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On leur avait fait le serment que leurs veuves et leurs enfants ne manqueraient de rien...
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 04 - 2008

Tout d'abord, je m'incline devant la m�moire de tous les martyrs de la R�volution, ces hommes et femmes qui ont sacrifi� leurs vies pour une seule et m�me cause juste : l'Alg�rie libre et ind�pendante. Parmi le un million et demi de chouhada, figure mon p�re, feu Mestour Sa�d. Il est tomb� au champ d'honneur le 25 avril 1958 au lieu-dit Oued Felli au sud de Tizi-Ouzou.
Originaires de B�trouna, ses parents ont �t� expropri�s par l'administration coloniale, ils ont �t� contraints de quitter leur village pour ne pas voir des �trangers fouler leur terre et rejoint le village voisin, Bouhinoun au sud de Tizi-Ouzou, o� naquit mon p�re le 8 avril 1908. Son fr�re a�n� fut emmen� � la Seconde Guerre mondiale, pour le service militaire, et n'a plus jamais donn� signe de vie. Le plus jeune activait en France jusqu'� son retour au pays en 1962. Pour rappel, la r�gion a connu de grands �v�nements lors de la R�volution. Situ� non loin du centreville, le camp de l'arm�e �tait implant� au c�ur du village et la SAS � quelques kilom�tres plus haut � Alma (qui signifie haut et plat). Cet endroit a �t� choisi par l'arm�e coloniale pour sa situation g�ographique tr�s strat�gique, il servait d'observatoire gr�ce � sa vue a�rienne � vous couper le souffle et tellement il est beau et haut � la fois. A l'aide de jumelles, ils pouvaient visionner ce qui se passait dans les villages alentour � des kilom�tres � la ronde. Si le site est pittoresque, il a malheureusement servi de lieu de torture. Un immense ch�ne centenaire utilis� comme potence est toujours l� pour nous rappeler les ch�timents atroces que les soldats infligeaient � ceux qui osaient les d�fier. D'ailleurs, les habitants du village l'appellent �thakaroucht boulma�. Ce lieu hautement symbolique a �t� jalousement conserv�. M�me le socle sur lequel on attachait la corde est encore implant� dans le tronc de l'arbre martyr. Les autorit�s devraient sauvegarder ce lieu de la m�moire pour que les g�n�rations futures n�oublient pas. Ce territoire martyr s'�tend depuis la plaine de Bouhinoun, Ath Ouanech, Alma, Bouassem, Akendjour jusqu'� Ighil l'mal, il s'agit du douar Benizmenzer. Rappelons que les maquis de Amejoudh, Aguergour avaient �t� compl�tement ras�s au napalm. Mon p�re �tait d�j� engag� depuis le MTLD, le PRA, et a c�toy� les grands noms de la R�volution, il �tait membre permanent de la glorieuse ALN et fut nomm� chef de Front du �vaillant� FLN de Bouhinoun, distant de 7 km du chef-lieu et ce, jusqu'� la fin. Au fait, y a-t-il une diff�rence entre le FLN de l'�poque et l'actuel ? Alors pourquoi mon p�re, ayant �t� honor� et d�cor� de m�dailles, est rest� dans l'ombre ? Suite � sa d�nonciation, il a �t� arr�t� et mis en prison o� il a subi des tortures sur tout le corps et a failli perdre la vue. A ce propos, je me suis pr�sent�e au minist�re de la Justice, service des archives, pour r�cup�rer son jugement, on m'a dit de voir avec les t�moins qui l'ont connu � l'�poque. Cela remonte � 60 ans au moins, et la plupart de ces personnes sont peut-�tre d�c�d�es. Alors � qui doit-on s'adresser dans ces casl� et quelle est la proc�dure � suivre pour r�cup�rer ce document ainsi que d'autres qui ne nous ont pas �t� remis. Cette comm�moration est doublement symbolique et significative pour moi, et pour cause ! Mon p�re aurait eu 100 ans ce 8 avril 2008. M�me s'il est tr�s douloureux d'�voquer ces souvenirs et de parler de lui au pass�, c'est mon devoir de lui rendre hommage � juste titre. Ne l'ayant pas connu, ma m�re nous parlait beaucoup de lui et c'est � travers elle que je relate les �v�nements de la guerre qu'on a v�cue indirectement. Elle aussi, a particip� � ses c�t�s. Elle faisait la cuisine avec d'autres femmes du village pour les moudjahidine qui se r�unissaient chez nous et elle enfouissait la vaisselle dans une cache sous terre. Elle passait les munitions dans son panier ainsi que des liasses de billets de banque qu'elle dissimulait autour de sa ceinture et portait mon fr�re sur son dos pour passer inaper�ue. Elle s'en est tr�s bien sortie et elle est encore toute fi�re aujourd'hui que les soldats fran�ais ne l'ont jamais soup�onn�e. Ma s�ur a�n�e a aussi jou� son petit r�le, � 10 ans � peine on l'envoyait faire le guet et voir si la voie �tait libre. Ma m�re a �t� traumatis�e par cette guerre, d'abord ses enfants �taient en bas �ge et malgr� �a elle devait faire face � la situation et surtout quand mon p�re devait se d�placer. Malheureusement, il est tomb� dans une embuscade et pris en chasse par h�licopt�re. Il �tait bless� et fuyait � travers champs. Les soldats au sol l'ont rattrap� et l'ont tra�n� � bras le corps. Il avait le courage de les insulter avant qu'ils ne l'ach�vent. Les moudjahidine ont appel� ma m�re pour le reconna�tre avant sa mise en terre. C'�tait s�rement un spectacle insoutenable, elle l'a vu baignant dans son sang et son index fig� sur sa bouche : il est mort en bon musulman. Elle en parle encore 50 ans apr�s comme si c'�tait hier. On pourrait �crire un livre sur son histoire si elle pouvait s'exprimer tant qu'elle est encore en vie. En d�pit de ce qu�elle a endur�, il ne lui a �t� reconnu aucun droit de m�rite. Pourtant on leur avait fait le serment � ces Hommes que leurs veuves et leurs enfants ne manqueraient de rien et seraient pris en charge par les fr�res qui leur survivraient ! On les appelle des ayants droit mais � quoi s'il vous pla�t ? Nous avons �t� des laiss�s-pour-compte depuis l'ind�pendance. Nous avons �t� l�s�s dans nos droits. Nous avons �t� �lev�s au dinar symbolique que ma m�re �tait oblig�e de faire le m�nage pour subvenir � nos besoins. Elle nous a quand m�me �duqu�s dans le respect et la dignit�. N'ayant que sa pension comme moyen de subsistance et ne pouvant payer son loyer, elle a �t� d�sign�e comme concierge de son immeuble. Il n'y a pas de sot m�tier quand il s'agit de gagner sa vie � la sueur de son front et elle �tait respect�e de tous. Elle a effectu� toutes les d�marches n�cessaires pour obtenir une aide quelconque de la part des autorit�s comp�tentes mais en vain. Dieu seul sait qu'elle a gal�r� � l'�poque entre Ch�teauneuf, place des Martyrs et Vieux-Kouba et sans aucun aboutissement. En d�sespoir de cause et en femme r�sign�e et tr�s pieuse, elle se consolait � dire qu'elle aurait sa place dans la Rahma Divine et notre p�re n'a fait que son devoir et nous a l�gu� l'Alg�rie en h�ritage, c'est dire � quel point elle �tait nationaliste. Enfin, une loi a �t� adopt�e concernant l'aide � la construction rurale. Ma m�re a fait une ultime demande d'aide financi�re pour entamer une construction sur un lopin de terre h�rit� de sa famille en Kabylie, et ce, dans le but d'accueillir ses petits-enfants, sa demande n'a pas eu gain de cause et la maison est rest�e inachev�e. Nous vivons depuis 45 ans � ce jour dans un studio de 24 m2. Si je vous �cris aujourd'hui, c'est dans le but de rendre un grand hommage � mes parents pour qu'ils ne demeurent plus dans l'anonymat et perp�tuer l'histoire.

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