La Russie, pr�sente pour la premi�re fois en quarts de finale depuis l'�clatement de l'URSS, affronte ce soir � B�le les Pays-Bas, class�s parmi les pr�tendants � la victoire finale dans l'Euro- 2008, comme l'Espagne et l'Italie, adversaires demain � Vienne. Port�s par un jeu all�gre, bas� sur la vitesse et le talent des individualit�s, comme Andrei Arshavin, les Russes sont capables de poser des probl�mes aux N�erlandais, dans un match qui s'annonce tr�s ouvert. Meilleure attaque (9 buts) et meilleure d�fense � �galit� avec la Croatie (1 but encaiss�), les "Oranje", impressionnants, notamment face � l'Italie (3-0) et la France (4-1), abordent les quarts de finale en pleine confiance et repos�s. La plupart des cadres ont �t� dispens�s du match remport� face � la Roumanie (2- 0) mardi, alors que les Russes ont d� �batailler� le lendemain pour arracher leur qualification aux d�pens de la Su�de (2-0). Ce match, revanche de la finale de l'Euro-88 remport�e par les Pays-Bas face � l'URSS (2- 0), aura un go�t particulier pour Guus Hiddink, s�lectionneur n�erlandais de la Russie, et ex-entra�neur des Pays-Bas (1995-98). Le match Espagne - Italie, demain � Vienne, opposera deux �quipes aux parcours diam�tralement oppos�s. Les Espagnols, qui s'�croulent r�guli�rement d�s qu'arrivent les matches � �limination directe, ont survol� leur groupe, accumulant confiance et r�cup�ration, puisque tous les habituels titulaires, � l'exception du milieu Andres Iniesta ont �t� dispens�s du dernier match remport� face � la Gr�ce (2-1) mercredi. Les Italiens ont eux puis� dans les r�serves pour arracher la qualification, en battant la France (2-0) et en profitant de la d�faite de la Roumanie face aux Pays- Bas. Ils seront priv�s des milieux Gennaro Gattuso et Andrea Pirlo, suspendus. Mais la coh�sion forg�e dans la difficult� au premier tour permettra s�rement de compenser la fatigue. ALLEMAGNE �Schweini�, t�te de lard revanchard Beaucoup de frustration, un peu de vexation et un soup�on de revanche et de culpabilisation, le tout agit� pendant 90 minutes face au Portugal (3-2) jeudi : Bastian Schweinsteiger a �t� le grand artisan de l'accession de l'Allemagne en demi-finales de l'Euro-2008. Pendant les deux premiers matches, Schweinsteiger avait rong� son frein sur le banc des rempla�ants, se contenant d'apparitions sans g�nie en fin de partie. Il avait suivi le duel contre l'Autriche (1-0) lundi depuis les tribunes, parce qu'il purgeait une suspension d'un match pour avoir bouscul� le Croate Leko dans le temps additionnel de la cinglante d�faite allemande (1-2). Quand Joachim L�w, lui, a annonc� qu'il serait titularis� face � Cristiano Ronaldo pour sa 54e s�lection, � seulement 23 ans, �Schweini� a su qu'il tenait �sa� chance de faire taire les critiques qui l'accablent depuis deux ans. �Le d�but du tournoi n'a pas �t� �vident pour moi, mais j'ai toujours senti que j'avais la confiance des entra�neurs et de mes co�quipiers�, a-t-il l�ch� en recevant le troph�e d'homme du match apr�s son r�cital. Avec un but tout en puissance, symbole de sa rage de vaincre, et deux coups francs millim�tr�s pour les t�tes de Klose et Ballack, le milieu offensif du Bayern Munich a envoy� un message clair : il est bien l'un des joueurs les plus talentueux d'Allemagne, successeur � terme de Michael Ballack dans l'animation du jeu. �Mes deux derni�res saisons n'ont pas �t� aussi mauvaises qu'on le dit, j'ai disput� beaucoup de matches avec le Bayern�, avait-il insist� en d�but de semaine. �Bien s�r, j'aurais pu faire un peu mieux, mais j'ai encore faim de football et je crois qu'il y a beaucoup d'id�es fausses qui circulent sur moi�, avait-il regrett�. S'il a form� avec Lukas Podolski le �couple Schweini et Poldi�, symbole de cette jeune et insolente �quipe d'Allemagne qui avait enthousiasm� tout le pays durant la Coupe du monde 2006, Schweinsteiger a eu du mal � dig�rer cette rapide cons�cration. Cet ancien skieur alpin de bon niveau a pris la mauvaise pente et s'est install� dans une certaine facilit� : lors de la saison 2006-07, au bout du rouleau physiquement, il a d��u sur les terrains et s'est cherch� en dehors. �J'en avais marre de tout�, avoua-t-il l'automne dernier. �Schweini�, son surnom � connotation... porcine, est alors recadr� par le manageur g�n�ral du Bayern Munich, Uli Hoeness, fabriquant de saucisses dans le civil, et son capitaine Oliver Kahn, r�f�rence parmi les t�tes de lard. Malgr� un s�v�re �pisode de borr�liose cons�cutif � une morsure de tique, malgr� l'arriv�e de Franck Rib�ry dans l'entre-jeu bavarois qui le rel�gue souvent sur le flanc droit ou pire sur le banc des rempla�ants, Schweinsteiger retrouve quelques certitudes cette saison. Il continue de brouiller son image en conduisant la plus puissante cylindr�e parmi les stars du Bayern ou en se vernissant les ongles en noir. Comme Podolski, meilleur r�alisateur allemand avec trois buts, souvent cantonn� lui aussi au r�le de rempla�ant au Bayern Munich, Schweinsteiger arrive en forme � point nomm�. On disait les deux joueurs beaucoup moins complices. �Poldi et Schweini sont-ils de retour ?�, s'est inqui�t� un journaliste jeudi soir. �On peut le dire, cela n'a jamais vraiment disparu, on a juste fait une pause�, lui a r�pondu �Poldi�, � la grande joie des supporteurs allemands. CE SOIR (19H45) � B�LE Pays-Bas - Russie, sauce hollandaise Les Pays-Bas et la Russie, deux des �quipes les plus s�duisantes de cet Euro- 2008, proposent aujourd�hui � B�le un quart de finale all�chant, � savourer avec une sauce hollandaise en raison de la pr�sence sur le banc russe de Guus Hiddink. L'entra�neur n�erlandais, consid�r� comme un dieu vivant � Moscou, est au centre de toutes les attentions ces derniers jours et avoue lui-m�me qu'il va vivre �un moment particulier� face � une �quipe dont il fut le s�lectionneur de 1995 � 1998. �Je connais l'entra�neur, plusieurs joueurs, l'encadrement. Mais je n'aurai aucun scrupule � les battre. Je n'�prouve aucun sentiment patriotique, je ne joue pas pour un drapeau�, a pr�venu Hiddink. En face, Marco van Basten se m�fie sans doute de la roublardise de son alter ego, souvent qualifi� de �faiseur de miracles� ou d'entra�neur �le plus chanceux de la plan�te�. Mais le s�lectionneur Oranje pr�vient : �Nous allons jouer contre la Russie, pas contre Hiddink�. �San Marco� veut ainsi �viter que ses joueurs fassent une fixation sur la personnalit� du coach adverse qui conna�t forc�ment tout d'eux. �Pensons � notre jeu. Nous avons un statut � honorer. Et nous avons tout en mains pour gagner ce match�, affirme Van Basten qui endosse sans fausse modestie le costume de favori. Avec l'assentiment unanime de ses adversaires. �L'�quipe hollandaise est pour l'instant la meilleure du tournoi�, conc�de le capitaine Sergei Semak. �Le jeu n�erlandais est difficile � lire. Autant ce fut facile de d�crypter le jeu de la Su�de (ndlr : que la Russie a battue 2-0 au premier tour), autant les Oranje sont impr�visibles �, constate Hiddink, qui trouvera dans le camp adverse onze joueurs plus solidaires que jamais. Le d�c�s jeudi de la fille, n�e pr�matur�e, du d�fenseur Khalid Boulahrouz �va souder encore un peu plus les N�erlandais�, estime Hiddink, qui redoute aussi la fra�cheur physique des Sneijder et autre Van Nistelrooy. La plupart des titulaires n�erlandais n'ont pas disput� le dernier match sans enjeu de la phase de groupe face � la Roumanie (2-0) mardi � Berne, s'offrant ainsi sept jours de repos contre seulement deux pour les Russes. �Cela n'est pas sans importance�, regrette Hiddink. Car la force de son �quipe r�side dans la qualit� des combinaisons, dans la rapidit� des joueurs de couloirs, dans la g�n�rosit� physique de ses atouts offensifs Andrei Arshavin et Roman Pavlyuchenko. �Ils jouent, comme nous, un football moderne tourn� vers l'attaque et qui demande une condition physique irr�prochable�, note le gardien et capitaine des Pays- Bas, Edwin van der Sar. �Ce sera un match spectaculaire �, promet-il en se souvenant que la derni�re confrontation entre les deux �quipes avait tourn� � la d�route pour les Russes. En f�vrier 2007, les N�erlandais s'�taient impos�s (4-1) en match amical � Amsterdam. �Mais les temps ont chang�. Nous avons fait d'�normes progr�s�, pr�vient le milieu de terrain Igor Semchov, qui estime que ce quart de finale �ne sera pas un terminus�. Une mani�re de positiver � la patte d'Hiddink, une nouvelle fois � en se projetant d�j� vers une �ventuelle demi-finale face � l'Espagne ou l'Italie. La mar�e Oranje Apr�s l'excellent d�but de tournoi de leur s�lection, invaincue au premier tour de l'Euro-2008, les Pays-Bas, � l'approche du quart de finale contre la Russie, ce soir, semblent pris d'une v�ritable fr�n�sie : sur les maisons, les v�los et m�me les animaux domestiques, l'�Oranje� s'�tale partout. Des quartiers habituellement calmes et r�sidentiels se parent de banderoles et de drapeaux orange, de m�me que les bords des fen�tres, o� fleurissent massifs et figurines poilues... orange. Outre les affiches scandant �hup Holland� (allez les Pays-Bas !), certains n'h�sitent pas � afficher en grand leur ferveur � l'�gard de la s�lection. Un particulier aurait ainsi enti�rement recouvert sa maison de peinture orange, rapporte la presse. M�me les animaux domestiques sont mis � contribution pour encourager l'�quipe batave. Dans les rues, des chiens portent ainsi fi�rement le maillot orange. �C'est un petit pays, qui d'ordinaire n'a pas grand-chose dont il puisse �tre fier�, affirme Ruud Stokvis, psychologue du sport au Mulier Institute de Bois-le-Duc. �Cela (l'Euro) attire l'attention du monde entier. Les gens affichent leur appartenance aux Pays-Bas�, avance-t-il. �Vif engouement� Que la ferveur des supporteurs soit immense, cela ne surprend personne. Leur nombre, en revanche, suscite plus l'�tonnement. �Aux Pays- Bas, nous avons probablement plus de passionn�s de football, plus de joueurs proportionnellement � la population, que partout ailleurs en Europe�, d�clare M. Stokvis. Pr�s d'un million de N�erlandais, soit 6% de la population, sont licenci�s de ce sport, �ce qui explique le vif engouement dont notre �quipe nationale fait l'objet�, pr�cise-t-il. Et pr�s d'un N�erlandais sur deux a suivi la retransmission du match du premier tour contre la Roumanie (7,3 millions de personnes pour une population de quelque 16 millions). Un enthousiasme qui fait le bonheur des petits commerces. Les N�erlandais, en effet, ne rechignent pas � d�penser de grosses sommes d'argent pour acheter du maquillage ou des cornes de brume. Parmi les articles qui s'�coulent le mieux figure le maillot frapp� d'une t�te de lion, embl�me des Pays-Bas. Un maillot d'un genre un peu particulier puisqu'il permet � celui qui le porte, en cas de but, de soulever le tissu, qui laisse alors appara�tre un deuxi�me tissu. Les deux parties, d�ploy�es simultan�ment, forment alors... la gueule ouverte et rugissante du fauve. Astucieux ! La couleur orange fait des �mules partout... Anecdotique, mais significatif : un opticien a not� une forte hausse des achats de montures de cette couleur et une bonneterie fait de la publicit�, o� elle pr�sente un mod�le en sous-v�tements orange, souriant au t�l�phone, accompagn� du texte �All� Marco (van Basten, le s�lectionneur)... Bien s�r que je veux jouer�. L'enjeu para�t tel que, dans le secteur de la restauration, les employ�s qui seraient tent�s de se faire porter p�les ont �t� pr�venus qu'ils pourraient �tre soumis � des contr�les � domicile. Enfin, pour les citoyens vivant hors du territoire national, la radio publique internationale Radio Nederland Wereld Omroep a fait un geste : pr�venante, elle a achet� des fr�quences suppl�mentaires pour diffuser, partout dans le monde, la rencontre Pays-Bas-Russie, � B�le (Suisse).