Ce genre de musique n�est pas tr�s m�diatis�, quoique bien implant� dans l�arri�re-pays de la wilaya de Chlef. Avec la fantasia, il conf�re un cachet particulier aux traditions folkloriques de la r�gion. Pour preuve, chaque petit douar poss�de sa petite troupe qui interpr�te les grands textes du melhoun ou accompagne certains po�tes dans leur montage po�tique. Plus que la musique andalouse, le chant b�doui, � l�ouest du pays, traduit les pulsations de la vie int�rieure des g�n�rations pass�es, avec une �motion esth�tique. Ce vestige historique culturel est enti�rement pris en charge par la soci�t�, pour le plaisir qu�il procure � son auditoire et pour toutes ces f�tes qu�il anime comme t�moin d�une �poque o� r�gnaient convivialit� et solidarit�. Le ma�tre fondateur de ce genre est sans conteste Lakhdar Benkhlouf que l�on v�n�re comme un saint dans la r�gion de Mostaganem. Avec Bentriki et Benali, il a plac� les jalons essentiels du b�doui. Ce genre musical met en chansons des textes qui ont plus de cinq si�cles, avec une langue qui plonge profond�ment dans le terroir. Dans la r�gion de Chlef, cette tendance est tr�s bien repr�sent�e par Abdelkader Bouras dont le souvenir, 50 ans apr�s sa mort, reste vivace dans la m�moire des habitants de Chlef gr�ce � ses chansons qui sont toujours interpr�t�es par des jeunes troupes pendant les wa�date, ces f�tes que l�on organise pour c�l�brer les saints de la r�gion. Dans ses chansons, Bouras revisite avec talent et bonheur les qacidate du patrimoine po�tique maghr�bin. A ces textes d�poussi�r�s, il a donn� un nouveau souffle, une nouvelle vie et surtout une audience plus large au style b�doui. La verve, le brio, la truculence avec lesquels il interpr�te ses chansons ont fait que son r�pertoire est partie int�grante de l�univers musical de notre pays. Abdelkader Bouras est n� en 1912 � Chlef. Il es tr�s attir� par la po�sie du melhoun de Omar Mokrani, Boudali, El Khaldi, et c�est tout naturellement que vers les ann�es 1940, il commence � interpr�ter des chansons b�doui. La r�gion conna�t alors une grave crise �conomique cons�cutive � la Seconde Guerre mondiale. Il doit se d�placer � Alger pour trouver du travail au port d�Alger. Il n�abandonne pas pour autant sa passion et continuera � animer des f�tes, surtout dans la r�gion de Blida o� il commencera � conna�tre la renomm�e. Son temps libre sera consacr� � am�liorer ses techniques musicales et vocales. Ainsi, il s�adjoindra deux fl�tistes et remplacera le tar par le bendir. Ses spectacles sont tr�s color�s, souvent accompagn�s de fantasia et de danseuses. Pendant la r�volution, il v�hiculera des messages patriotiques, ce qui lui vaudra quelques d�m�l�s avec la police. Mahieddine Bachtarzi ayant remarqu� son immense talent l�aidera � l�enregistrement d�un 33 tours, qui contient la c�l�bre chanson Megouani, aux �ditions Pacific. Son style particulier, le makhazni, va donner un souffle nouveau au b�doui. Il sera bas� sur un changement de rythme, permettant ainsi de passer ais�ment d�une quacidat � une autre. Il se produira souvent avec El Khaldi. Trop sollicit�, sa sant� commence � se d�t�riorer. Des malaises li�s au surmenage l��loigneront peu � peu de la sc�ne. En 1958, il p�rira myst�rieusement dans un accident de train. Mais comme Benbrahim, Hamada, son nom reste indissociable du chant b�doui.