Le public, pr�sent � Riad-El-Feth, jeudi dernier, pour le spectacle donn� � l�occasion des semaines culturelles de Constantine et Tlemcen � Alger, a �t� s�duit par la prestation de l�orchestre de Constantine, qui a r�ussi un tr�s beau tableau artistique o� se m�laient la musique citadine traditionnelle et le jazz, une pulsion adolescente � la ville du Vieux-Rocher mais qui commence � s�enraciner dans les m�urs des citadins. Une �uvre moderniste mont�e par le r�alisateur du Th��tre r�gional de Constantine, Tayeb Dihimi et le directeur artistique du groupe de jazz �Sinoudj�, Zouhir Bouzid qui est, aux yeux d�un nombre d�observateurs, la plus belle prestation de toute la manifestation d��Alger, capitale de la culture arabe�. Les morceaux jou�s par cet orchestre dont les paroles sont puis�es du r�pertoire andalou �taient d�une coh�rence musicale irr�prochable refl�tant une vision futuriste, cr��e il est vrai par les artistes concepteurs de cette �uvre originale mais d�notant d�une r�volution dans le monde de l�art � Constantine. En effet, les spectateurs avaient beaucoup vibr� sur les rythmes de la batterie et de la derbouka, magistralement remis�s pour �quilibrer les notes agr�ables du luth de Salim El-Fergani et le saxophone de l�espagnol Pablo. �La Ziara� de Sidi Rached, le saint de la ville, �tait �galement pr�sente dans ce spectacle et jou�e sur sc�ne par des femmes qui portaient el m�laya (un voile noir typiquement constantinois). Si El A�ssaoua et El Ouasfane ont marqu� par une touche folklorique ce spectacle, el m�laya, port�e jadis par la femme constantinoise, a donn� de l��me � ce spectacle. Un spectacle musical coupl� par des images d�un filme muet o� Hassan Ben Aziza joue le r�le d�un homme impersonnel dans ce filme, perdu dans le labyrinthe qu�est la ville de Constantine � la recherche d�une femme voil�e mais charmante et ne cesse de l�attirer � travers les ponts et les chemins de traverse de la vieille ville. Elle �tait imprenable, comme cette ville de Constantine. Bref, Tayeb Dihimi et Zouhir Bouzid, qui ont rassembl� un panel d�artistes de divers horizons autour d�une m�me id�e et r�ussi un pari aussi libertin que difficile, voulaient, en fait, v�hiculer un message aux artistes et acteurs de la sc�ne culturelle en Alg�rie : �Lib�rez-vous ! La libert� est l�essence de toute cr�ation artistique. Plut�t, la cr�ation artistique est synonyme de libert�. Faites ce que vous vous sentez, m�me dans l�erreur, et laissez le public vous juger et surtout, soyez ouverts � toutes les cultures�, dira Tayeb Dihimi. Juste apr�s ce spectacle, c��tait au tour des troupes de Tlemcen de s�exprimer sur la sc�ne de la salle Ibn Za�doune. El Hadj El Ghaffour, qui a donn� le meilleur de lui-m�me dans cette soir�e, avait, impeccablement, jou� des morceaux � la hauteur de sa notori�t�. �Ouelfi Meriem� et �Nar El Achikine�, interpr�t�s par ce monument de la musique andalouse, fussent ind�niablement le sommet de cette soir�e. Ainsi, ces deux semaines culturelles de Constantine et Tlemcen marquent la cl�ture de la manifestation �Alger, capitale de la culture arabe�. En plus des spectacles musicaux et th��traux, des expositions d�arts plastiques et d�artisanat sont organis�es dans le hall de Riad-El-Feth. Le visiteur y trouvera les plus originales des �uvres de la dinanderie et de la couture constantinoises et peut �galement go�ter des plats traditionnels, typiques � une tradition culinaire de renomm�e internationale. Enfin, il pourrait m�me manger du �t�bikh� de Mme Torki, un plat luxueux, faut-il le signaler, cuisin� � base d�une sauce de viande rouge et de miel, lequel est en voie de disparition du menu des Constantinois. Il convient de noter que cette c�r�monie d�ouverture pr�sid�e par la ministre de la culture, Mme Khalida Toumi, a �t� marqu�e par la pr�sence des cheikhs du malouf Mohamed- Tahar El-Fergani et Kaddour Darsoni, les walis de Constantine et Tlemcen, les ministres des Ressources en eaux, de la Communication et aussi, celui des T�l�communications.