas convoqu� le conseil national depuis 18 mois. Invit� � r�pondre � ces accusations, M. Zehouane a soulign� que �le congr�s s�est tenu dans le respect des statuts de la ligue et qu�une convocation a �t� adress�e � l�ensemble des congressistes. La r�union s�est d�roul�e, sous le contr�le d�un huissier de justice �, dit-il. Pour l�appellation du congr�s par �assembl�e g�n�rale�, le pr�sident de la LADDH reconna�t qu�il s�agit juste d�une interpr�tation diff�rente, mais �que l�objectif �tait le m�me�. Cet argument reste peu convainquant, dans la mesure o� les statuts de la ligue mettent le congr�s comme premi�re instance de gouvernance interne. Pour M. Zehouane, le vent de contestation enregistr� ces derniers mois au sein de la ligue, �est anim� par des forces internes et externes qui ne supportent pas le redressement op�r� dans la gestion de l�organisation et qui s�adosse sur les r�gles de transparence, de discipline et d�ind�pendance�. Une ind�pendance, pr�cise-t-il, �par rapport aux partis politiques et � l�administration�. � son tour, M. Zehouane, d�nonce la campagne de harc�lement et d�acharnement qui vise la d�stabilisation de la ligue. Il soutient que �des tracts et des documents anonymes circulent depuis quelque temps et d�nigrent tout le travail de la ligue�. Ainsi, l�objectif attendu de la tenue d�un congr�s extraordinaire est celui, atteste-t-il, de �traiter des probl�mes internes de la ligue et tenter de d�masquer les auteurs de ces tracts anonymes afin d�y faire face�. M. Zehouane se r�serve de refaire une quelconque accusation contre des personnes. �Une chose est s�re, il y a de la manipulation � l�int�rieur et � l�ext�rieur de la ligue�, encha�ne-t-il. R�agissant au communiqu� sign� par les membres du conseil national, le pr�sident de la LADDH estime qu�il est compr�hensible qu�il y ait des contestations � chaque fois qu�il y a un congr�s qui se tient. Faut-il, � l�occasion, rappeler la tension et le climat tendu qui a caract�ris�, en 2005, le 2e congr�s de la ligue o� toutes les divergences �taient d�ordre de lutte de leadership. C��tait ma�tre Ali Yahia Abdenour, pr�sident sortant � l��poque, qui a r�ussi � d�tendre l�atmosph�re et apaiser les esprits. �Je ne veux pas voir la ligue divis�e apr�s mon d�part�, avait-il annonc� le jour du 2e congr�s. Aujourd�hui, le premier mouvement de contestation vient d��tre sign� par ce m�me personnage. Alors, que s�est-il pass� entre temps ? Interrog� sur ses relations avec l�ex-pr�sident de la ligue et pr�sident d�honneur, ma�tre Zehouane r�pond que �leurs rapports sont tr�s distants�. R. M. D�claration de Me Ali Yahia Abdenour, pr�sident d'honneur de la LADDH Tenir une assembl�e g�n�rale transform�e en congr�s extraordinaire dans la clandestinit� et l�opacit� la plus compl�te, dans la confusion que certains p�cheurs en eau trouble ont d� avoir � susciter et � entretenir, c�est confondre l�art de diriger avec celui de tricher, de manipuler, avec une dose excessive de cynisme et de machiav�lisme. Tous les coups bas sont permis avec une d�termination certaine. Cette assembl�e g�n�rale est une erreur et une faute, une atteinte grave aux droits de l�homme, � la loi, � la justice, aux statuts de la LADDH, une d�rive qui programme le d�clin de la ligue pour cause de non-viabilit�. Un acte arbitraire qui offense le droit, elle est sortie de la l�galit�, a d�pass� le seuil psychologique de l�intol�rable qui ne peut �tre tol�r�, de l�insoutenable qui ne peut �tre soutenu et de l�inacceptable qui ne peut �tre accept�. M�contente du conseil national �lu par le congr�s des 22 et 23 septembre 2005 qui lui est hostile, elle dissout le conseil national. La ligne jaune, celle de la l�galit�, qui fait que tout pouvoir au sein de la LADDH entre deux congr�s est fond� sur la d�l�gation du conseil national garant du fonctionnement de ses organes a �t� franchie. Chaque organe de la LADDH (congr�s, conseil national, comit� directeur) doit limiter ses pr�rogatives � celles pr�vues par ses statuts, remplir strictement son r�le et s�y maintenir de mani�re constante. Il n�y a d�influence et d�autorit� dans la ligue que celles pr�vues par ses statuts qui sont la loi de ses militants. Toute d�viation doit �tre sanctionn�e. L�assembl�e g�n�rale est antistatutaire, donc nulle et de nuls effets. Il y a une op�ration de d�stabilisation et de r�cup�ration de la LADDH orchestr�e de mani�re grossi�re par un quarteron de militants d�un petit parti, repr�sentant le mod�le d�une soci�t� bureaucratique hi�rarchis�e, qui manie le sectarisme, l�intol�rance et l�exclusion. L�ind�pendance de la ligue par rapport aux institutions de l�Etat et aux partis politiques est gage de sa libert�. Le conseil national, qui ne s�est pas r�uni depuis 18 mois alors que les statuts de la ligue pr�voient une r�union tous les six mois, doit apporter dans les plus brefs d�lais une r�ponse qui mette fin � cette grave d�rive. S�il se mobilise et chacun doit faire en sorte qu�il se mobilise, la LADDH sortira bien vite de cette situation grotesque.