A la fin du mois de mai 2008 a �t� publi� le rapport de la commission croissance et d�veloppement, commission cr��e en avril 2006 et �paul�e par la Banque mondiale. Cette commission avait pour objet de se pencher sur un ph�nom�ne qui ne s��tait jamais produit avant le milieu du XXe si�cle : depuis 1950, 13 pays ont connu un fort taux de croissance de 7% par an pendant au moins 25 ans d�affil�e. La commission �tait pr�sid�e par le Nobel d��conomie am�ricain Michael Spence (un lib�ral orthodoxe) et compos�e de 19 sommit�s dont un autre prix Nobel Robert Solow, d�anciens chefs d�Etat ou Premiers ministres (l�ancien pr�sident du Mexique, les anciens Premiers ministres du P�rou et de Cor�e du Sud, l�administrateur du Pnud, Kemal Dervis, le pr�sident de Citigroup, le gouverneur de la Banque de Chine ; le pr�sident de l'autorit� mon�taire de Singapour, le gouverneur de la Banque centrale d�Indon�sie, le ministre des Affaires �trang�res du Chili...) Parmi les 13 pays �tudi�s, il y a la petite �le de Malte et le g�ant chinois, un temple du libre-�change comme Singapour et une �conomie tr�s dirig�e comme la Malaisie (les autres pays du groupe sont la Cor�e du Sud, le Japon, l�Indon�sie, Ta�wan, la Tha�lande, le Br�sil, le Botswana, Hong Kong, Oman). Les principales conclusions auxquelles est parvenue la commission sont tr�s int�ressantes � rappeler pour qui r�fl�chit sur les probl�mes du d�veloppement �conomique de l�Alg�rie. Nous en avons d�nombr� dix : 1 - Chaque pays a des caract�ristiques et une histoire propre dont sa strat�gie de croissance doit tenir compte. �S�il existait une seule doctrine de croissance valable, nous l�aurions d�couverte.� Il faut �tre pragmatique et coller aux r�alit�s de l��conomie et de la soci�t� qu�on veut transformer et d�velopper. 2 - Une croissance �conomique rapide et soutenue n�appara�t pas spontan�ment. Elle se fabrique patiemment mais avec d�termination. 3 - La croissance �conomique exige une administration comp�tente, cr�dible et motiv�e. �La croissance r�clame un Etat fort.� Elle exige aussi, pour �tre durable, une planification de long terme. 4 - L�ouverture et l�int�gration � l��conomie mondiale permettent l�importation des technologies et des savoir-faire d�autres pays. Mais elles se pr�parent par une s�rie d�actions appropri�es. Appara�t encore une fois, ici, le r�le de l�Etat. De m�me une politique d�exportations est n�cessaire car les strat�gies de croissance qui reposent exclusivement sur la demande int�rieure finissent toujours par atteindre des limites. 5 - L�exp�rience des pays qui ont r�ussi montre qu�il faut cr�er une technostructure (des �quipes de technocrates) qu�il faut �couver et prot�ger et qui subsiste aux changements politiques. Ces �quipes de technocrates, qu�il faut prot�ger par des lois, assurent une certaine m�moire institutionnelle et la continuit� des politiques de d�veloppement. 6 - Une allocation efficiente des ressources ne peut �tre assur�e que par le march� pour lequel il n�existe pas de substitut efficace connu. Mais le march� a besoin d��tre r�gul� notamment par des institutions qui d�finissent les droits de propri�t�, veillent � l�application des contrats, comblent le d�ficit d�information entre acheteurs et vendeurs. 7 - Ce n�est pas parce que les autorit�s font parfois preuve de maladresse ou se fourvoient qu�elles doivent �tre tenues � l��cart du processus. Au contraire, plus l'�conomie cro�t et se d�veloppe, plus une administration publique active et pragmatique a un r�le crucial � jouer. Mais le r�le de cr�ation de valeurs ajout�es revient au secteur priv�, � l�investissement et � l�entreprenariat. �On peut mesurer la croissance du PIB du haut de la for�t macro�conomique mais c�est dans les sous-bois micro-�conomiques que se prennent toutes les d�cisions, que les nouvelles pousses germent et que les bois morts sont d�blay�s.� Tout se joue dans l�entreprise ! 8 - Aucun pays n�enregistre de croissance forte et durable sans maintenir un taux extr�mement �lev� d�investissement public dans l�infrastructure, l��ducation et la sant�. Loin d��vincer l'investissement priv�, ces d�penses l�attirent. 9 - Une politique de croissance forte et durable exige des syst�mes de protection sociale qui assurent une source de revenus aux personnes � la recherche d�un emploi et garantissent un acc�s permanent aux services de base. En l�absence de ces politiques de protection sociale, la strat�gie de croissance s��moussera rapidement. 10 - La croissance doit, dans une mesure toujours plus grande, proc�der du savoir, de l�innovation et de la diversification du stock de capital physique et humain. Les services aussi gagnent une place grandissante dans l��conomie. Les gouvernements doivent d�velopper l�enseignement sup�rieur et relever le niveau de comp�tences sur l�ensemble du spectre des emplois. Dix-neuf experts de renomm�e mondiale, deux ann�es de travail, une multitude d�exp�riences de d�veloppement �tudi�es : une certitude : il n�y a pas de �miracles �conomiques�, il y a une croissance vigoureuse et durable qui peut �tre expliqu�e. Elle exige de r�unir des conditions, de faire les bons choix, d�avoir de la d�termination et surtout d�appliquer la m�thode des �trois D� : diagnostic-dialogue-d�cision. Si l�on devait �valuer la politique �conomique alg�rienne en �uvre actuellement � la lumi�re des r�sultats obtenus par la commission de Spence et Solow on peut retenir la grille suivante. Plan de relance I et II : oui Attractivit� : beaucoup reste � faire
Fragilit�s � corriger :
� Education � Qualit� de la formation des agents de l�Etat � S�curisation des cadres technocrates (Stabilit�, protection juridique et r�mun�rarttion) � R�orienter les interventions de l�Etat