Dans l�affaire des menaces, des pressions morales et des harc�lements sexuels, qui a scandalis�, en 2006, la famille �ducative de la wilaya de Boumerd�s, les cinq enseignantes victimes du CEM Rahil �crivent au chef de l�Etat. �D�s l�arriv�e de ce directeur, notre vie est devenue un v�ritable cauchemar. Il a attent� � notre honneur en exer�ant des pressions et des menaces intol�rables sur nous. Devant l�impunit� dont il jouit, il est all� dans son escalade jusqu�� nous harceler sexuellement et ce, au vu et au su de ses responsables hi�rarchiques. Ces derniers, et nous en avons la certitude au constat des �v�nements de cette p�nible affaire, se sont comport�s d�une fa�on qui n�honore pas leurs responsabilit�s dans les institutions officielles qu�ils sont cens�s d�fendre de mani�re �quitable. Pire, nous avons relev� un parti-pris et une protection en faveur de notre agresseur�, lit-on dans la missive adress�e au pr�sident de la R�publique. Elles demandent ensuite d��tre r�tablies dans leur dignit� et leurs droits et sollicitent, par ailleurs, l�intervention du premier magistrat du pays pour diligenter une enqu�te en vue de tirer au clair cette cabale qu�elles supportent depuis de longs mois. Pour rappel, le mis en cause a �t� condamn� par le tribunal correctionnel de la cour de Boumerd�s, si�geant dans un proc�s en appel, � 12 mois de prison avec sursis, 5 000 DA d�amende et un dinar symbolique � chacune des cinq victimes. En premi�re instance, le pr�venu, qui a �t� jug� par le tribunal correctionnel de Boumerd�s avait fait l�objet d�une peine de 18 mois de prison ferme et 5 000 DA d�amende. Le second juge lui a accord� des circonstances att�nuantes. �Seule l�institution judiciaire nous a confort�es dans ce que nous avons endur� comme pr�judice moral et professionnel�, disent ces m�res de famille. Plus grave, au constat fait et selon diverses sources, ces enseignantes ont endur� des repr�sailles qui seraient venues de l�entourage imm�diat du ministre de l�Education nationale, parce qu�elles ont os� d�noncer un prot�g� du syst�me en place dans l��ducation nationale. �Pour avoir d�fendu notre dignit� de m�res de famille, nos droits d��ducatrices et de fonctionnaires de l�Etat alg�rien, on nous punit�, dira l�une d�elles. Il est ind�niable que les cinq enseignantes ont subi un abus de pouvoir depuis des mois et les faits sont connus de tous les responsables de la wilaya � tous les niveaux, mais aucune r�action n�a �t� enregistr�e. Nous n�avons eu vent d�aucune association f�ministe qui se serait manifest�e pour soutenir ces femmes non pas parce qu�elles le m�ritent plus que d�autres, mais pour la gravit� de l�acte que subissent d�autres femmes dans le silence qu�impose notre soci�t� dans pareilles circonstances. Les syndicats du secteur �ducatif (UNPEF, SNTE, SATEF) et les �lus (APW, APN et S�nat), cens�s prot�ger les citoyens contre les abus, se sont mur�s dans un silence sid�ral. Comme � son habitude, l�UGTA, qui a des int�r�ts financiers aupr�s du minist�re de l�Education nationale, avait, par le biais d�une obscure responsable, charg�e, disait-on, des questions f�minines, tent� vainement de juguler, � sa naissance, cette affaire au profit du secteur �ducatif. �Les responsables de l�UGTA ont fait semblant d�intervenir mais c��tait juste pour nous mettre des entraves dans toutes nos d�marches�, pouvait-on lire dans l�une des lettres adress�es aux autorit�s par les victimes. Cette p�nible affaire jette un lourd discr�dit sur l�administration qui a laiss� faire et met � nu un syst�me r�pressif. �Je sais tout, j�ai tout vu concernant vos probl�mes mais je ne viendrais jamais t�moigner�, a avou� un coll�gue des cinq enseignantes. Est-ce de la r�signation ou de la lucidit� pour �viter des repr�sailles ? L�agresseur r�compens�, les victimes r�prim�es Dans cette p�nible affaire, le minist�re observe une attitude sectaire. C�est le moins que l�on puisse dire au vu du d�roulement des �v�nements. L�agresseur est, en effet, r�compens�, par contre, les enseignantes victimes ont �t� r�prim�es. Cela s�est pass� parce que des hauts responsables d�un minist�re, cens� dispenser le savoir et la tol�rance, ont pi�tin� les lois pour prot�ger un des leurs. Ces enseignantes l�ont malheureusement v�rifi� � leur d�triment. En plus de ce qu�elles ont support� comme outrage sur leur lieu de travail, comble d�injustice et sous le fallacieux �pour n�cessit� de service�, trois d�entre elles ont �t� mut�es de Boumerd�s vers des �tablissements � plusieurs dizaines de kilom�tres de leur domicile. �En r�alit�, ce sont des sanctions d�cid�es par la direction de l��ducation, sans nous donner l�occasion de nous d�fendre et sans l�aval de la commission paritaire, et ce, pour avoir d�pos� plainte�, nous a d�clar�, d�pit�e, une des victimes. Il semblerait, selon nos investigations, que d�s que la plainte ait �t� d�pos�e au commissariat, le dossier a �t� pris en main par le minist�re de tutelle. L�entourage du ministre dictait la conduite � tenir pour ch�tier ces femmes. Cette d�cision de mutation a �t� prise � la suite d�un rapport �tabli par une commission d�enqu�te envoy�e par le minist�re. Deux remarques m�ritent d��tre soulign�es au sujet de cette commission : un membre avait s�journ� durant plusieurs saisons estivales, affirment unanimement ces enseignantes, au domicile du pr�venu au CEM Rahil avant cette affaire. Les enseignantes nous ont d�clar� que l�ancien directeur, afin de plaider sa cause, avait remis au juge de la cour de Boumerd�s une copie du fameux compte rendu. A priori, ce document lui �tait favorable. Un fonctionnaire de l��ducation lui aurait remis une copie, affirme une source cr�dible. Ce qui constitue s�rement une violation du secret professionnel. M�me la justice aurait, de son c�t�, commis un impair puisqu�elle a re�u un �l�ment constitutif du dossier sans remettre une copie � la partie adverse. Plus grave, au lieu de prendre une mesure conservatoire comme l�exige la loi, notamment l�article 131 du d�cret n�85/59, contre ce directeur qui faisait l�objet de poursuites judiciaires, ce dernier, sur injonction du minist�re de l�Education nationale, a �t� mut� le 25 juin 2006 dans la commune de Boghni (wilaya de Tizi-Ouzou). Vingt-quatre heures plus tard, il a �t� rappel� pour �tre plac� � la t�te d�un CEM dans la commune de R�gha�a (w. d�Alger) o� il exerce toujours, avec en prime un logement d�astreinte (F5). Pour le commun des enseignants des autres wilayas, c�est l��quivalent d�une promotion. Par ailleurs, l�article 31 du m�me d�cret impose la r�vocation de tout fonctionnaire faisant l�objet d�une condamnation d�finitive infamante. L�une des enseignantes, accus�e d��tre la t�te forte du groupe, nous a �num�r� les nombreuses sanctions prises contre elle. En plus de sa mutation de Boumerd�s vers une autre ville, � une trentaine de kilom�tres de son domicile, elle fait l�objet d�une retenue sur salaire de l��quivalent de 15 jours, d�un bl�me, d�une r�trogradation de la cat�gorie 14/3 � la 14/1 et d�autres sanctions encore. �Ce ne sont plus des punitions administratives mais un traitement haineux qui m�a �t� r�serv�, dit-elle.