Rassurez-vous ! Les forces am�ricaines n�y sont pour rien. Leurs alli�s irakiens non plus. Le recul d�Al-Qa�da, dans la province d�al-Anbar, dans le Nord-Ouest irakien, est le fait de ces insurg�s irakiens se r�clamant de la r�sistance nationale. Alli�s contre nature au tout d�but de l�insurrection irakienne, les nationalistes et les djihadistes ont fini par diverger. Les premiers se battent pour la lib�ration de leur pays, ne s�attaquant qu�aux cibles militaires, les seconds, ceux se r�clamant d�Al-Qa�da, n�ont pour seul et unique programme que le chaos. De plus, les exactions des djihadistes contre la population et contre des nationalistes irakiens que Mossaab Al-Zarkaoui, avant qu�il ne soit tu� par un tir de missile am�ricain, avait voulu mettre sous sa coupe par la force, ont fini par exacerber l�aile nationaliste de l�insurrection irakienne. Al-Zarkaoui avait agi � l�instar de Djamal Zitouni quand il a liquid� les chefs clandestins de l�ex-FIS en 1995-96. Sauf que dans cette province d�el-Anbar o� l�esprit tribal et clanique est tr�s fort, Al-Qa�da a eu fort � faire quand elle s�est attaqu�e � la puissante tribu des Doulaymi (plus d�un million de personnes) qui, par ailleurs, �tait au c�ur de la r�sistance irakienne � l�occupation US. La bataille de Falloudja, qui a n�cessit� la mobilisation de 20 000 Marines appuy�s par des blind�s et l�aviation, est le fait des Doulaymi et non d�Al-Zarkaoui qui a pris la fuite d�s l�encerclement de la ville par les forces US. La bataille de Ramadi, cheflieu de la province d�al-Anbar, ce sont �galement les Doulaymi et leurs alli�s des autres tribus sunnites. Les Doulaymi ne sont pas des inconnus en Irak. Je me souviens, apr�s la chute de Saddam, de cette rencontre � Falloudja avec un vieux B�douin de ce clan, arm� de son fusil, qui me disait ceci : �Les Am�ricains croient avoir gagn� la guerre. Ils font les fiers. Je te promets une chose : dans une ann�e, leurs m�res vont les pleurer.� Sur le coup, j�avais mis ses propos sur le compte du d�sespoir d�un Irakien ayant vu son arm�e terrass�e en moins d�un mois par les forces US, avant de me raviser moins d�une ann�e plus tard quand je suis retourn� � Bagdad en f�vrier-mars 2004. Avant de passer aux actes, le Conseil national de la r�sistance irakienne, domin� par les Doulaymi, a longtemps h�sit�. Il avait averti � maintes reprises Al- Qa�da de cesser ses exactions contre les civils sunnites et chiites avant de d�cider de la chasser par la force de la r�gion d�al-Anbar et d�ailleurs. Et c�est ainsi que le 11 avril 2007, les cheikhs de 156 tribus dont les Doulaymi cr�ent le Conseil du salut et portent � leur t�te, Ali Hatem al-Doulaymi, 37 ans. Cet homme, qu�on aurait cru sorti du film Lawrence d�Arabie, dont Le Monde dat� du 15 f�vrier a dress� un portrait saisissant et qui a �chapp� � plusieurs tentatives d�attentat, est d�cid� � �chasser les chiens d�Al-Qa�da en Irak�, sans l�aide, affirme-t-il, des Am�ricains. Avec Al- Qa�da, �c�est la guerre ! Et nous allons la mener � notre mani�re. Que les Am�ricains ne s�en m�lent pas�, a-t-il assur� � l�envoy� sp�cial du Monde, Patrice Claude ! Le jeune Cheikh fait toutefois la diff�rence entre les djihadistes et ce qu�il appelle �l�honorable r�sistance � l�occupation� dont il a fait partie. Ali Hatem al-Doulaymi se dit de plus partisan d�une �s�paration nette entre l�Etat et la religion�. Il n�aime pas les religieux. A Patrice Claude du Monde, il a assur� qu�il n�h�siterait pas � envoyer �tous les religieux de cette Assembl�e de singes (le Parlement irakien) qui saignent l�Irak en prison. Presque tous des voleurs et des corrompus�. Les Am�ricains, qui comptent tirer profit de ces divergences, laissent faire. Mais, pr�vient le jeune Cheikh, il faudra qu�ils quittent le pays. Autrement dit, Ali Hatem al-Doulaymi, anim� d�un nationalisme intransigeant, ne veut pas �tre un B�douin de service comme tant d�autres dans cette r�gion du monde.