Bab-El-Oued, samedi 10 novembre 2001. Le d�luge n'a dur� que trois heures, mais il a provoqu� des d�g�ts importants. Les trombes d'eau et les vents violents qui ont souffl� � plus de 120 km/h ont fait d�ferler 500 000 m3 d'eau sur cet immense quartier populaire de la capitale. A. Bettache - Alger (Le Soir) - Un quartier construit � flanc de colline. Le bilan est lourd, voire tr�s lourd. Pr�s d'un millier de victimes � d�plorer pour le seul quartier de Bab-El-Oued, des centaines de disparus et des centaines de millions de dollars de d�g�ts mat�riels. L'usine de tabac (ex-Bastos), la cimenterie de la Pointe qui � ironie du sort � venait de moderniser tous ses �quipements, sont d�truites. La sc�ne est apocalyptique. Le deuil est partout. En trois heures, l�ouest de la capitale est d�clar� sinistr� au troisi�me degr�. Les habitants de Bab-El-Oued se sentent seuls au monde. La solidarit� citoyenne r�agi et reprend la situation en main. Les habitants se prennent en charge, organisent les op�rations de relogement des survivants et tentent de sauver ceux qui peuvent l'�tre encore. Tous ceux qui se sont rendus sur les lieux du drame ont per�u la col�re des habitants de ce quartier populaire. �El Houkouma� est absente, la col�re s�installe. Une col�re bien compr�hensible apr�s la stupeur, puis la douleur. Mais le plus remarquable dans cette trag�die, c'est l'attitude de la jeunesse de ce quartier. Une jeunesse que l'on disait promise � tous les maux de la soci�t�. Pour preuve, des dizaines de jeunes ont donn� leur vie pour sauver des femmes et des enfants emport�s par les eaux. L�exemple de Sa�d illustre � lui seul ce sacrifice hautement salu�. �Il a p�ri en tentant de sauver sa voisine Khalti Louiza. Il a risqu� sa vie en sautant d�une terrasse � une autre. Il chute du troisi�me �tage. Il rend l��me sur place�, se rappelle son ami d�enfance Ali. En cette sixi�me comm�moration, les habitants du quartier Sa�d-Touati �ex-Bazita� comptent rendre en sa m�moire un �ni�me hommage. Bab-El-Oued, quartier t�moin pour la m�moire collective. Bab- El-Oued Echouhada est toujours l�. Six ann�es apr�s, le quartier a beaucoup chang�. Bab-El-Oued est transfigur�. Les nostalgiques diront qu�il y a perdu un peu de son �me. Samedi 10 novembre 2006, les officiels d�posent une gerbe de fleurs. Six ans apr�s, les stigmates de la catastrophe ont �t� effac�s et la zone a �t� r�am�nag�e de mani�re qu'elle ne revive plus pareil sinistre. Les habitations �rig�es dans le lit de l'oued ont �t� ras�es pour lib�rer la voie jusqu'au front de mer et celles qui sont v�tustes et gravement endommag�es par la crue, aussi. Principalement, dans les rues et boulevards Kaouache, Mira, Lotfi et la place Triolet. Les terrains d�gag�s ont �t� reconvertis en places, espaces verts et aires de jeux. Un th��tre de plein air a remplac� le march� du Triolet. En amont, les collines ont �t� rebois�es, et des murs de sout�nement les ceinturent afin d'�viter les �boulements et les coul�es de boue meurtri�res. Le nouveau plan urbain a permis de restructurer la cit� de Diar-El-Kef, o� certaines familles habitaient des pi�ces de moins de 20m2. Six ans apr�s, les responsabilit�s ne sont toujours pas situ�es. �Il y avait, certes, une catastrophe naturelle, mais la responsabilit� humaine a �norm�ment contribu�. Pourquoi n�a-t-on pas r�agi au bulletin m�t�o sp�cial (BMS) lanc� la veille et le jour m�me de la catastrophe ? Pourquoi les secours sont arriv�s en retard ?� autant de questions que se posent toujours les rescap�s de la catastrophe. Six ans apr�s, on essaye de tourner la page mais on refuse d�oublier. La m�moire collective refuse d�abdiquer. Bab-El-Oued Echouhada ne veut pas oublier ses martyrs. A. B.