Cette ann�e encore, la Journ�e de La Casbah passera inaper�ue. Pas de festivit�s particuli�res en vue. Encore moins de nouvelle enveloppe budg�taire pour essayer de redonner un semblant de fa�ade � celle qui fut la cit� des Mille myst�res. Alors pour l�histoire, on se contentera juste de faire un voyage historique et de se rappeler quelques instants pr�cieux de notre m�moire. Que serait Alger sans La Casbah ? Terre d�asile et de fortunes, elle le fut pour ceux qui ont contribu� � faire sa notori�t� mondiale. La Casbah d�autrefois n�est pas. Comme elle n�est plus la sc�ne, empreinte, de la bataille d�Alger. Le cimeti�re historique de ses h�ros ne sera plus que poussi�re si cette situation devait durer. On se rappellera alors de la cit� des Ottomans que par la lecture de livres historiques� d��chos du film la Bataille d�Alger de Gillo Pontecorvo. Des ballades avec les parents, des souvenirs, lorsque enfant, Nawel, 40 ans aujourd�hui, se rappelle du d�licieux kourtasse, une esp�ce de gaufrette en forme de cornet au go�t vanille, que sa maman lui offrait apr�s avoir fini ses emplettes. Elle se rappelle encore et elle en salive aujourd�hui encore. Plus loin, c�est un ancien, El hadj Mohamed, 60 ans, qui s'attendrit sur ses r�ves d�enfant. Il se souvient avoir parcouru sans rel�che les ruelles �troites, d�valant � trois les marches, se heurtant aux ar�mes des marchands d��pices, aux saveurs des caf�s maures. El hadj Mohamed a peur de voir son histoire s��crouler puis remplac�e probablement par des immeubles AADL, ou alors reconstruite � la h�te. Il craint de voir son identit� d�ferler les pentes raides de La Casbah pour se noyer dans un courant de la M�diterran�e. Une mer de larmes envahit alors son visage lorsqu�il voit les ordures s�amonceler, les b�tisses tomber comme des ch�teaux de cartes. Humide, sale, dangereuse quelquefois, La Casbah d�Alger n�inspire plus les po�tes. Les peintres ont d�tourn� leurs regards. Les chanteurs sont partis sous d�autres airs. Alger de La Casbah, tr�s peu de monde la revendique encore� trop peu d�associations � dire vrai. Deux au maximum, peut-�tre trois, et pourtant, la cause est plus que noble. Aujourd�hui, La Casbah abrite des d�munis. Elle est ce droit � un toit d�asile. Elle est, c�est vrai, � quelques rares occasions, l�invit� du petit �cran. Mais elle demeure souvent dans le r�cit des voyageurs de passage � Alger. Pour Le�la, 20 ans, habitant en p�riph�rie d�Alger, La Casbah ne repr�sente pas grand-chose. Elle est, cependant, consciente du fardeau historique qu�elle rec�le. �Pourtant, je ne peux pas y aller, les ruelles sont dangereuses, on peut facilement se faire agresser h�las !� nous confie Le�la. Bien s�r, elle ne g�n�ralise pas. Elle sait qu�il y a du bon et du mauvais partout. Et puis, on lui a dit et r�p�t� souvent que ce ne sont pas les jeunes de La Casbah mais des intrus ! Le�la aimerait visiter La Casbah. D�valer les lignes des ouvrages qu�elle a aper�us en librairie. Mais elle h�site encore. Rabah, 35 ans, lui, est offusqu� par la rapidit� avec laquelle les Galeries alg�riennes se sont transform�es en mus�e d�art moderne. �Rendez-vous compte, des �tals de marchandises se sont transform�s en un lieu d�art, m�me s�il est vrai que le b�timent date d�un si�cle, La Casbah, cette cit�, il a fallu 75 ans pour la b�tir, c��tait en 1529, nous, il nous a fallu moins que �a pour la d�truire !� s�est laiss� emporter Rabah. Il a raison, ce que le colonialisme n�a pas r�ussi � d�molir, l��tat Alg�rien l�a fait en moins de quarante ans. Rabah, Nawel et El hadj Mohamed sont ces t�moins de demain qui raconteront � leurs enfants et petits-enfants l��pop�e d�une cit� qui a port� l�Alg�rie au c�ur de tous les r�cits romanesques et h�ro�ques. Sam H. [email protected]