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MATOUB LOUN�S (1998 � 2008). DIX ANS APR�S
Les id�aux du barde plus que jamais d�actualit� !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 06 - 2008

�Ils ont tu� Loun�s le 25 juin 1998. Ils avaient essay�, d�j�, mais � chaque fois Loun�s �tait reparu.� Ainsi s�amor�ait le livre t�moignage Pour l�amour d�un Rebelle, �crit par son �pouse Nadia et paru en 2000 � Paris aux �ditions Robert Laffont.
La vie de Loun�s aura �t� jalonn�e d��pisodes dramatiques qui ne faisaient que lui rappeler son statut de sursitaire dans une �poque o� l�intol�rance produit des �chasseurs de lumi�res� qui privent le ciel de ses �toiles et la Terre de leur lumi�re. Sinon, sa vie aura �t� celle d�un homme exceptionnel de part sa bravoure l�gendaire que le commun des humains avait cru ne relever que de l�imaginaire. Ni l�anath�me et les rumeurs assassines distill�es intentionnellement pour le diaboliser et tenter de le mettre au ban de la soci�t�, ni les intimidations, les pressions et les menaces, ni m�me les attentats qui l�ont mutil� physiquement n�ont pu avoir raison de son courage et de son abn�gation qui laissaient admiratif plus d�un. Tel un ph�nix, il renaissait de ses cendres � chaque fois que la folie et l�ignorance le frappaient. �Si vous croyez que vos balles peuvent me tuer, me revoil� plus vivant que jamais�, d�clamait-il dans l�Ironie du sort sorti en 1989. L�autre de ses qualit�s av�r�es et qui a souvent �t� � l�origine de bien des incompr�hensions est, sans nul doute, sa singuli�re sinc�rit� dans tout ce qu�il entreprenait, disait ou faisait. Il y a quelque temps, l�une de ses grandes amiti�s, une grande dame faite de valeurs humaines et de principes politiques in�branlables, � l�image d�ailleurs de son grand ami Loun�s, nous disait � juste titre qu�il �(�) �tait versatile comme tous les grands artistes�. C�est m�conna�tre la part de l�humanit� qui caract�rise la personnalit� du barde que de prendre sa franchise pour de l�inconstance. Beaucoup se rappellent encore de la controverse dont il avait �t� � l�origine lors de la c�l�bration du 10e anniversaire du Printemps amazigh lorsqu�il vilipenda les principaux acteurs du Mouvement culturel berb�re (MCB) dans un discours qui avait failli transformer le grand gala en une ar�ne de gladiateurs. La d�ception �tait grande. Et pour cause, une c�l�bration particuli�re qui intervenait pour la premi�re fois en d�mocratie, dans le multipartisme et dans la libert�, de sorte que des imazighen du Maroc, de Djerba, de Libye, des Aur�s, de Cherchell, de la vall�e du M�zab, du Tassili, du Niger, de la Mauritanie et du Mali ainsi que des �les Canaries, tous ont tenu � marquer de leur pr�sence ce grand moment de retrouvailles qui fut g�ch� par l�inattendue sortie au vitriol de Matoub. Certains, de retour chez eux, avaient, sous le coup de la col�re r�serv� un autodaf� aux �uvres de l�artiste qu�ils avaient aim� depuis ses d�buts. Pourtant, une semaine apr�s, il �tait l�invit� de la Coordination des �tudiants de l�universit� de Hasnaoua pour donner une conf�rence sur �La musique populaire cha�bi d�El Anka � nos jours�. La salle �tait pleine comme un �uf. Dehors, des milliers d��tudiants et de citoyens qui n�ont pas pu y acc�der poireautaient. Le conf�rencier du jour s�av�ra �tre un fin connaisseur de la musique et de son histoire. Mais ce que l�assistance attendait, c��tait le d�bat qui allait suivre. Comme attendu, la premi�re question : une �tudiante, visiblement �mue reprocha � Loun�s, avec beaucoup de tendresse d�ailleurs, sa sortie du campus de Oued A�ssi en lui disant : �C��tait sur toi que reposait tout notre espoir de r�aliser notre union et c�est toi qui a aggrav� la division.� Tout souriant et visiblement touch� par la sinc�rit� de l��tudiante, Loun�s commen�a sa r�ponse par une plaisanterie, en disant qu�il aurait d� ramener son mandole pour rechanter la chanson qui avait mis le feu aux poudres lors du gala avort�. Reprenant son air s�rieux, il ajouta : �Tu sais ma fille, je veux rester authentique de sorte que ceux qui m�aiment sauront pourquoi et ceux qui me ha�ssent aussi. Mais, je vous donne ma parole aujourd�hui devant tout ce monde que si un jour je me rends compte que j�ai tort, je n�h�siterai pas une minute � faire mon mea culpa et � me rapprocher de mes adversaires d�aujourd�hui pour leur demander pardon.� C��tait l� que, personnellement, Loun�s m�avait reconquis par sa sinc�rit� qu�il mettra d�ailleurs en �uvre, une ann�e plus tard, en se r�conciliant d�finitivement avec ceux qu�il avait vilipend�s. Il avait eu tort, il s�en �tait rendu compte et il s�est corrig� en bon �homme libre�. A ce titre, il chantera dans Regard sur l�histoire d�un pays damn�: �(�) Ce parti ou celui-l�, je ne me g�nerai pas � les torpiller haut et bas, sans rel�che mais sans m�pris(�)� Et de poursuivre dans la langue pour laquelle il a vou� toute sa vie : �(�) Ma yella wwtegh di gma ass-agi, tassa-w ur t-tugi (�)� Il sera ainsi l�un des partisans les plus actifs de l�arr�t du processus dit �lectoral de 1991, qui allait mettre le destin du pays entre les mains du fanatisme religieux. A travers son album L�hymne � Boudiaf, sorti en 1993, il rendra un vibrant hommage � l�auteur de L�Alg�rie avant tout qui a su redonner espoir au peuple en six mois de gouvernance durant lesquels il avait incarn� la rupture avec la langue de bois en vigueur et avec l�islamisme avec lequel il avait d�cid� d�en finir. Malgr� la tourmente croissante provoqu�e par les attentats terroristes qui frappaient les services de s�curit� et l��lite nationale dont des journalistes, des comp�tences mondiales, des militants qui payeront de leur vie leur engagement en faveur de l�Etat r�publicain, Matoub �tait de ceux qui ont choisi de rester parmi les leurs. Il prendra part aux assises du Mouvement pour la R�publique (MPR) en novembre 1993 et participera � la grandiose marche du 29 juin 1994 � laquelle avait appel� ce mouvement trans-partisan pour exiger toute la lumi�re sur l�assassinat du pr�sident Boudiaf. Un attentat � la bombe fait 2 morts et plus de 70 bless�s. En cette ann�e 1994, l�horreur int�griste avait atteint son point culminant. Passant � un stade de barbarie toujours plus abjecte, les islamistes massacraient femmes refusant le port du voile, syndicalistes, militants d�mocrates et citoyens qui refusent la soumission devant leur diktat. L�Etat �tait � genoux et donc incapable de garantir la s�curit� aux citoyens. L�appel � la r�sistance �tait lanc� et des groupes d�autod�fense se constitu�rent aussit�t � travers les hameaux et villages. Avec comme seules armes des fusils de chasse, des armes blanches et la farouche d�termination de ne pas laisser les hordes terroristes pi�tiner l�honneur des villages. Matoub soutient cette solution et encourage les r�ticents � se constituer dans le cadre de la R�sistance qui lui �tait ch�re et qu�il �voquera avec force sur sc�ne lors de son ultime gala, d�but 1998, au Z�nith de Paris.
D�mocrate, r�publicain et amoureux de l�Alg�rie jusqu�au bout des ongles, il �tait aussi un la�que qui s�assumait. Il en avait conscience des risques qu�il encourait en adoptant syst�matiquement des positions frontales vis-�-vis des tenants d�un ordre moyen�geux, du pouvoir et des r�conciliateurs du Contrat de Rome sous l��gide de Sant� Egidio qu�il qualifiera, lors d�une �mission t�l�vis�e, de �haute trahison�.
Il sera kidnapp� par les int�gristes en septembre 1994 et condamn� � mort par un tribunal islamiste avant que ses ravisseurs ne se ravisent et le lib�rent quinze jours plus tard sous une pression populaire impressionnante. La peur s��tait empar�e, pour la premi�re fois, des maquis terroristes. Commencera alors une campagne de diffamation et de d�nigrement visant � le d�truire par l�anath�me et l�immoralit� en semant le doute quant � son rapt que certains qualifient encore � ce jour de �vrai-faux� kidnapping. Il en sera affect� au plus profond de lui-m�me et le fera savoir dans ses �uvres, notamment dans son livre t�moignage le Rebelle (�ditions Stock, 1995) qu�il avait tenu � �crire dans le seul but de clouer le bec � ses d�tracteurs. Cette �uvre lui ouvrira grandes les portes de la cons�cration ; il se verra ainsi attribuer le Prix international de la m�moire en France et celui de la Libert� d�expression au Canada dont les discours de haute facture, prononc�s � ces occasions, t�moignent, si besoin est, de la dimension politique et intellectuelle que l�artiste, qui �tait � l�apog�e de son art, avait acquise. Son combat, Matoub le m�nera avec courage et sinc�rit� jusqu�au jour fatidique qui marquera � jamais la m�moire collective de tous les hommes et femmes �pris de justice et de libert�. Il sera l�chement assassin� le 25 juin 1998 sur la route menant � son village Taourirt Moussa par un groupe arm� qui blessera gri�vement son �pouse et ses deux belles-s�urs qui l�accompagnaient ce jour-l�. L��motion �tait telle qu�une chape de tristesse et de douleur s��tait abattue sur le pays. Jacques Chirac, entre autres, avait, rappelons-le, exprim� sa �profonde tristesse� devant cet acte ignoble qu�il avait fermement condamn�. Le lendemain, le GSPC revendique officiellement cet acte abject. Ses d�tracteurs de toujours sont de suite mont�s au cr�neau, pour ne pas rester en marge de l��motion qui s��tait empar�e de tout un peuple, et du m�me coup, verser des larmes de crocodile afin de tenter de faire oublier tout ce qu�ils avaient fait endurer au �barde flingu� durant les derni�res ann�es de sa vie. Ainsi, s�accaparant sans scrupules du symbole, dont certains avaient m�me jubil� � la nouvelle de sa mort, ceux-l� m�mes qui sont all�s trop vite en besogne en s�investissant dans une campagne sans pr�c�dent, insinuant en public et accusant en priv� ses amis d�en �tre complices, ils ont marqu� en fait l�amorce d�une certaine pollution de la sc�ne qui atteindra son paroxysme entre 2002 et 2005. Il ne s�agit aucunement ici de r�inviter l�ineptie et la b�tise pour �voquer la m�moire de Loun�s ; mais il est inconcevable de continuer � taire l�histoire pour faire dans le politiquement correct, tout en sachant qu�on aura failli au devoir de la sinc�rit� et de la franchise qui faisaient de Matoub un artiste charismatique et redout�. La nostalgie est souvent exprim�e par un peuple qui se sent plus que jamais orphelin de son artiste intronis�, malgr� lui, guide spirituel. Pas un village, pas une rue en Kabylie ne manque d�exposer un portrait g�ant ou une statue de Loun�s, r�alis�s souvent par une jeunesse sans le sou. Un v�ritable ph�nom�ne de soci�t� qui est all� au-del� des fronti�res puisque dans beaucoup de r�gions marocaines, ces portraits ornent les fa�ades des places et des all�es. A Grenoble, dans la commune de Saint-Martin-d'H�res, � Lyon, ville de Vaulx-en-V�lin, deux rues portent son nom depuis 2003, et Bertrand Delano�, l�actuel maire de Paris, s�appr�te � baptiser une rue de la capitale fran�aise du nom de Matoub Loun�s.
�Je veux qu�on consacre en cette ann�e 2008 un moment tr�s fort � un Berb�re amoureux de Paris, que j�ai bien connu, beaucoup appr�ci� et admir�.C�est Matoub Loun�s. Pour son talent, sa fermet� mais aussi sa g�n�rosit�, sa capacit� � partager avec les autres, sa sensibilit�, et pour sa gentillesse, consacrons un moment d�hommage de Paris autour du talent, du message, et aussi de notre fid�lit� � cet homme mort en aimant passionn�ment la libert�, affirmait, le 28 mai dernier, le maire devant le conseil de Paris compos� de l�ensemble des �lus de la ville.
Il a chant� tout haut ce qui rongeait son peuple de l�int�rieur, avec des mots de tous les jours et des formules qu�il puise tant�t dans le patrimoine populaire oral, tant�t dans sa propre inspiration. La puissance de ses textes avait fait dire au caricaturiste Dilem que Matoub �produisait un kabyle nucl�aire �. C�est sans doute cela qui explique l�incroyable amour dont il jouissait aupr�s de pans entiers de la soci�t�, notamment chez les jeunes qui sentaient qu�il exprimait parfaitement leurs frustrations et les injustices qu�ils subissaient. Sa singuli�re proximit� d�avec son peuple de telle mani�re que sa disponibilit� �tait syst�matique et d�une g�n�rosit� telle que la conscience collective en est, � ce jour, marqu�e ind�l�bilement. Ce n�est pas par hasard que dix ans apr�s son assassinat, il reste ind�tr�nable dans les ventes chez les disquaires de toute la Kabylie et au-del�. Ce monopole qui, au passage, amasse bien des fortunes semble �tre, selon des observateurs aguerris, promis � durer encore dans le temps. Aussi, il est l�gion d�entendre aujourd�hui �� et l� des citoyens regretter l�absence de l�alchimiste du verbe devant la d�sorientation et le d�senchantement ambiant que certains exploitent pour se corrompre et vendre leur �me au diable, par cette pens�e qui en dit long : �Si Matoub �tait encore l�, Il n�en aurait pas �t� ainsi. � Aujourd�hui, enfin, il s�agit de marquer une halte apr�s dix ans (d�j� !) sans lui, et de se demander � la lumi�re des �v�nements qui auront marqu� l�apr�s-25 juin : Que reste-il du message et du combat de Matoub ?


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