La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) implose. L'organisation sombre, depuis quelques mois, dans une crise interne sans précédent. La situation s'est exacerbée depuis vendredi dernier. Le divorce est définitivement consommé entre le président du comité directeur de la LADDH, Hocine Zehouane, et les membres de ce même comité. Place à la confrontation : Hocine Zehouane ne reconnaît plus, selon ses dires, l'ancien conseil national et les contestataires, à leur tête le président d'honneur de l'organisation, Ali Yahia Abdennour, qui comptent organiser, au cours de cette semaine, une réunion extraordinaire pour traiter la question. Comment en est-on arrivé là ? Où se situe le problème ? Le malaise remonte, semble-t-il, à plusieurs mois. L'assemblée générale à laquelle a appelé Hocine Zehouane, vendredi dernier, n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. En effet, le président de la ligue, selon les contestataires, a, « après avoir appelé à une assemblée générale, organisé un congrès extraordinaire qui s'est achevé par l'élection d'un nouveau conseil national et d'un nouveau comité directeur ». « C'est contraire aux règles statutaires », clame Noureddine Benyessad, membre du comité. Selon lui, le président de la ligue n'est pas, conformément à l'article 9 du règlement intérieur de la LADDH, habilité à convoquer un congrès extraordinaire. « Le congrès est l'organe suprême de la ligue. Il se réunit tous les 4 ans. Il peut être convoqué en réunion extraordinaire par le conseil national à la majorité absolue », précise l'article en question. Il y a également la convocation de l'assemblée générale qui est contraire au règlement intérieur. Selon Ali Yahia Abdennour, la seule et l'unique assemblée générale de l'organisation a été tenue le jour de sa création. « La ligue est gérée, depuis sa création, par quatre organes : le congrès, le conseil national, le comité directeur qui élit le président. Entre deux congrès, le conseil national incarne l'autorité suprême de la LADDH », explique Ali Yahia Abdennour. Vers la destitution de Hocine Zehouane ? Pour notre interlocuteur, les résultats de ce congrès extraordinaire « sont nuls » et le conseil national devra se réunir en urgence pour traiter le problème. La même idée est soutenue par Kamel Daoud, Noureddine Benyessad, des membres du conseil national et des représentants des bureaux de wilaya de la LADDH. Cette réunion du conseil national va, sans doute, destituer Hocine Zehouane. « La ligue n'a, aujourd'hui, ni tête ni queue », assène-t-il en précisant que le président actuel n'a pas réuni le conseil national depuis 18 mois. « Le règlement intérieur est clair. Le conseil national doit se réunir deux fois par an, soit chaque 6 mois », précise-t-il. Le conflit opposant les deux parties est plus profond. « Jusqu'au mois de mai dernier, l'organisation fonctionnait normalement. Mais depuis cette date, Hocine Zehouane, soupçonnant un complot contre lui, a voulu écarter les membres du comité directeur qui ne sont pas avec lui », nous affirme Kamel Daoud, membre de ce comité, chargé des relations internationales. Selon lui, « Hocine Zehouane a renvoyé la permanente (le comité) qu'il menacera de poursuites pénales, a changé les serrures du siège de l'association et le mot de passe de la messagerie Internet, puis s'est installé, rasséréné, dans son fauteuil ». L'orateur accuse également Hocine Zehouane « d'avoir distribué les cartes d'adhésion à ses amis dans le but de créer un rapport de forces ». Le litige, estime pour sa part Hocine Zehouane, « n'est que le prolongement des problèmes enregistrés lors du dernier congrès de la LADDH ». « La LADDH était un enjeu. Il y a une conspiration venue de l'extérieur qui tentait, par le biais de relais à l'intérieur, de récupérer l'organisation », déclare-t-il. Et d'ajouter : « Quand je suis venu, j'ai donné un délai de 2 ans pour le redressement de l'organisation. C'était une période de transition. J'ai affirmé cela devant tout le monde. » Hocine Zehouane dira en outre que les opposants « peuvent faire valoir leurs arguments devant les juridictions ». « Leur conseil national ne vaut rien », lance-t-il.