Le pr�sident de la R�publique pourrait r�unir les maires d�Alg�rie prochainement. L��v�nement ne doit pas �tre que symbolique. L�enjeu du d�veloppement local est consid�rable. La fin de la d�cennie 1980 a �t� marqu�e, pour l��conomie alg�rienne, par une lourde crise financi�re. Les entreprises en ont souffert mais aussi et surtout nos territoires, notre d�veloppement local. La d�t�rioration de la qualit� de vie des Alg�riens a �t� importante : sous-�quipement des communes, d�gradation importante des infrastructures de base existantes, d�t�rioration du service public, retour des �pid�mies et propagation des maladies infectieuses. Face � tous ces probl�mes dont souffraient les Alg�riens, les communes sont rest�es impuissantes car d�pourvues de moyens d�action et les retards dans l��quipement des communes se sont accumul�s. Les plans de relance I et II trouvent ici leur pleine justification puisqu�ils visent avant tout � rattraper les retards d��quipement du pays. On sait que les actions de l�Etat et de ses d�membrements s�appr�cient d�abord aux effets de proximit� qu�elles produisent, c�est-�-dire � l�impact qu�elles ont sur les conditions de vie des Alg�riens. Bien �videmment, dire cela ne permet pas de confondre plans de relance et politique de d�veloppement local. Celle-ci est une question assur�ment plus complexe. Nous avons d�j� eu en plusieurs occasions � rappeler que la relance de la dynamique �conomique passe par la r�habilitation de l�entreprise. Il nous faut ajouter aujourd�hui que cette dynamique �conomique passe aussi par l�impulsion qui doit �tre donn�e au d�veloppement local et r�gional. Et aux yeux des Alg�riens, le d�veloppement est d�abord local. Dans ce domaine, force est de constater que la d�marche qui a pr�valu jusqu�� maintenant n�a pas �t� coh�rente, ni structur�e, ni donc efficace. Le d�veloppement local soul�ve quatre questions au moins qui n�cessitent d��tre clarifi�es avant toute mise en �uvre d�une politique efficace dans ce domaine. 1) La premi�re a trait au niveau territorial o� situer le �local�. Le niveau de la commune semble le mieux � m�me de r�pondre � la d�finition du �local� mais, et le dernier d�coupage territorial ne nous contredira pas, il est tr�s difficile, dans beaucoup de cas, de pouvoir r�unir au niveau de la commune toutes les conditions de mise en �uvre d�un programme de d�veloppement local : les ressources humaines et financi�res sont largement insuffisantes et dans beaucoup de cas absentes, les potentialit�s � valoriser sont rares, les infrastructures de base inexistantes. De son c�t�, le niveau de la wilaya comporte le risque de mettre une distance entre d�cideurs et acteurs du d�veloppement local que la d�marche �d�centralis�e � cherche pr�cis�ment � �viter. Combien de fois les d�cisions des instances de la wilaya se sont av�r�es inappropri�es et inopportunes pour la commune concern�e ? Il y a l� un premier probl�me s�rieux � r�soudre : r�partir de mani�re judicieuse les pr�rogatives, la d�cision, et les moyens entre les deux niveaux que sont la wilaya et la commune en s�appuyant sur l�exp�rience accumul�e dans ce domaine. Nous sommes l� en pleine r�forme de l�Etat. 2) La deuxi�me question que soul�ve la probl�matique du d�veloppement local est celle qui a trait � l�encadrement humain des collectivit�s locales. L�encadrement humain capable de conduire le programme de d�veloppement local existe-t-il � l��chelon qu�il faut ? Il est ind�niable que si les wilayas disposent pour la plupart d�entre elles de quelques personnels comp�tents techniquement, ce n�est g�n�ralement pas le cas des communes qui sont d�pourvues du personnel n�cessaire � la conduite d�un programme de d�veloppement coh�rent de la commune : ing�nieurs, �conomistes et autres urbanistes et sp�cialistes en am�nagement du territoire font cruellement d�faut. Le paradoxe n�est pas mince lorsqu�on sait que ces personnels sont disponibles sur le march� du travail (quelque 500 000 dipl�m�s de l�enseignement sup�rieur sont aujourd�hui en qu�te d�un emploi !) 3) La troisi�me question que soul�ve le d�veloppement local est celle relative � l�assise financi�re de ce d�veloppement. En l�absence de ressources � et souvent dans l�impossibilit� d�en g�n�rer en l��tat actuel de l�organisation de nos finances publiques � quel esprit d�initiative et d�innovation la collectivit� locale de base pourrait-elle apporter � la recherche de solutions aux probl�mes dont souffrent les citoyens ? L�assise financi�re, tout comme l�encadrement humain constituent des pr�alables � une bonne politique de d�veloppement local. 4) La quatri�me question concerne le syst�me d�information statistique. Nous savons que les �chelons locaux ne disposent pas de syst�mes d�information statistique locale ni m�me r�gionale pourtant indispensable � la gestion de leur d�veloppement. Comme on peut le constater, le d�veloppement local est une entreprise complexe et c�est en fait l� que les citoyens sentent � ou ne sentent pas � qu�il y a progr�s dans leurs conditions de vie. Dans ce domaine, en Alg�rie, trois actions nous semblent prioritaires : 1) construire et faire �merger des centres locaux de d�cision ; 2) valoriser au mieux les sp�cificit�s locales ; 3) lib�rer l�initiative des ressources humaines disponibles et renforcer l�encadrement des communes. Il nous faut rappeler aussi que le d�veloppement local ne doit pas se faire au d�triment de la coh�sion nationale. Il doit alors : 1) int�grer les contraintes du d�veloppement national ; 2) s�inscrire dans le cadre des choix en mati�re d�am�nagement du territoire ; 3) concilier dynamique locale et objectifs nationaux. On devrait ainsi s�acheminer vers la cons�cration du d�veloppement local par la mise en place d�une structure �tatique de haut niveau charg�e du d�veloppement et de l�am�nagement des territoires. Une telle structure signifie consacrer des comp�tences, des ressources financi�res, un pouvoir de d�cision au d�veloppement local quand on conna�t les taux de r�alisation des �normes efforts consacr�s par l�Etat � l��quipement du pays (30%) et le rattrapage en infrastructures de base dont ont si besoin nos communes, mettre en place une structure gouvernementale enti�rement consacr�e au d�veloppement local ne serait assur�ment pas superflu.