Si, pour une raison ou pour une autre, vous avez eu la chance de fr�quenter le prestigieux lyc�e Mohamed-Kerouani vous serez certainement friands de d�couvrir l'histoire de ce v�ritable patrimoine de la ville de S�tif, que l'association des anciens �l�ves des deux principaux lyc�es de la ville a eu le m�rite et l'heureuse id�e d'exhumer et de rassembler pour la conservation de la m�moire. Un lyc�e des plus prestigieux d�Alg�rie Vous apprendrez notamment que c'est la fin du XIXe si�cle, en 1873, qu�a �t� cr�� le coll�ge communal de S�tif, devenue coll�ge colonial en 1924, puis coll�ge moderne et classique en 1941 avant d'acc�der au rang de lyc�e en 1950. Vous y d�couvrirez qu'au cours de la Seconde Guerre mondiale, il fut r�quisitionn� et occup� successivement par le 1er bataillon du 19e r�giment des tirailleurs alg�riens en 1939 et par les forces britanniques en novembre 1942. Ceux qui ont connu cet �tablissement avant l'ind�pendance comme ceux qui l'ont connu par la suite auront le bonheur de retrouver des noms et des dates qui ont � jamais marqu� leur m�moire d'adolescents, ainsi que quelques noms illustres de l'histoire de notre pays. Parmi les hommes qui ont donn� le plus � cet �tablissement, et ils sont nombreux, toutes confessions confondues, figure le nom d'un homme qui fut, dans la discr�tion et le d�vouement militant, un second p�re pour beaucoup d'�l�ves : il s'agit bien �videmment de Ma�za Zerroug dit Cheikh Ma�za ! Ayant eu, pour certains d'entre nous, anciens �l�ves, la chance et l'honneur de c�toyer pendant de tr�s longues ann�es, beaucoup de futurs cadres et non des moindres et ayant vu passer des g�n�rations d'apprenants dans ce haut lieu de savoir, il nous a sembl� de notre devoir d'apporter une toute petite pi�ce dans cet �difice qu�est le lyc�e, en d�poussi�rant quelques-unes de ses archives qui rec�lent des milliers de d�tails sinon des tranches de vies, afin de raviver la m�moire et perp�tuer les valeurs traditionnelles d'�ducation, de culture, des sciences et des savoirs incarn�s par ce sanctuaire qui a, depuis toujours, ouvert ses espaces g�n�reusement aux milliers de jeunes et moins jeunes afin qu'ils accomplissent le plus noble des actes : celui d'apprendre. Cette modeste contribution se veut un �clairage historique sur les moments qui nous ont sembl�s les plus pertinents de la longue et riche histoire de ce prestigieux lyc�e, partie int�grante de l'histoire de la ville de S�tif au m�me titre que la mosqu�e Al-Atik et A�n Fouara. Quatre �tapes ont jalonn� l'histoire du lyc�e Mohamed-Kerouani de S�tif Le Coll�ge communal 1873-1924. L'examen des documents d�pos�s aux archives fait ressortir que c'est en 1873, le 1er d�cembre, que s'est r�uni le Bureau d'administration du Coll�ge communal de S�tif, pr�sid� par le maire M. Puch dans une salle de la mairie � l'effet d'examiner le budget de fonctionnement de l'exercice 1874 et d'�tudier le rapport du principal du coll�ge, relatif � la suppression du poste de ma�tre de chant et de musique, impossible � trouver dans la ville et son remplacement par un ma�tre de dessin. Il sera fait appel �galement � un militaire de la garnison de la ville, moyennant salaire, pour assurer les cours de gymnastique. La progression des effectifs �tait constante : 2e trimestre 1874 : 153 �l�ves. 3e trimestre 1874 : 166 �l�ves. 4e trimestre 1874 : 201 �l�ves Le personnel du coll�ge se composait de : 1 principal - 3 professeurs - 2 ma�tres adjoints - 1 sous-directeur charg� de l'�cole primaire -1 concierge. Le coll�ge colonial 1924 1940, le coll�ge moderne et classique Albertini (1941-1950) Le 27 juillet 1922, le journal officiel publie le d�cret relatif au classement des �tablissements d'enseignement secondaire d'Alg�rie comme �tablissements coloniaux. Le gouverneur g�n�ral de l'Alg�rie par arr�t� du 14 mai 1924 d�cide du classement du Coll�ge communal de S�tif, comme �tablissement colonial. L�effectif des �l�ves pr�sents au 15 octobre 1924 �tait de 402 apprenants se r�partissant comme suit : 248 externes libres - 86 externes surveill�s - 6 demi-pensionnaires Au 30 d�cembre 1924, les effectifs ont augment� de 33 �l�ves. Consid�rant les r�sultats scolaires obtenus 6 mois apr�s la transformation du coll�ge, le principal �crit ces paroles pr�monitoires : �Le r�sultat obtenu est un encouragement � pers�v�rer dans cette voie pour le bon renom de l'�tablissement appel� � mon avis et � n'en point douter � prendre une extension que beaucoup de lyc�es de France lui envieront.� Le Conseil municipal dont faisait partie M. Ferhat Abbas dans une d�lib�ration �met le v�u de l'agrandissement du coll�ge. En 1939, les effectifs �taient de 704 �l�ves. En 1940, avec la guerre, des restrictions touchant les travaux d'am�nagement ainsi qu'au r�gime alimentaire furent impos�es � l'�tablissement comme les restrictions alimentaires : Suppression des petits pains et du chocolat au go�ter, suppression de toute p�tisserie, beurre et graisses v�g�tales , ration du sucre par �l�ve : 13 grammes par jour. P�riode d�occupation du coll�ge par les forces arm�es britaniques, du 28 novembre 1942 au 2 ao�t 1944 Il y a lieu de noter que le coll�ge fut occup� une premi�re fois par le 1er bataillon du 19e r�giment des tirailleurs alg�riens du 2 au 13 septembre 1939. Par la suite un ordre de r�quisition n�1266/2 du 26 novembre 1942 est ainsi con�u : �M. Massiera, principal du coll�ge est requis de fournir � l'Arm�e britannique le coll�ge.� En ex�cution de cet ordre, le coll�ge fut occup� le 28 novembre 1942. Durant la p�riode d�occupation, le coll�ge a fonctionn� sous le r�gime de l'externat (l�internat �tant supprim�) ; les fonctionnaires d�log�s sont relog�s dans la ville. Les �l�ves poursuivront leurs �tudes dans les locaux de l'�cole indig�ne de gar�ons (face � l'ancienne poste (Chkoulet el Marchi) Une diminution des effectifs est enregistr�e. En 1942, l'effectif �tait de 731 �l�ves. En 1943, il sera de 417 �l�ves. A la lib�ration du coll�ge, le 2 ao�t 1944, un �tat de sortie des lieux ainsi qu'une convention portant r�glement des indemnit�s dues pour l'occupation du coll�ge sont �tablis et conjointement sign�s par les officiers sup�rieurs de l'arm�e britannique et le principal du coll�ge. Pour la petite histoire, un piano qui se trouvait dans la salle des professeurs a �t� d�grad� durant l'occupation du coll�ge. L'autorit� militaire a propos� son indemnisation qui a �t� accept�e. A la rentr�e scolaire 1944 1945, les �l�ves internes furent r�inscrits. Au 1er octobre, le nombre d'�l�ves se r�partit comme suit : 126 pensionnaires - 32 demi-pensionnaires - 442 externes. Poursuivant sa progression r�guli�re de 50 � 60 �l�ves par ann�e, l'effectif atteindra, en 1947, le nombre de 759 �l�ves. Seule la r�alisation du projet d'agrandissement du coll�ge constituera un d�nouement heureux pour l'admission de nouveaux �l�ves. M. Brincat, maire de la ville, donne son accord pour son agrandissement. Le lyc�e Eug�ne Albertini (1950-1962) L�agrandissement du coll�ge a �t� inaugur� par le gouverneur g�n�ral de l�Alg�rie en juillet 1950. Par d�cret du 2 septembre1950, paru au JO, le coll�ge fut transform� en lyc�e. Ce n'est qu'� la rentr�e 1953-1954 que le lyc�e fonctionnera avec l'ensemble des b�timents avec un effectif de 1103 �l�ves. En 1955, furent cr��s les postes de censeur et d'agent chef. M. Montlahuc Fernand, proviseur du lyc�e, M. Pouget Ren� sera nomm� censeur du lyc�e, M. Dif Abdelmadjid chef magasinier d'alimentation. Le lyc�e Mohamed-Kerouani 1962 La premi�re r�union du conseil d'administration du lyc�e Mohamed-Kerouani s'est tenue le 19 d�cembre 1962 sous la pr�sidence de M. Montlahuc, inspecteur d'acad�mie de S�tif. Premi�re rentr�e scolaire historique de l�Alg�rie ind�pendante Les faits marquants � noter pour cette rentr�e historique sont le nombre important des �l�ves inscrits � l'internat qui a atteint 600 contre 416 l'ann�e pr�c�dente et le manque de personnel enseignant. Cette rentr�e, comme le soulignera l'inspecteur d'acad�mie �allait faire du lyc�e Kerouani, un des plus importants sinon le plus important d'Alg�rie�. Il rendra un vibrant hommage � l'ensemble du personnel pour leur d�vouement devant les �normes probl�mes de la premi�re rentr�e scolaire de l'Alg�rie ind�pendante. Dans la conclusion de son rapport, il demande que des sommes importantes soient allou�es pour la r�alisation de la construction de dortoirs et salles scientifiques et la r�novation des cuisines et leur �quipement. �Si ces conditions sont r�unies, dira-t-il, nous pourrons alors am�liorer les conditions de vie et de travail de nos �l�ves et faire du lyc�e Mohamed- Kerouani de S�tif, un des plus grands et des meilleurs lyc�es d�Alg�rie.� En 1964, M. Lakhal Abdel Baki fut nomm� proviseur du lyc�e. Sous la f�rule de ce grand monsieur qui dirigea l'�tablissement pendant 12 ann�es, le lyc�e conna�tra l'une des plus fastes p�riodes de son histoire avec la cr�ation de cercle litt�raire, philosophique et d'histoire , confection d'un journal d'articles �crits par les �l�ves et la participation hebdomadaire avec les �l�ves du lyc�e M. Ga�d � des s�ances de cin�-club dans la salle de cin�ma Le Colis�e, suivies de d�bats. La biblioth�que g�n�rale du lyc�e Lors de la r�union du bureau de l'administration du coll�ge en 1895, le principal propose aux membres du bureau de pr�lever la somme de 50 francs destin�e � l'achat d'ouvrages classiques et qui constitueront ainsi un fonds de la biblioth�que du coll�ge. C'est � l�issue de cette r�union que la biblioth�que du coll�ge fut constitu�e. En 1924, ann�e de la transformation du coll�ge, le nombre d'ouvrages s'�levait � 764. Au 31 d�cembre 1962, le nombre d'ouvrages enregistr�s s'�l�ve � 4389. Au 30 avril 1966, le nombre d'ouvrages est pass� � 14000 dont l'�dition de certains date des XVIIIe et XIXe si�cles. Liste des �l�ves exclus du coll�ge lors des �v�nements du 8 Mai 1945 Mostefai Seghir, Ma�za Mohamed Tahar, Benmahmoud Mahmoud, Lamri Abderahmane, Benzine Abdelhamid, Abdesslam Bela�d, Kateb Yacine, Torche Mohamed, Keddad Bakhouche, Cherfaoui Mohamed, Yanat Boualem, Zeriati Abdelkader, Ferrani Ouamer, Taklit Tayeb, Djemame Abderezek. Imed Sellami Dans notre �dition de demain vous pourrez lire l�entretien que nous a accord� M. Toufik Gasmi, pr�sident de l�association des anciens �l�ves des lyc�es M. Ga�d et M. Kerouani.