Visiter l�Alg�rie du nord au sud, de l�est � l�ouest, en remontant le temps via ses timbres, ses cartes postales, sa monnaie et ses billets, c�est possible gr�ce � des collectionneurs passionn�s. Ahmed Laroui, ex-fonctionnaire des P et T, aujourd�hui � la retraite en fait partie. Ce septuag�naire tient une boutique de philat�lie et cartographie juste en face de la gare Agha. Un petit mus�e retra�ant toute l�histoire de l�Alg�rie et des autres pays du monde. Une m�moire sauvegard�e sur des cartes postales, des timbres et des pi�ces de monnaie. Un tr�sor, que ce collectionneur natif d�El-Kantara � la porte du Sud � n�h�site pas � sortir pour nous. Le regard p�tillant, il confie : �A l��ge de 6 ans, on m�a offert mes premiers timbres. �a a tout de suite fait tilt dans ma t�te. Depuis ce jour, je cultive cette passion !� Plus d�un demi-si�cle plus tard, la flamme est toujours aussi vive. Ce doyen de la philat�lie poss�de des milliers de timbres nationaux et internationaux. Ammi Ahmed nous montre plusieurs albums o� est rang�e la collection compl�te des timbres alg�riens depuis 1924 (date du premier timbre �mis dans notre pays alors colonis�), � ce jour (2008). �Le timbre refl�te les �poques, l��volution des soci�t�s et les traditions d�un pays, explique notre collectionneur. Le premier timbre paru apr�s l�ind�pendance et qu�on appelle le 1+9 est le plus cher. Il est cot� actuellement � 400 euros.� Dans ce mus�e, la m�moire de l�Alg�rie se d�roule �galement � travers la cartophilie. Vous pouvez y admirer les premi�res cartes postales originales repr�sentant des paysages et sites de l�Alg�rie de 1880 � ce jour. La capitale se d�cline � travers une collection impressionnante, en noir et blanc. L�on peut y voir les diff�rents quartiers s��riger l�un apr�s l�autre. �Au d�but, avant 1830, il n�y avait que La Casbah avec ses cinq portes. Apr�s l�occupation fran�aise, des quartiers comme Bab-El-Oued, Place des Martyrs, l�Amiraut�, T�lemly... ont commenc� � �tre �difi�s... Toutes ces �tapes existent sur ces anciennes cartes postales.� Et d�ajouter �des gens me demandent si j�ai des souvenirs sur cartons de leur quartier datant des ann�es 1950, 1960 ou 1970. Je re�ois aussi des pieds-noirs � la recherche d�un pan de leur m�moire, sans compter les touristes. Les artistes-peintres d�sirant faire des reproductions ne sont pas en reste�. Par ailleurs, si vous faites un tour dans cette �choppe � remonter le temps, vous pourrez admirer tous les billets de banque et les monnaies ayant circul� dans notre pays de la p�riode pr�coloniale, � ce jour. En bon collectionneur qui se respecte, ammi Ahmed n��chappe pas au numismatisme. Toutes les monnaies sont l� : pi�ces de l��poque ottomane, romaine, coloniale... Il y a m�me le fameux �sourdi� dont on a tous entendu parler et que nos arri�re-grands-m�res cachaient pr�cieusement dans leur corsage. Autre curiosit� : la collection des billets de banque. �Les tout premiers datent de 1920, r�v�le notre numistate. A l��poque, chaque r�gion avait son propre billet ! Aujourd�hui, les coupures les plus ch�res sont celles qui ont �t� �mises au lendemain de l�ind�pendance. A titre d�exemple, le billet de 100 DA co�te environ 110 dollars (presque le prix d�un baril de p�trole !). On apprend par ailleurs, qu�un billet de banque a plus de valeur s�il n�a jamais �t� pli�. Il peut voir son prix grimper � l�infini s�il n�a pas �t� �accident� �. Joignant le geste � la parole, notre vis-�-vis exhibe un billet de 1000 DA dont l�impression a �t� compl�tement rat�e. �Normalement, il aurait d� �tre d�truit avant sa sortie de la Banque centrale... Je l�ai acquis pour la coquette somme de 20 000 DA. Tous les collectionneurs r�vent d�avoir ce genre de sp�cimen car ils sont tr�s rares.� Des pi�ces de monnaie ayant des d�fauts sont aussi recherch�es, comme cette pi�ce de 50 DA non frapp�e ou celle de 10 DA estampill�e du mot �Namoudedz� (sp�cimen). Leur prix peut atteindre 140 euros par pi�ce. Sachez aussi qu�un billet de banque actuel, flambant neuf et non pli� vaut de l�or, alors dor�navant regardez de plus pr�s ce que vous avez dans le porte-monnaie. Nous quittons la gare Agha pour une autre destination. Cap sur le march� Ali-Mellah (Place du 1er-Mai). L�, juste � c�t� de la poissonnerie, se trouve un autre collectionneur qui ach�te et vend timbres, anciennes cartes postales, billets de banque, monnaies, vieux vinyles, bouquins d�occasion. �J�ai toujours �t� accro � ce genre d�objet�, nous dit Mohamed, retrait� de son �tat. �C�est mon deuxi�me m�tier apr�s celui de proth�siste�. �Avant les ann�es noires, les touristes �taient nombreux � m�acheter des collections. Aujourd�hui, ils se font de plus en plus rares. Par cons�quent, ce commerce tourne au ralentit !�. Ici pas de boutique mais des �tag�res improvis�es o� sont rang�s des sp�cimens de timbres d�ici et d�ailleurs, des cartes postales, des billets de banque et des pi�ces de monnaie. �Je poss�de la collection compl�te des timbres d�Alg�rie. Un vrai tr�sor ! Idem pour les billets de banque. A titre d�exemple, la s�rie de 4 billets neufs datant de 1964 peut atteindre la somme de 10 000 DA�. Alger d�file aussi � travers de belles cartes postales des ann�es 1950, en noir et blanc (300 DA l�original, 50 DA la copie). Ce vendeur propose aussi � la vente de vieux disques vinyles. �Les nostalgiques font une halte pour regarder et quelquefois acheter ces anciens microsillons des Beatles, Beach Boys, Elvis Presley ou Johnny Halliday. Eclips�s par les CD Rom, ils sont devenus aujourd�hui des pi�ces de mus�e !� Ces collectionneurs mettent parfois plus de deux ann�es avant de mettre enfin la main sur une pi�ce rare qui compl�tera leur tr�sor. Mais tous l�affirment haut et fort : �quand on aime, on ne compte pas !�. Sabrina Inal Email :