A la pause-d�jeuner, les fast-foods et autres lieux de restauration rapide de la capitale sont pris d�assaut. Chawarma, m�hadjeb, sandwich, panini, hamburger, sandwich tunisien, carantita, pizza ... constituent le �f�tour� de bon nombre d��tudiants, lyc�ens et fonctionnaires. Casse-dalles aval�s rapidement dans des espaces bruyants et souvent insalubres : murs crasseux, huile de friture recycl�e � l�infini, utilisation de viande congel�e que vous payez au prix de la fra�che. Les tabliers des serveurs �taient blancs dans une autre vie. Souvent, la personne qui vous pr�pare votre sandwich et celle qui tient la caisse ne font qu�une. On a m�me vu un pizzaiolo p�trir la p�te puis s�arr�ter et rendre la monnaie � un client. De quoi vous couper l�app�tit. Et pourtant, ces commerces de �malbouffe� ne se sont jamais aussi bien port�s ! 11h30. Un fast-food sur la rue Hassiba-Ben-Bouali. Les premiers clients arrivent. Branle-bas de combat dans les cuisines. La tension monte d�un cran. Le personnel s�active. Les habitu�s, employ�s dans des entreprises voisines arrivent en force. Le local est assez spacieux. On peut manger sur le pouce ou prendre le temps de s�attabler. C'est selon. �Je voudrais un tunisien�, commande un monsieur accoud� au comptoir. Le cuistot, au tablier et � la toque d�une blancheur douteuse, met des frites sur la plaque chauffante, casse deux �ufs dessus, m�lange le tout � l�aide d�une spatule puis met la pr�paration dans une galette traditionnelle �ma�tloua�, le tout, copieusement arros� de h�rissa et de mayonnaise. Les clients se succ�dent. Grand rush sur les sandwichs chawarma de dinde (120 DA). �Les habitudes alimentaires des Alg�riens ont beaucoup chang� durant cette derni�re d�cennie, estime le g�rant. Les chawarma, paninis, hamburgers et pizza occupent le haut du pav�. Le sandwich omelette frites est ind�classable aussi.� En dehors de ceux qui consomment ce genre d�en-cas aval� � la va-vite, assaisonn� de mayonnaise, ketchup et h�rissa (les trois � la fois) et accompagn� d�un grand verre de �gazouza�, certains clients pr�f�rent s�attabler. Au menu : jardini�re au poulet (150 DA), p�te � la sauce tomate (80 DA), bourek (crevette ou viande hach�e congel�e 30 DA), tomates ou courgettes farcies (80 DA), soupe de haricots ou de lentilles (90 DA), assiette de sardines grill�es (90 DA). Nous abordons un client, la cinquantaine, qui vient juste de passer commande. �Je mange ici deux � trois fois par semaine. L�hygi�ne n�est pas au top mais je n�ai gu�re le choix. De toute fa�on, tous les endroits se valent�, dit-il avec une pointe d�amertume. Rue R�da-Houhou, juste en face d�une �cole primaire, un petit commerce de restauration rapide fait le plein. Une m�ga-enseigne affiche les sp�cialit�s servies ainsi que les prix. Sandwich-viande (100 DA), complet poulet (120 DA), panini double fromage (100 DA), panini thon-fromage (130 DA), pizza (entre 130 et 400 DA), souffl� (40 DA). �Ce sont pratiquement les m�mes clients qui viennent manger ici � midi, nous r�v�le le g�rant, surtout les employ�s des banques voisines. Quant aux �coliers, ils viennent acheter des tranches de pizza.� A la question de savoir si c�est de la viande fra�che qui est utilis�e pour les pr�parations, notre interlocuteur admet que, vu son prix, il n�ach�te que du congel�. Sur les comptoirs, plusieurs bouteilles de mayonnaise, h�rissa et ketchup. Le trio infernal dont usent et abusent tous les clients. �Nous en pr�parons des litres par jour. Les consommateurs en mettent partout aussi bien sur les pizzas que dans les sandwichs �, pr�cise le g�rant. Certains commer�ants ont trouv� la parade. Afin d��conomiser le fromage dont le prix a augment�, ils garnissent directement les pizzas avec de la mayonnaise ! Bonjour le cholest�rol ! Fasts-foods, chawarma, r�tisseries, pizzerias ... pullulent aux alentours de l�Universit� d�Alger. Ces commerces ne d�semplissent jamais. A midi, il faut carr�ment jouer des coudes pour se frayer un passage. Direction rue Hamani (ex- Charras). L�estomac dans les talons, les clients se bousculent. Des �tudiants font la queue pour se faire servir un chawarma de dinde. �Je pr�f�re d�jeuner avec ce sandwich car j�ai l�impression d�avoir un repas complet avec viande, salade, tomate et oignon � 100 DA. C�est toujours mieux qu�un casse-cro�te omlette-frites � 80 DA�, nous confie une �tudiante en licence d�arabe. Aziz, le pr�pos� au chawarma, prend un air tr�s savant pour nous parler de l�origine de ce casse-dalle tr�s appr�ci� par les Alg�riens. �Au d�but, le chawarma �tait pr�par� en Turquie puis en Syrie. Les Grecs et les Libanais en sont �galement de gros consommateurs. � Il nous livre m�me le secret de sa recette : �La veille, je trempe mes escalopes de dinde dans du lait. Je les laisse mac�rer toute la nuit avec des �pices. �a les rend plus tendres !� Interrog�s, certains clients reconnaissent avoir fr�quemment des probl�mes gastriques � force de manger dans des fast-foods. �L�hygi�ne laisse � d�sirer, nous lance l�un d�entre eux. Il faut avoir l�estomac en b�ton pour �chapper aux indigestions, aigreurs, ballonnements et intoxications alimentaires. � Chaque jour, des milliers de gens actifs, tous �ges confondus, font ripaille dans ce genre de commerce o� le souci du gain facile prime sur celui de la qualit� du service. Les services de la DCP gagneraient � y jeter un coup d��il. Il y va de la sant� des consommateurs. Sabrina Inal